Jeu vidéo / Assassin’s Creed Brotherhood

Date de sortie
Développeur
Ubisoft Montreal
Éditeur
Ubisoft
Modes de jeu
-
Thèmes du jeu
Action, Aventure

Test : Assassin’s Creed Brotherhood

Assassin’s Creed Brotherhood débarque sur PC cinq mois après sa sortie console. Une sortie différée qui ne change pas des habitudes prises par Ubisoft. Pour se consoler du retard, le DLC narrant la disparation de Da Vinci est compris dans le jeu. Une seule année sépare Brotherhood d’Assassin’s Creed 2, un calendrier aussi rythmé qu’un Call of Duty. Il faut dire que pas moins de quatre équipes Ubisoft étaient sur le coup.

« Vaincre l’hégémonie des Borgia à Rome »

Assassin's Creed Brotherhood - Screenshot 29
Monteriggioni sous le feu

Dans Brotherhood, nous retrouvons le héros d’Assassin’s Creed 2, Ezio Auditore, dans la capitale italienne dominée par la famille Borgia. L’assassin qui avait récupéré la Pomme d’Eden et profitait d’un repos bien mérité dans sa villa monteriggionesi doit reprendre les armes car sa belle cité est attaquée. Une attaque surprise qui vous mène à la défaite, la Pomme d’Eden vous a été reprise, c’est l’heure de la vengeance. Dans ce nouveau volet, toute l’histoire se déroule dans une seule ville, à l’exception de quelques mémoires qui ont lieux sur de petites cartes. Cependant, il n’y a pas de quoi paniquer car Rome s’étend à perte de vue, entre ville et campagne afin de donner un peu de variété dans les décors.

Assassin's Creed Brotherhood - Screenshot 30
Votre vengeance passera par la destruction de ces tours

Pour vaincre la famille Borgia, il faudra libérer Rome de leur hégémonie en employant tous les moyens nécessaires pour fragiliser leur puissance. Il y a d’abord les missions d’assassinats qui vont directement épurer les têtes pensantes des Borgia. Mais il y a aussi un long travail de rénovation de la ville comme c’était le cas avec notre villa dans Assassin’s Creed 2. Désormais, les bâtisses sont éparpillées dans toute la ville et trois d’entre elles vous permettront d’obtenir des alliés dans les rues. Souvenez-vous : les mercenaires, les voleurs et les courtisanes. Partant de là, vous pourrez rénover échoppes, des bâtiments pour l’une de ces trois factions et des monuments, ce qui engendrera une rentrée d’argent non négligeable. En outre, Rome ayant une superficie impressionnante, des réseaux de tunnels sont mis à disposition pour être téléporté d’un point à un autre de la ville, à condition toutefois de les rénover aussi. Enfin, pour confiner encore un peu plus l’ennemi, vous devrez sauver des habitants d’une mort certaine. Ces derniers rejoindront alors la confrérie des assassins.

« Donnez des ordres à vos assassins »

Assassin's Creed Brotherhood - Screenshot 31
La gestion des assassins est faiblarde

C’est l’une des nouveautés majeures de Brotherhood. En tuant les capitaines et détruisant les tours Borgia disséminées dans tout Rome, vous débloquerez des places pour vos assassins. Vous devez donc d’autant plus puissant que les Borgia deviennent d’autant plus faibles. Vos assassins peuvent gagner jusqu’à huit niveaux qui leur permettront de répartir des points dans deux branches : l’armure et l’arme principale. Cela dit, le choix de l’une ou l’autre des deux branches se fait sans conséquence, au final, nous remplissons les deux. N’y voyons donc pas une quelconque gestion de nos hommes. Vous pourrez faire deux choses avec vos assassins. D’une part, les envoyer dans des missions à travers toute l’Europe contre plusieurs milliers de florins par contrat ou parfois, l’obtention d’objets rares qui serviront à remplir les contrats des marchands. Ces derniers contrats permettent de débloquer des armes et des armures dans leurs échoppes. D’autre part, vous pourrez faire appel à eux dans la cité romaine. Cela dit, vous avez les compétences et l’équipement pour vous débrouiller tout seul et vous oublierez souvent que vous pouvez faire appel à vos hommes. Tout dépendra du contexte, quand la situation semble insurmontable ou s’éternise, vous penserez à eux. Si vous commencez votre objectif personnel d’avoir toutes les mémoires synchronisées à 100%, vous penserez à eux. En effet, les missions se composent désormais de deux objectifs, le principal qui est le succès de la mission et un secondaire qui consiste à réussir la mission avec une contrainte particulière : ne pas être détecté, tuer seulement la cible, faire appel à vos hommes, achever votre mission dans un délai imparti etc.

Assassin's Creed Brotherhood - Screenshot 31
Ezio a toujours autant de classe

Mais Ezio travaille seul, son arsenal s’est étendu avec une arbalète et des fléchettes empoisonnées. La première pour des meurtres en toute discrétion, le second pour rendre fou la victime et attirer l’attention sur lui. Le combat, quant à lui, gagne en dynamisme. Les coups s’enchaînent plus vites et Ezio peut désormais envoyer quelques coups de lattes dans les bijoux de famille de sa cible, au point de le mettre à terre. Enfin, le passage d’une cible à une autre après un instant kill est plus rapide et permet d’enchaîner un second instant kill dans la foulée sans trop se prendre la tête. Clairement, les combats sont faciles mais c’est l’objectif recherché, cette saga joue beaucoup sur la fluidité des gestes de son personnage. Aussi bien dans les cascades pour sauter d’un toit à un autre que dans les combats où les animations sont de plus en plus nombreuses au fil des opus. C’est un état d’esprit à avoir. En revanche, nous regretterons la répétitivité des combats qui consistent souvent à contrer l’attaque de l’autre. Ainsi que les phases d’infiltrations qui nécessitait de faire attention aux relèves de la garde, du jour ou de la nuit et d’observer longuement sa cible ne soient pas aussi fréquentes que dans le premier volet. Pouvoir pénétrer un lieu, tuer sa cible et repartir comme si de rien n’était n’est plus vraiment l’un des plaisirs mis en avant dans le jeu, même si Brotherhood est un ton au-dessus d’Assassin’s Creed 2. Ce qui vient compenser une campagne un ton en-dessous.

« Une campagne qui nous en apprend peu »

Assassin's Creed Brotherhood - Screenshot 32
Un char ! Voilà une belle idée de Leonard

En effet, la campagne du jeu qui se fera en une trentaine d’heures en réalisant la plupart des quêtes annexes entre l’histoire de votre rencontre avec Caterina Sforza, les tanières de Romulus qui remplacent les tombeaux d’assassins, les missions confiées par les trois factions, les inventions de Leonard qui vous feront monter dans l’ancêtre du char d’assaut, vous enverra sur les mers et dans les airs, le DLC sur sa disparition qui ajoute huit missions et la rénovation de la ville qui n’est pas une mince affaire. D’ailleurs, nous noterons l’influence sur l’environnement apportée avec les aqueducs, je n’en dirai pas plus mais regretterai seulement que cela ne soit pas plus poussé. L’intrigue principale n’est toutefois pas du meilleur niveau. Si celle-ci se place habilement dans le contexte de la fin du XVème siècle notamment autour du personnage de César Borgia selon les retranscriptions faites par Machiavel (le vrai) et malgré des personnages moins charismatiques que dans le premier jeu. Le scénario en dehors de l’Animus, lui, semble aller à veau l’eau avec une fin inattendue, certes, mais à tel point que la cohérence en prend un coup. Nous verrons ce qu’il en est avec Assassin’s Creed III dont les indices font penser que nous nous retrouverons en pleine Révolution Française. Par la même occasion, nous pouvons noter que le moteur du jeu ne devrait pas changer jusqu’à la clôture de cette trilogie.

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L'ambiance est sans égale ou presque

Ce qui est d’un côté bien dommage. Graphiquement, il arrive à faire encore quelques belles prouesses, notamment dans les lieux intérieurs ou dans la fidélité des monuments. Il affiche une vision lointaine impressionnante. L’animation des rues pourrait rendre jaloux bon nombre de RPG dont Dragon Age 2 récemment testé, les rues fourmillent de détails. Entre les chevaux qui ont désormais investi les rues, les habitants, les commerçants, les pickpockets et les ménestrels toujours aussi insupportables. Ce couple qui observe les étoiles, ce solitaire en train de lire sur un banc, les courtisanes qui invitent les passants à prendre du bon temps avec elle. Le tout avec la possibilité d’utiliser la langue italienne sous-titrée français avec en revanche, un petit regret, une synchronisation labiale faite sur la version anglaise. Le travail sur la langue est néanmoins exemplaire puisque dans de telles conditions, les français que vous croiserez parleront français. Un détail qui améliore considérablement une immersion déjà au beau fixe. En revanche, le jeu souffre d’un aliasing prononcé et d’un clipping vraiment flagrant sur les personnages et les meshes de tailles moyennes. Contrairement à la version console, nous n’avons pas droit aux apparitions soudaines de maisons. Enfin, l’IA montre de plus en plus ses faiblesses, se laissant facilement berner, refusant de quitter son poste malgré qu’il vous ait vu passer par un lieu qui nous est interdit, ne faisant absolument pas attention au bruit des tuiles quand nous courrons comme un taré dessus, que trouvé un cadavre jonchant le sol ne les préoccupe pas plus que cela, surtout quand il s’agit d’un garde. A l’inverse, nous nous étonnons que les gardes arrivent à transmettre de l’information aux autres par la pensée, mettant en état d’alerte toute la forteresse.

« Un multi intéressant mais en déficit de joueurs »

Assassin's Creed Brotherhood - Screenshot 34
Vous pouvez découvrir le Mont Saint-Michel en multi

Mais ce qui n’aura échappé à personne avec ce Brotherhood, c’est l’arrivée d’un multijoueur. Cinq modes de jeux sont présents. Le mode Traque qui permet à huit assassins de s’affronter. Chacun a une cible qu’il faut repérer à l’aide d’une boussole et abattre avec le plus de classe possible pour marquer un maximum de points. Il faut donc se faire discret en se mêlant à la foule tout en observant les comportements suspects. Les points engendrés sont transformés en points d’expériences permettant de gagner en niveau et d’obtenir de nouvelles aptitudes. Le mode Chasse à l’homme qui oppose trois binômes, chacun ayant pour cible un autre binôme (et pas les deux autres à la fois). Un mode Alliance qui oppose deux équipes de quatre joueurs, tour à tour chasseurs et proies. S’ajoute à ce mode, une version dite « Avancée » dont les contraintes de détection de l’ennemi sont accrues, favorisant la discrétion et évitant les joueurs un peu trop sujet à la débandade continue. Enfin, un mode Capture de Coffres qui consiste à s’emparer et protéger le plus de coffres possibles sur la carte. Parlons d’ailleurs des cartes, il en existe un peu plus d’une dizaine tels que San Marco ou le Mont Saint-Michel relativement fidèle. Des décors toujours aussi convaincants, en tout cas plus que le multi lui-même qui possède un potentiel énorme mais dont il est difficile de trouver des joueurs. Nous croisons des joueurs qui ont déjà le level 50, d’autres qui font n’importe quoi et qui n’ont pas vraiment compris le credo des assassins. Et il y a ceux qui ne peuvent tout simplement pas se connecter à cause de problèmes variés (bugs, port Internet à ouvrir…), réduisant d’autant le nombre de joueurs présents sur les serveurs. Au final, c’est la longévité du multi qui risque d’être faible et la sortie différée sur PC n’arrange certainement pas les choses.

« Une belle promesse pour Assassin’s Creed III »

Assassin's Creed Brotherhood - Screenshot 35
DRM réduit, DLC gratuit, Ubisoft ne nous a pas pigeonnés

En définitive, ce Brotherhood n’apporte pas grand-chose à l’intrigue principale. Seulement quelques indices sur le prochain théâtre des évènements, notre histoire avec Caterina ainsi que quelques flashbacks sur la période qui a suivi la pendaison de notre famille. Toujours est-il que le jeu apporte une expérience de jeu vraiment agréable, l’assassin est de plus en plus fluide dans ses mouvements malgré un défaut gênant : l’impossibilité de le faire descendre d’un étage par un petit saut comme il peut le faire quand il s’agit d’un muret, soit il fait un saut énorme, soit il s’accroche. Les combats sont impressionnants, tout comme les décors de Rome. Les quêtes annexes sont nombreuses et l’ensemble est varié entre la rénovation de la ville ou les assassins désormais à nos ordres. Ubisoft a su écouter les demandes de fans et peaufine son jeu, à l’instar des chevaux qui peuvent entrer dans la ville, je n’ai aucun mal à imaginer une gestion de nos assassins plus poussées. Le jeu solo et multi ont encore beaucoup de potentiel et des défauts à corriger comme les plantages fréquents connus depuis le premier volet ou l’absence d’effets météorologiques (hormis une mission). Mais Assassin’s Creed III, qui devrait avoir un scénario plus enrichissant, risque bien d’être le jeu de l’année 2012 (prévu fin 2011 sur console).