Journalistes, cadres, qui représentons-nous sur Twitter ?
Contrairement à Facebook, Twitter a pour vocation de rendre son utilisateur public et visible. Ils partagent leurs opinions a quiconque visite le profil de l’intéressé.
Alors quand les journalistes et les responsables débarquent en masse sur Twitter, tout le monde est en droit de se demander s’ils viennent sur Twitter en leur nom ou au nom de la société ou journal pour lequel ils travaillent. Cette question recèle de nombreuses pistes encore peu exploitées et les actions se font de plus en plus attendre. En effet, de l’affrontement interentreprises aux procédures judiciaires pour diffamation en passant par des conflits d’opinion, les twittos ne savent plus où donner de la tête. Les tweetclashes (affrontements sur Twitter) pullulent et il est complexe de distinguer une frontière entre l’avis personnel et l’avis professionnel.
Se la jouer en solitaire ou non ?
La valeur donnée aux propos d’un salarié ou d’un journaliste sont difficiles à appréhender, il n’est pas toujours aisé de savoir à quel titre le twittos s’exprime. La frontière en viendrait presque à disparaître dès lors qu’il s’annonce directeur marketing chez AMD ou journaliste chez Libération.
Dans cet amas de twits émergent quelques conflits croustillants, le 6 octobre, le responsable marketing AMD, Ian McNaughton, critique les relations entretenues par le concurrent NVidia avec les développeurs de jeux vidéo. Relations qui favoriseraient les performances des produits du Caméléon au détriment d’ATI. Le tout avec un exemple à la clé, celui de Batman Arkham Asylum sorti il y a peu. La réplique d’Igor Stanek, qui occupe un poste similaire chez NVidia, ne s’est pas fait attendre et rapidement, le tout a fini dans un conflit au goût amer.
Les journalistes ne sont pas en reste et quand Raju Narisetti, rédacteur en chef au Washington Post suggère à un sénateur de 91 ans hospitalisé de se retirer de la vie politique, ses collègues ne tardent pas à s’esclaffer et oblige la direction du canard à prendre des dispositions drastiques. C’est vrai quoi, quelle idée d’exprimer sa pensée ?
Mais ces cas ne sont plus isolés et sont de plus en plus fréquentes, les propos d’Obama repris à tout va, l’affaire Polanski, la réélection du président allemand etc. Je peux vous dire que Twitter en brasse de l’information.
Faire tout basculer en seulement 140 caractères.
Si l’influence sur l’image de marque ou sur la réputation de chacun reste faible, la peur subsiste pour les directions de journaux ou de sociétés. Une journaliste culinaire prend parti pour une affaire politique et elle devient aussitôt l’électron libre qu’il faut apaiser, alors si cela va à l’encontre de la ligne éditoriale on ne rechigne pas à censurer.
Journalistes, cadres, ce n’est pas tous les twittos effectivement mais les bloggeurs aussi ont besoin de gueuler un bon coup sur Twitter , hier soir, j’ai eu l’occasion d’assister à la débâcle d’un camarade après s’être énervé sur un twittos qu’il suivait, l’accusant de pratiquer du spam. Son nombre de followers a alors fondu comme neige au soleil.
Le troll des montagnes débarque lui aussi sur Twitter ?
Contrairement à ce que l’on voit habituellement sur Internet, le troll des montagnes ne sort pas de sa grotte pour lâcher ses propos cinglants. Sur Twitter, il s’agit d’un twittos tout ce qu’il y a de plus normal jusqu’au jour où il se transforme dans une vague de tweetclashess. Plus Twitter a d’utilisateurs, plus le risque de lire un troll bien poillu sorti de nulle part augmente. Quelle valeur donner à ce genre de propos ? Faut-il en tenir compte comme certains ont décidé d’unfollow à la première bavure ?
Les moyens mis en place.
Plutôt que répondre à cette question, on essaye de ne pas avoir à se la poser. Choix judicieux, encore faut-il trouver comment maîtriser les flux de twits. Le Washington Post n’a pas fait miroiter ses journalistes longtemps, ils n’ont désormais plus le droit d’exprimer leur opinion sur Twitter. Avec un tel système aseptisé, j’ai l’impression de suivre les médias normaux.
Le second moyen entre alors en piste ! Prendre le twittos au berceau, certaines universités américaines proposent désormais des cours sur les réseaux sociaux. Si cela pouvait faire sourire il y a quelques mois, le sérieux du sujet s’accroit parallèlement aux « incidents ».
Je suis certain que d’autres moyens plus ou moins radicaux vont apparaître, pourquoi pas une coupure d’Internet pendant six mois lorsque l’on est flashé à exprimer son opinion sur le réseau social ?