Printemps de Bourges 2009

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Fini, vous avez dit fini ? Et bien oui, une semaine de Printemps et voilà que les stands plient bagages. Les installations sont lentement démontées et certains pensent déjà au trente-quatrième Printemps de Bourges qui aura lieu du 13 au 18 avril 2010. Même Erwan18 n’en revient pas et se languit déjà de ce Printemps. Après cinq jours intenses de musique, retour sur une semaine pleine de rebondissements, de joies mais aussi de déceptions. Un grand remerciement à Renaud Mavré alias Erwan18 pour tout le travail qu’il a apporté pour que gameraddict.fr puisse lui aussi parler du Printemps de Bourges.
Printemps de Bourges 2009
Le Printemps de Bourges 2009 est terminé, tout le monde a plié bagages et pourtant, nous continuons de nous souvenir de ce Printemps qui aura profité d’un très beau temps avant de finir sur une pluie torrentielle. De nombreux concerts, officiels, dans les bars, en extérieur, des spectacles de rue et les habituels kebab et autre bar temporaire. On a retrouvé tout le monde, même le pirate. Rendez-vous l’an prochain pour le trente-quatrième Printemps de Bourges, du 13 au 18 avril 2010.
En attendant, retrouvez grâce au menu tous nos articles sur le Printemps 2009 avec la généreuse participation de Renaud Mavré, correspondant du Printemps de Bourges.
[tab: Mardi 21 avril]

Le plan du Printemps de Bourges

Les conférences du premier MaMA, rencontre des acteurs professionnels européens du monde de la musique, qui avaient commencé lundi soir se terminent aujourd’hui. Mais les showcases sont finis depuis hier soir. Le tout s’est déroulé dans quatre lieux différents : Le 22 Est, le 22 Ouest, le Magic Mirrors et l’Auditorium, il a fallu faire des choix. Après écoute des extraits disponibles sur le MySpace de chacun, j’ai choisi ces artistes…

  • Belle Roscoe au Magic Mirrors : Pop-folk et country proposées par deux superbes jumelles australiennes et leur frère, deux belles voix, des rythmes entraînants et une belle présence sur scène. Leurs compositions raffinées font parfois penser à Fleetwood Mac.
  • Montgomery au 22 : Solide formation pop-rock sur base électro originaire de Rennes, jeu très solide, voix trafiquées et de l’énergie à revendre.
  • Emma Daumas à l’Auditorium : Pur produit de la Star Academy, Emma a bien évolué et vole depuis un moment de ses propres ailes. Des paroles légères sans trop d’engagement mais des bonnes musiques. Les musiciens assurent ! Les arrangements sont agréables à écouter, elle a sa place sur la scène de la chanson française autant que bien d’autres artistes en vue.
  • Syrano au 22 : Très bonne surprise, beaucoup mieux en live que sur MySpace. Une formidable prestation sur scène et les textes, souvent poétiques, ont du sens. Les musiques sont très bonnes et oscillent carrément du rap à la musette. Que dire de son duo avec son acolyte chanteur à part qu’il fonctionne parfaitement.
  • Kim Novak au Magic Mirrors : Leur rock brut façon 80’s n’est pas mauvais en soi, mais semble très classique et cent fois entendu par rapport aux autres artistes de cette soirée.
  • SayCet à l’Auditorium : Mon coup de cœur de la soirée ; deux femmes et un homme, cachés dans la pénombre, chacun devant un ordinateur portable, qui avec une guitare et un clavier, ont tissé pendant trente minutes des nappes extraordinaires de sons et de bruits électroniques harmonieux et relevés par la belle voix d’une des musiciennes. Le tout habillé par des projections visuelles sur des supports blancs (boule, tissus et écran).
  • Molécule au 22 : Trente minutes d’énergie pure, face à un maître des boîtes et boutons électroniques, un batteur surpuissant et un chanteur habité ; reggae, dub et drum’n’bass à fond, qui a réussi à réveiller la maigre assemblée.
  • Ben’Bop au 22 : C’est un groupe de world music par excellence composé de quatre musiciens (dont le violoniste de Louise Attaque) et de deux chanteurs sénégalais issus de No Bluff Sound, il délivre une musique bourrée d’énergie, passant allégrement du rock au ragga en passant par le hip-hop, voire parfois le punk. Les deux voix se répondent et se mêlent parfaitement, en Français, en Anglais et parfois en Wolof, abordant des thèmes aussi bien légers que graves.
  • The Sugar Plum Fairy au 22 : Déjà vu lors d’un showcase offert par le Crédit Mutuel, ils offrent une pop électro, leur musique lente, riche, est presque envoûtante. La voix du chanteur souligne souvent le côté mélancolique des morceaux et le bassiste a une vraie présence sur scène.
  • The Experimental Tropic Blues Band au 22 : Formation belge déjantée, deux guitaristes et un batteur. Leur punk-rock explosif reste assez basique, mais le côté « bombe atomique » de leur show est stupéfiant. La musique est jouée à fond et avec conviction. L’un des chanteurs a d’ailleurs fini dans la fosse, jouant avec les spectateurs tout en hurlant dans son micro.
  • MaJiKer à l’Auditorium : Avec cet artiste qui a beaucoup travaillé avec Camille notamment sur son album « Le fil » on embarque pour une bulle musicale très spéciale, voire magique. Seul en scène, devant un petit ordinateur et un piano à queue, il crée des univers sonores en y mêlant des bruits anatomiques, en frappant sa gorge ou son torse. Ses chansons sont finement travaillées, délicates et donnent envie d’en écouter encore plus à chaque fois. Notons qu’il est accompagné par une artiste qui danse, mime et anime un petit pantin au rythme de la musique.
  • Zong au 22 : Seconde bonne surprise de la soirée. Leur musique électro-pop très riche, naviguant du rock au drum’n’bass, voire au maloya qui est une musique traditionnelle réunionnaise, force à danser. Le tout est emporté par la charismatique chanteuse qui donne son âme au groupe.
  • Nelson qui a remplacé Sunshine était au 22 : Leur rock pur et dur semble moins riche et innovant que les autres acteurs de cette seconde soirée, ce qui n’enlève rien aux quatre musiciens polyvalents et interchangeables aux instruments, y compris le batteur.
  • Slimmy à ne pas confondre avec Sliimy était lui aussi au 22 : deux guitaristes et un batteur, ce dernier était derrière une petite batterie électronique. Tous, habillés de façon provocante, style « emo », délivrent un rock pur et puissant, dépouillé de tout artifice, mais néanmoins riche et varié. Bon jeu de scène, musiciens assurés, un bon moment rock.
  • Longital à la place de Zzz encore une fois au 22 : Arrivé de Bratislava au pied levé, ce duo dépouillé sur scène n’a rien de minimaliste dans sa musique. On trouve un guitariste qui utilise souvent un archet et une bassiste chanteuse, aidés d’un MacBook et d’un ordinateur du futur (Xi Di Nim), ils délivrent une musique électro-pop étonnamment riche et créative, voire poétique, qu’on écoute en se laissant emporter par chaque morceau et en regrettant qu’il finisse déjà. La voix grave de Shina Lo, la chanteuse, est littéralement envoûtante. Leur dernière chanson clôt de façon parfaite le premier MaMA à Bourges.
  • Le seul regret au cours de ces deux superbes soirées fut de voir aussi peu de monde assister à ces show-cases. Comme si les « professionnels de la musique » préféraient boire et manger aux frais du Printemps plutôt que d’écouter d’excellents groupes novateurs et sincères.

    [tab: Mercredi 22 avril]

    Concert du théâtre Jacques Cœur

    Hier, mercredi, a eu lieu au théâtre Jacques Cœur le premier concert d’Émily Loizeau. Invitée toute la semaine, elle est en résidence en ce lieu pour une nouvelle création : elle est la seule artiste à s’y produire et peut répéter comme elle le souhaite.


    La première partie était assurée par le duo Mansfield Tya, formée de deux jeunes femmes habillées de noir, multi instrumentistes et interchangeables aux instruments : piano, guitare, violon, basse et batterie. Leurs compositions ont beaucoup de caractère, ce sont des petites pièces plutôt rock où les textes et la façon de les chanter ont autant, sinon plus, d’importance que la musique. Tantôt légères, tantôt graves, tantôt franchement barrées, à la limite de l’improvisation, leurs chansons conquièrent rapidement le public qui leur adressera des applaudissements nourris. Elles donnaient l’impression de jouer chez elles et que nous avions poussé la porte de leur studio pour les entendre jouer.

    Après une transition un peu longue, sur fond de bruits de nature (oiseaux, cascades et pluie), quatre musiciens entrent en scène, suivis d’Émily Loizeau. Juchée sur une estrade elle attaque avec un blues entraînant, accompagnant la musique en dansant, pieds nus. Sa musique est très riche, ses musiciens sont excellents, en particulier le violoncelliste, Olivier Koundouno. Il tire des sons étonnants de son instrument, souvent sans archet et avec ses mains. Émily fait partie de ces artistes qui ne se contentent pas d’interpréter des chansons les unes à la suite des autres mais qui tissent un univers sonore riche et personnel, invitant le spectateur à un véritable voyage musical. Par exemple il n’y a jamais de silence entre les chansons : à peine les applaudissements retombés, les musiciens tirent des notes de leurs instruments pour faire le lien entre les différentes chansons. Les rythmes de ses chansons les plus enlevées sont nettement d’inspiration tribale, voire indienne. Ses textes sont parfois crus, souvent poétiques, font appel aux contes de fées ou à la vraie vie. Émily interprète aussi des superbes balades blues, indifféremment en français ou en anglais (son père est français et sa mère est britannique). Et sa voix est un instrument à elle seule. Elle n’hésite pas non plus à discuter après chaque chanson. Avec beaucoup d’humour, elle interpelle la salle ou se moque de ses musiciens, et du coup le contact avec le public, pourtant assis, s’établit rapidement. Pianiste de formation, elle joue la plupart du temps sur un piano droit dont le cadre a été enlevé, laissant voir les entrailles de l’instrument. Elle interprète deux chansons en duo, une belle romance avec Piers Faccini et un blues magnifique avec le burkinabé Victor Démé, qui fait passer un frisson sur le public. Après cette chanson Émily Loizeau semble d’ailleurs très émue. Pour le final sur scène, Mansfield Tya rejoint le quintet. Mais après que la salle soit rallumée, et pour répondre à une standing ovation qui lui est faite, Émily revient, s’assoit au bord de la scène, entourée de ses musiciens, et finit avec plusieurs chansons en acoustique. En particulier une chanson d’amour morbide très drôle, « La concession » et une reprise superbe de « Sweet Dreams » d’Eurythmics. Après presque deux heures de spectacle devant une salle conquise, la belle s’éclipse définitivement. Ce concert entre directement dans la liste de mes meilleurs concerts au Printemps de Bourges.

    Ambiance sur le Printemps de Bourges

    Pierrick : Pendant qu’Erwan18 faisait son p’tit tour du Printemps et les concerts, je suis allé prendre quelques photos durant l’après-midi. Une bonne nouvelle déjà, c’est que ce Printemps de Bourges 2009 aura profité d’un très beau temps bien qu’il y ait une potentielle dégradation du temps à partir de samedi prochain. La météo faite, parlons un peu de l’ambiance générale du Printemps de Bourges. On a toujours droit aux fidèles stands qui ne changent quasiment pas et à de nombreuses scènes ouvertes. Un petit regret néanmoins, c’est que le centre-ville bouge très peu au niveau des concerts, on a toujours les bars qui proposent des artistes amateurs comme à l’accoutumé mais les rues sont plus désertes que d’habitude. Dommage. Mais voici quelques photos prises en parcourant le Printemps de Bourges…





    [tab: Jeudi 23 avril]

    Concert de l’Auditorium

    Hier soir j’ai assisté à une soirée comme je les aime : des styles très différents, bien qu’à dominante folk, une acoustique parfaite… et des artistes uniquement féminines. Face aux concerts avec Dagoba, avec Arthur H et à la cathédrale, la concurrence était rude et du coup l’Auditorium était à peine à moitié plein.


    Essie Jain ouvre la soirée. C’est une frêle jeune fille blonde, au piano et à la guitare, accompagnée d’un guitariste, dont la voix est sublime. En héritière directe de Joni Mitchell ou Cat Power, elle joue des balades mélancoliques résolument folk, aux mélodies travaillées. Sa musique et sa voix résonnent parfaitement dans un Auditorium silencieux. A deux reprises elle se dit heureuse de nous faire écouter ses chansons sur un vrai piano de concert, plutôt que sur un clavier électronique. Essie nous offre une parenthèse de calme et de douceur au milieu du tumulte du Printemps.


    Après une longue attente de vingt minutes, le concert commence à l’heure et entre en scène Frida Hyvönen et ses deux musiciennes, toutes les trois moulées dans un collant noir, rehaussé de froufrous dorés. Frida ne joue que du piano, épaulée par une fille à la batterie et une autre au violoncelle et à la guitare. Ici pas de balades intimistes, mais une pop symphonique pleine d’énergie, entrecoupés de commentaires humoristiques en anglais. Des textes mordants, une belle voix puissante, Frida est loin des stéréotypes des chanteuses nordiques à la Björk.


    Toujours après vingt minutes d’attente, changement radical de registre avec Larkin Grimm. Sur la scène dépouillée à l’extrême entre calmement une jeune femme en stricte robe blanche à pois, sa guitare à la main. Ex-hippie ayant abandonné Yale, nomade autour du monde, vivant souvent sous une tente, cette jeune femme dégage une personnalité extraordinaire, debout, seule sur une scène vide. Ses chansons parlent de la pauvreté, de la solitude, de la nature, et prennent aux tripes par la force et la plasticité de la voix qui les porte. Larkin joue de sa voix comme d’un véritable instrument. J’ai pensé tout de suite aux voix bulgares, ces voix qui se passent d’instrument. Délaissant la guitare pour une chanson, elle prend un dulcimer. Ses musiques ont certainement été influencées par les peuples qu’elle a rencontrés. En résumé, une grosse claque musicale.


    Enfin Sophie Hunger, la plus connue des artistes de cette soirée, entre sur la scène, qui s’est considérablement remplie d’instruments. Épaulée par quatre musiciens, dont un excellent tromboniste qui joue souvent en duo avec elle, elle commence aussi au piano par une balade soul à la limite du jazz classique. Alémanique, elle chante en suisse allemand et en anglais. Sa palette musicale est plus large, elle navigue de la soul au folk en bifurquant vers la country et un rock élégant et sophistiqué, soulignés par le trombone, joué essentiellement avec sourdine. Sophie alterne le piano et la guitare sèche et électrique. Plutôt introvertie, elle s’essaye au français pour prendre contact avec le public. Ses musiques sont agréables, riches et mélancoliques à la fois. Au final, après que la salle soit rallumée, et sous les applaudissements, elle revient avec ses musiciens s’asseoir en bord de scène et nous offrir une dernière et jolie balade folk acoustique.

    Un tour sur le Printemps de Bourges

    Pour terminer je voudrais citer un très jeune groupe de rock que j’ai entendu rue d’Auron et qui m’a scotché par sa maîtrise aux instruments. Un garçon de 13 ans à la batterie, un de 13 ans à la basse, un de 17 ans à la guitare et une fille de 17 ans, bourrée d’énergie, au chant : ils s’appellent les « Little Frenchies » et sont très demandés dans Bourges et les alentours.
    Enfin, voici quelques photos prises durant ma journée de Printemps…

    [tab: Vendredi 24 avril]
    L’après-midi a commencé par un concert sur la scène gratuite de la région Centre, avec le groupe de Phil Herisson. Auteur, compositeur, poète et acteur, celui-ci propose des chansons à texte sur une musique bien fournie et rythmée. Il est accompagné par un guitariste, un bassiste, une chanteuse à la voix presque lyrique et une batteuse impressionnante. Leur musique rock se regarde autant qu’elle s’écoute.

    Concert au Palais d’Auron

    Ensuite je suis allé à l’un des concerts les plus attendus, complet depuis longtemps, avec Charlie Winston. Suite au décès d’Alain Bashung ce concert a été déplacé de l’Auditorium au Palais d’Auron. C’est dommage car je suis persuadé que la musique de Hugh Coltman et de Charlie Winston se seraient mieux accommodée de l’acoustique de l’Auditorium.


    En première partie se produit Sliimy (à ne pas confondre avec Slimmy), que je considère comme un concept marketing dans l’air du temps. Sa musique pop acidulée n’est pas mauvaise en soi mais son maniérisme, son look et son attitude faussement amicale n’ont pas leur place dans une telle soirée, à mon avis. Sans parler des trois musiciens, simples tâcherons au service de la star Sliimy. Reste que la ribambelle de très jeunes gamins présents dans la fosse ont dû passer un excellent moment.

    Ensuite vient Hugh Coltman, que je ne connais pas du tout. Tout de suite sa voix exceptionnelle me séduit. Épaulé par deux excellents guitaristes, un batteur et un claviériste, il chante surtout du blues et de la soul, mâtinés de jazz, voire de pop, et parle parfaitement français. Ancien membre de The Hoax, où il a touché à beaucoup de styles musicaux, y compris le hip-hop et le krautrock, il admire depuis longtemps John Coltrane et, comme lui, joue maintenant une musique construite et riche de façon très naturelle. Il passe allégrement de chansons calmes à d’autres où il gesticule tout au long de la scène. Enfin la complicité avec ses musiciens est évidente et participe du plaisir que je retire à l’écouter.

    Enfin la star de la soirée entre en scène, élégamment vêtu de clair, gilet et chapeau blanc compris. La fosse s’est considérablement remplie et la foule l’acclame dès sa première chanson. Tout de suite le charme de Charlie Winston opère : il chante bien, il a de la classe, il sourit et lui aussi paraît très complice avec ses musiciens. Sa voix est moins cristalline que celle de Hugh Coltman, mais il montre bien plus d’énergie sur scène. Dansant, virevoltant, toujours avec élégance, il conquiert le public dès la première chanson. Ses influences viennent nettement de la soul, du blues et du folk, et ses chansons sont entraînantes, font du bien et donnent envie de chanter avec lui. Paroles parfois humoristiques, mélodies et arrangements travaillés, les talents de cet homme sont réels. L’une après l’autre on reconnaît des chansons entendues ici ou là, jusqu’au tube planétaire, « Like a hobo », qui déclenche un véritable délire dans le public. Il faut dire que cette mélodie, déjà entraînante sur disque, dégage une énergie irrésistible sur scène. Impossible de ne pas remuer ni chanter en choeur avec Charlie Winston. Son humour et sa sincérité, qu’on veut croire réelle, achèvent de rendre cet artiste très attachant. Sans oublier que Peter Gabriel l’a remarqué dans son studio RealWorld, au point de l’emmener en tournée avec lui.

    Quelques photos du Printemps de Bourges




    Promenade sur le Printemps

    Pierrick : Encore hier, en fin de journée, j’ai eu l’occasion d’aller traîner sur le Printemps de Bourges, le Centre-ville était plus vivant que mercredi dernier, ouf ! Y retournant ce soir, j’espère que le temps va s’améliorer (pluie) et qu’il sera à nouveau comme hier. Le Printemps de Bourges reste néanmoins, toujours aussi agréable à arpenter même avec un hélicopter au dessus de nos têtes !







    [tab: Samedi 25 avril]

    Concert dans la salle du Duc Jean

    Pour ce dernier jour de festival payant je fais le grand écart en matière de styles musicaux. Dernier jour particulièrement pluvieux et frais, il y a longtemps qu’il n’avait pas plu autant et si longtemps au Printemps.
    En début d’après-midi, direction la salle du Duc Jean, dans les locaux appartenant au Conseil Général du Cher. C’est curieux de voir cette magnifique salle médiévale transformée en lieu de concert. La première à entrer en scène est Luciole, accompagnée d’un percussionniste et d’un contrebassiste. Elle déclame surtout du slam, sur fond musical léger, avec une sincérité et un enthousiasme qui font plaisir à voir. Elle s’essaye aussi à de la chanson plus conventionnelle et reçoit un bon accueil du public. Championne de France de slam à 19 ans, Luciole fait beaucoup de théâtre, ce qui transparait sur scène et qui donne un côté très vivant à ses chansons.


    Ensuite arrive la jeune artiste montante canadienne Cœur de Pirate, alias Béatrice Martin. Connue grâce à son MySpace, son talent à rapidement fait le tour du web. Toute blonde, toute frêle, habillée de façon sexy et ne cachant pas ses tatouages colorés (de pirate ?), elle s’installe seule face à son Roland RD 700 et nous livre trente minutes de jolies chansons très personnelles, parlant des sujets de sa génération et de son âge. Lorsqu’elle s’adresse au public, on sent une forte personnalité, malgré son jeune âge. En guise de rappel, elle reprend « Les bords de mer » de Julien Doré. Sa voix a un timbre touchant, rehaussé par son léger accent québécois. Elle m’a tout de suite fait penser à Soko, autre jeune artiste passée à l’Auditorium en 2008. Un bien joli moment.

    Et enfin arrive La Grande Sophie, attendue par tout l’auditoire. Entourée d’un pianiste, et multi-instrumentiste, d’un percussionniste et d’une violoncelliste, elle chante des chansons oscillant du rock au jazz, de sa belle voix chaude. Le regard planté dans le public (qu’elle voit grâce à l’éclairage), elle dégage une énergie et une assurance étonnantes. Guitare, vibraphone, percussions, trompette, piano, violoncelle, les nombreux instruments tissent des musiques riches et entraînantes. Elle chantera aussi une superbe reprise de Barbara, « Dis quand reviendras-tu ? », et une belle valse. « Quelqu’un d’autre » ou « Du courage », déjà très jolies sur disque, prennent une magnifique ampleur en live. Sophie communique bien avec le public, allant jusqu’à descendre de scène pour parcourir les allées. Par contre elle ne fera pas de rappel, remontant juste sur scène pour remercier.

    Une soirée au Phénix

    Le temps de préparer mon sac à dos pour affronter une longue nuit sous le Phénix, j’arrive sur place un peu avant 20h00. Il y a encore relativement peu de monde. Les horaires de passage sont placardés un peu partout mais à cause de la pluie incessante ils sont chamboulés. Étienne de Crécy passera du coup sous le Phénix et non plus à l’extérieur. Un passage entre les deux salles a été aménagé par le parking, bordé pour l’occasion de guérites proposant nourriture et boissons. Le haut du Phénix est décoré par d’énormes boules à facette, et j’aperçois effectivement le cube d’Étienne de Crécy sur la scène.


    Lorsqu’Izia attaque, je suis devant la scène au troisième rang. Tout de suite la fille d’Higelin, à peine 19 ans, met le feu dans le public. Digne héritière de Janis Joplin ou de Patti Smith, elle est une authentique rockeuse, branchée sur le 10 000 volts ! Elle dégage une énergie et une audace énormes et sa voix est juste. Une bonne entrée en matière pour la partie rock de Rock’n’Beat.

    Je reste ensuite pour Sporto Kantes, que je ne connais pas. Le chanteur arrive sur scène habillé très classe, long cigare à la bouche. Leur style ressemble à un mélange d’electro, de hip-hop et peut-être même de drum’n’bass, avec parfois des sonorités jazzy. Le tout joué avec décontraction et humour. J’aime bien.

    Toujours au Phénix arrivent The Ting Tings. On est plus dans le rock mais pas encore dans l’electro pure. Ici on est face à une electro-pop très efficace, tendance new wave, d’après pas mal de sonorités. C’est sympa, j’aime bien.

    La suite au Palais d’Auron puis retour au Phénix, pfiou !

    Dès la fin de leur set je me précipite au Palais d’Auron écouter Miss Kittin. Changement de style, on arrive à l’electro pure. Sa musique est très froide, très stricte, presque dépouillée, les boucles sont précises. Sa voix aigüe et froide, se mêle bien aux sons synthétiques. Tout d’un coup la musique s’arrête net. On voit Miss Kittin descendre dans la fosse pour prendre une cigarette. Et toujours rien. Le public commence à siffler car visiblement la coupure s’est faite au milieu du set. Après dix minutes de flottement, un technicien vient annoncer que la console du son de façade a carrément grillé et qu’il faut environ vingt minutes pour réparer. En fait il faudra quarante minutes pour rétablir le son, mais Miss Kittin ne revient pas. Je n’ai jamais connu un tel incident en plus de trente ans de concerts. J’apprends par un SMS que Daniel Colling et Christophe «Doudou» Davy, le programmateur en chef du Printemps, quittent précipitamment la conférence de presse pour venir sur place gérer l’incident.
    Du coup c’est Laurent Garnier qui se prépare, mais avec presque une heure de retard. Je ne l’écoute qu’à peine dix minutes car je veux absolument voir Étienne de Crécy. Quand je sors je vois des centaines de personnes bloquées par les vigiles, qui ne laissent entrer dans le Palais d’Auron qu’au compte-gouttes, en fonction des sorties : le fameux problème des jauges inégales entre les deux salles.
    Le fameux cube a été installé sur la scène du Phénix, avec démontage d’un portique de projecteurs car il est très haut. Rapidement Étienne de Crécy attaque et immédiatement le cube se met en mouvement… virtuel : l’animation est assurée au cordeau par un puissant laser qui traverse le Phénix. L’animation, en couleurs, est magique et se marrie parfaitement avec la musique. Le Phénix est plein, l’ambiance est très chaude. J’aime beaucoup, même si mes morceaux préférés sont absents. Et j’aurais aimé entendre la voix féminine présente sur son album.


    Je reste ensuite au Phénix jusqu’à la fin, avec Yuksek, electro, gros beats et chant. Autre représentant de la french touch en electro, ce qu’il fait n’est pas mal mais c’est un poil répétitif. Puis Birdy Nam Nam, mon gros coup de cœur de la soirée. D’ailleurs le public ne s’y trompe pas, le Phénix est plein à craquer, même en fond de salle il est difficile de se déplacer. Un petit problème technique, dû à l’humidité, retarde le show de vingt minutes mais quand c’est parti, c’est parti très fort ! Quatre musiciens sont aux manettes, chacun apparemment spécialisé dans une fonction (boutons ou platines). Ca fonctionne bien, la musique est plus riche que de l’electro pure, les rythmes sont variés, les beats sont puissants. Impossible de ne pas danser sur cette musique, même à 4h00 du matin.
    Enfin les allemands de Digitalism clôturent la nuit, devant un public diminué de moitié après Birdy Nam Nam. Devant un équipement minimaliste, ils font du dance floor pur, de la musique parfaite pour boîte de nuit, ce qu’est devenu le Phénix avec les boules à facettes qui projettent mille éclats et les rescapés qui dansent de plus belle.
    Je jette l’éponge à 5h15, presque à la fin et je rentre sous une pluie diluvienne, au chant des oiseaux réveillés par la foule dans les rues à cette heure presque matinale.

    Et durant tout ce temps, sur le Printemps ?


    Pierrick : Comme un défi que le temps lancerait au Printemps de Bourges, la pluie s’abat sur les visiteurs comme sur les stands, l’air est insoutenable, irrespirable. Ca pourrait faire un bon scénario de film hollywoodien mais il n’en est rien, il s’agit en réalité de ce que nous a réservé la journée de samedi sur Bourges. Un vrai calvaire dans les rues, mes chaussettes n’auront pas supporté, elles sont allées se suicider dans la poubelle après avoir vu dans le miroir qu’elles avaient la couleur de mes chaussures. Mais bref, début de soirée au bar « l’Européen » avec en concert The Wilde Goners, un groupe de rock du coin qui nous l’a fait rock texan ahahahahah ! Le batteur étant un collègue de travail, je me devais de découvrir leur musique et ma foi, ce sympathique rock des fifties fait du bien à nos oreilles et me fait définitivement penser que quelque soit la musique que nous en entendons, à partir du moment où c’est du direct, adoucit les mœurs. Il y a certes quelques exceptions j’avoue. Pour l’occasion, j’ai profité de mon appareil pour vous prendre une petite vidéo du concert durant toute une chanson et même avant, histoire que, si l’on en était pas encore certain, les artistes qui se produisent dans les bars ne sont pas là pour se prendre la tête mais plutôt pour partager un bon moment avec nous ! En témoigne, l’humour avec lequel The Wilde Goners nous a présenté leur album qui a un support CD, et vinyle !

    Ensuite, c’est sous la pluie que nous avons arpenté le Printemps, entre la scène France 4 et la scène Berry, nous avons croisés quelques artistes, voici quelques photos qui se seront bien défendues face à la pluie et la nuit…


    [tab: Dimanche 26 avril]
    Et voilà, encore un Printemps de fini. Un Printemps de la nouveauté avec le premier MaMA, même si les organisateurs tiennent bien à séparer MaMA et Printemps de Bourges, malgré que les équipes et les lieux soient communs. Un Printemps réduit en nombre de concerts. Un Printemps finalement réussi malgré quelques couacs comme la soirée Rock’n’Beat entachée de nombreux problèmes, polémique ridicule autour d’Orelsan, ou encore des showcases du MaMA désertés et une météo catastrophique les deux deniers jours. Un Printemps très musical en ce qui me concerne puisque j’ai assisté à plus de 32 heures de concerts depuis lundi.
    Un mot sur le MaMA dont je ne suis pas sûr qu’il ait été un succès, contrairement aux affirmations officielles devant les journalistes. Sauf pour les restaurateurs de Bourges, ravis d’accueillir ces festivaliers fortunés, apparemment plus attirés par la bonne chair que par les artistes présentés lors des showcases. Mention spéciale malgré tout au « speed-meeting », rencontres express entre artistes et professionnels sur le mode du « speed-dating », qui a été apprécié de part et d’autre.


    N’oublions pas l’émission « Le Fou du Roi », de Stéphane Bern, produite en direct à Bourges depuis quelques années. Ce rendez-vous attire une foule nombreuse, curieuse d’assister à une émission en direct et avide d’obtenir un autographe de Stéphane Bern. Cette année les invités étaient Daniel Colling, fondateur et directeur du Printemps de Bourges, Dominique A, très décontracté, Christophe Salengro, le président du Groland, moins à l’aise, et Iko, alias Laurence Equilbey, la conceptrice inspirée de la soirée « Digital Domain » à la cathédrale. Les intermèdes musicaux étaient assurés par Émily Loizeau et Mustang, groupe auvergnat des Découvertes. Stéphane Bern a bien entendu évoqué la polémique autour d’Orelsan ce qui a permis à Daniel Colling de rappeler que Serge Lepeltier, maire de Bourges, s’était officiellement déclaré opposé à l’ingérence des politiques dans le domaine de la musique. A part ça nous avons eu droit aux chroniques des amuseurs de l’émission, qui ne me tirent pas même un sourire. Bref.

    Dimanche, dernier jour du Printemps, j’ai commencé par résister au blues d’après Printemps, lorsqu’après tant de jours consacrés à la musique, à la foule et à la fête, on voit les structures être démontées, les lieux publics fermer les uns après les autres, les véhicules des radios et des télévisions déserter la ville, sa famille partir en vacances avec le chat. Ensuite je suis allé écouter de nouveau les Little Frenchies à la scène de la région Centre. Mais j’ai renoncé à assister au concert de Vibration car la foule importante avait envahi l’espace devant la scène et remontait même dans les deux allées.
    Si je dois faire un bilan musical de ce trente-troisième Printemps, je retiendrai SayCeT, Molécule, Ben’Bop, Longital, Émily Loizeau, Sophie Hunger, Hugh Coltman, La Grande Sophie, Izia et Birdy Nam Nam.
    Rendez-vous maintenant au trente-quatrième Printemps de Bourges, du 13 au 18 avril 2010.
    Pour terminer je voudrais dire un grand merci à Pierrick pour m’avoir offert un espace sur son site pour parler d’une de mes passions. Je suis très content de cette collaboration.