Jeu vidéo / Trapped Dead

Date de sortie
Développeur
Headup Games
Moteur
-
Modes de jeu
Type de jeu
Stratégie Temps Réel
-

Test de Trapped Dead

Après les Left 4 Dead, Resident Evil et autres Dead Rising qui sont, n’ayons pas peur des mots, des jeux de bourrins, le petit nouveau Trapped Dead nous promet que finesse stratégique et carnage gore à coup de grosses flaques de sang sont compatibles. Bref, avec sa vue isométrique 3D et son système de jeu orienté co-op survie, le dernier venu du studio Headup Games aurait-il tout pour plaire ?

C’est l’histoire de deux mecs dans une voiture et…

L’histoire commence sur toile de fond de film de zombie, une vieille américaine défile à toute allure sur la route dans la nuit noire. A son bord Mike Reed et son pote, Gerald, insouciants, conquérants, les cheveux au vent, rien ne peut les arrêter, pas même le coyote éventré sur la route. Rien ? Si, la panne sèche (et la pose pipi). Les deux compères décident alors de faire un arrêt dans une station-service, paumée au milieu de nulle part et peuplée de corbeaux. Le ton est donné.
L’ambiance est pesante, le bâtiment sinistre. En entrant à l’intérieur Mike remarque une belle trace rouge par terre qui lui indique où se trouvent les festivités. Il fait ainsi la rencontre d’un charmant zombie dînant ce qu’il reste du gérant des lieux. Ni une, ni deux notre héros s’empare d’une batte de base-ball et va exploser avec un acharnement sans pareil le crâne du pauvre petit zombie qui n’avait rien demandé à personne.

Les cut-scenes se présentent sous forme de BD.

Scénaristiquement parlant, Trapped Dead ne casse pas trois pattes à un canard, on reste dans le basique : un virus développé dans un endroit top secret parvient à s’étendre, contaminant la population à la vitesse de la lumière. Armé de vos armes préférées, le but du jeu est de survivre tout en récupérant les survivants isolés qui deviendront des compagnons de combat. On note, malgré la banalité du scénario, une réelle envie de la part des développeurs de faire un jeu en hommage aux grands chefs d’œuvre cinématographiques zombiesques. Ainsi l’aventure est parsemée de-ci delà de petits clins d’œil (L’hôpital G.A. Romero, les « 28 minutes plus tard » ou encore l’ancien perché sur son toit qui snipe tout ce qui bouge, par exemple).

Le jeu commence et, à travers un chapitre didacticiel, on nous apprend les touches. Avec notamment la caméra dont il faut gérer les déplacements et inclinaisons de A à Z, ce qui demande une certaine dextérité. La conquête du Mt Everest à cloche pied, avec une main dans le dos et seulement trois doigts valides : à coté c’est une broutille. Évidemment, il est possible d’administrer les touches que l’on veut où l’on veut, mais tout de même, sept touches pour bouger une caméra, c’est un peu gros. Une fois que la caméra n’a plus de secrets pour vous, un nouvel obstacle se pose délicatement sur votre chemin : les interactions. Force est d’avouer que dans certains cas le temps de latence entre le clic et l’exécution de l’action à l’écran est aberrant. Si bien qu’il faut recliquer plusieurs fois afin d’obtenir satisfaction… quand on ne meurt pas entre temps. En somme, maîtriser les touches augmente considérablement la difficulté du jeu. Encore heureux que les zombies ne soient pas des flèches.

Trapped Dead - Screenshot 7
Je suis la batte en bois de la justice !

Tiens, parlons-en des zombies ! Les amateurs de films de morts-vivant de longue date auront remarqué qu’il y a l’ancien et le nouveau. L’ancien, c’est le zombie fatigué, lent, bête, et qui n’a pas vraiment envie. Le nouveau, c’est le zombie plein de vigueur. Il sprinte, échafaude des plans dignes d’un stratège chinois et bouffe comme pas deux. Dans Trapped Dead on a plutôt la première version, la fatiguée, celle dont l’IA n’a pas été développé et dont la lenteur frise le ridicule. En revanche, l’adage « Zombie accompagné par ses potes, tu finis en compote » s’avère fondé puisqu’il est pratiquement impossible de s’en sortir vivant contre un groupe de morts-vivants. Et parce qu’une touche de réalisme ne fait pas de mal, tirer avec une arme à feu sur une des créatures isolée entraînera un rassemblement massif de tous ses petits copains.

Trapped Dead - Screenshot 2
Quelqu'un veut ouvrir la porte ?

Fort heureusement, nous n’avons pas à affronter ceci tout seul. Des compagnons dotés de caractéristiques bien à eux rejoignent l’aventure. Quelle joie, par exemple, de faire équipe avec un docteur en fauteuil roulant qui vise comme une taupe et qui se déplace plus lentement qu’une tortue. Le système de gestion du groupe laisse mitigé, d’un côté il est possible de sélectionner les personnages pour les faire avancer séparément, ce qui vous permettra de tendre des embuscades ou de fuir en faisant diversion. De l’autre, on a le mouvement en groupe, très mal foutu puisque le personnage principal ouvre la marche et les autres le suivent à la queue-leu leu. Ça aurait pu être bien coordonné sauf que, dans les espaces étroits, ils se bloquent les uns les autres, obligeant le déplacement au cas par cas.

Son & Lumière

Venons-en aux graphismes et à la bande son. Le jeu n’est pas destiné à en mettre plein la vue et ça se voit. Les décors restent dans l’ensemble corrects et les différentes options graphiques (antialiasing, gestions des ombres et de la lumières) renforcent l’ambiance glauque qui se dégage du titre. Toujours dans les options, le changement de résolution d’écran aura des effets dévastateurs sur la visibilité de l’inventaire. Autre bémol et pas des moindres, les bugs graphiques sont nombreux et entachent sérieusement le jeu. Certains permettent aux zombies de traverser les portes quand d’autres obligent à déplacer la caméra d’un point de vue inconfortable pour pouvoir avancer. Quand on connaît les problèmes liés à la gestion de la caméra, on comprend vite que la réaction en chaîne fait mal et se traduit, dans neuf cas sur dix, par la mort. C’est là que l’on se dit que si les patchs existent, c’est pour une bonne raison. Jusqu’à présent un seul patch correctif est sorti, et pour être honnête, on se demande à quoi il sert.

Zut.

Le seul point entièrement réussi de Trapped Dead est sa bande son. Les bruitages donnent l’impression qu’une créature putride est en train de mâchouiller un morceau d’intestin grêle juste dans le creux de votre oreille. Sensations garanties. Et les effets de volume en hausse ou en baisse quand les personnages se rapprochent ou s’éloignent des zombies sont également très réussis. La musique, quant à elle, passe bien. Ce n’est pas du Mozart, mais ça met dans l’ambiance. Et c’est tout ce qu’on lui demande.

No man’s land

Après avoir difficilement bataillé et, avouons-le, pleuré de désespoir en solo, on arrête les frais, l’aventure se bouclant en cinq, maximum six ou sept heures pour les moins aguerris. A l’essai sur le multi, on se dit que faire équipe avec trois autres gars, ça va être la foire à la saucisse ! Que nenni. Le survivant briseur de crâne qui sommeille en vous aura autant de chance de trouver une partie en ligne qu’un pou sur la tête d’un chauve et seule la solution LAN paraît possible.

Trapped Dead - Screenshot 5
une partie multi, enfin !

Si, avec un peu de chance, une partie est disponible, ne sautez pas de joie trop vite : il est fort possible que ce soit un Polonais ou un Russe dont le vocabulaire anglophone se restreigne à « Hi » et « Fuck ». Le top pour communiquer et échafauder une stratégie…

A noter qu’il n’est possible d’héberger une partie qu’après avoir passé les deux premiers chapitres.

Une expérience amère…

Au-delà des problèmes énoncés précédemment, ce qui enterre le jeu c’est la contradiction qui le caractérise. Trapped Dead se veut être un jeu stratégique où chaque mouvement doit être pensé et chaque munition économisée alors qu’en face les ennemis n’opposent presque aucune résistance (certains ne bougent même pas !). En aucun cas le joueur ne se retrouve dans une situation délicate où il faut agir vite et bien sous peine de mort. Au final il est plus facile de contourner les monstres et/ou de les enfermer dans une salle plutôt que d’échafauder des plans pour les détruire. Ce point laisse un sentiment d’échec.
Pour conclure, Trapped Dead est une désillusion frustrante, truffée de bugs, avec un moteur graphique qui englouti les ressources du PC sans raison apparente, un gameplay ingérable et (donc) une difficulté très mal dosée. L’idée de départ était bonne et prometteuse, le titre d’Headup Games aurait pu frapper un grand coup et s’imposer comme un must-have. Malheureusement le jeu est trop peu connu et même si un jour la majeure partie des bugs est corrigée, le multi aura été déserté depuis belle lurette. On peut dire sans remord que pour un jeu inachevé, même 20€, c’est beaucoup…