Jeu vidéo / Section 8 : Prejudice

Date de sortie
Développeur
TimeGate Studios
Modes de jeu
-
Thème du jeu
First Person Shooter

Test de Section 8: Prejudice

Il y a de cela un moment déjà, je testais le fameux Section 8, de TimeGate Studios, qui m’avait laissé un sentiment assez mitigé : scénario de la campagne solo déplorable, graphismes acceptables tout au plus, mais gameplay plutôt bien ficelé pour une partie multi-joueur elle-même bien pensée en terme de stratégie et d’action, mais qui n’offrait qu’un seul mode de jeu et dix-huit maps.
Loin de le classer dans la catégorie des jeux à éviter, je concluais l’article en déplorant un certain manque d’ambition sur plusieurs de ses aspects, mais en souhaitant que le jeu ait une deuxième chance en se voyant offrir des développements ultérieurs (ce qui ne me semblait, à l’époque, pas forcément évident).

Il faut croire que les développeurs du titre m’ont écouté (on peut rêver) car ils sont revenus avec une suite : Section 8: Prejudice. Mais, ont-ils aussi répondus aux autres attentes et ont-ils réussi à faire décoller cette nouvelle licence qui ne manquait pas de qualité ?
C’est ce que nous allons voir en nous plongeant dans ce nouvel opus.

Attention toutefois : afin de rester concis et de ne pas s’égarer inutilement, le présent test ne se penchera que sur les différences entre cet opus et le précédent afin d’en dégager les qualités et défauts. Il est toujours possible de se faire une opinion sur le jeu originel en consultant les divers tests rédigés à l’époque, ou – mieux ! – en consultant celui que j’avais déjà rédigé.

Briefing Initial

Section8:Prejudice - Plan de Larguage
Plan de Larguage sur une map mutli-joueur

En terme strictement techniques, il faut bien avouer que les choses on très légèrement évolué, et ce très généralement dans le bon sens.

Le nombre de paramètres auxquels le joueur à accès reste toujours aussi réduit et on retrouve à nouveau l’option de chargement d’une cinématique in-game pour vérifier la fluidité du jeu avec le paramétrage choisi.
Par contre, on constate que le jeu est cette fois un peu plus gourmand que son prédécesseur.

On constate justement, dans le jeu, que l’aspect graphique a bénéficié de plus d’attention par rapport à l’opus précédent. Nous ne sommes pas encore au top de ce qui se fait actuellement en terme de graphisme, nous sommes loin d’obtenir un rendu équivalent à celui de Crysis 2 ou encore du Samaritan Build de l’Unreal Engine, mais force est de reconnaître que les progrès sont là. Par contre, là où des progrès spectaculaires ont été réalisés, c’est en terme de design.
Si les environnements du premier épisodes étaient sympathiques, mais pas vraiment marquants, ceux de Section 8: Prejudice sont extrêmement bien réalisés et accrocheurs. Il se dégage de chacun d’eux une vraie identité distincte et une ambiance remarquable.
On ne peut que saluer l’effort fourni.

Pour ce qui est de la partie sonore, nous avons cette fois des dialogues entièrement doublés en français et, bien que pas vraiment nombreux ni longs, vraiment mieux écrits.

Enfin, on constate avec le même plaisir que les temps de chargement des niveaux, autant en solo qu’en multi-joueur reste infinitésimalement courts.

En termes purement techniques, donc, si le jeu ne se hisse pas au pinacle des titres les plus en vue du moment, avec débauches d’effets en tout genre sur chaque pixel affiché à l’écran, on ne peut nier qu’il a su évoluer pour ne pas être trop daté et continuer d’offrir à nos yeux une bien belle expérience.

Ordres de Mission

Section8:Prejudice - Général Stone
Le Général Stone, de la Section 8 : le gentil

Si on constate une nette évolution sur la technique, on ne peut s’empêcher de frémir en cliquant sur le bouton ‘Nouvelle Campagne’, tant la partie solo du précédent opus était creuse, prévisible et indigente.
Et puis…

On démarre par deux cinématiques, l’une présentant – enfin – un tout petit peu de background sur l’histoire de l’univers de Section 8… et aussi pour mettre en place le background de la campagne.
S’ensuit une seconde, qui amorce réellement l’histoire. On se retrouve dans une poignée de jours après la défaite du Bras d’Orion, Les prisonniers sont en train d’être interrogés afin de déterminer d’où ils tiennent leur technologie et les informations confidentielles qu’ils détiennent, sans succès. Puis, transition sur l’extérieur de la base où un mystérieux intrus s’amuse à faire des trous béants dans les gardes de faction…

Passées ces vidéos, on entre de plein pied dans le jeu et, contrairement à son prédécesseur, Section 8: Prejudice démarre cette fois réellement par un didacticiel, d’ailleurs assez bien amené : Corde, le personnage que le joueur incarne, fait la démonstration de l’armement et des possibilités de l’armure des forces de la Section 8 aux nouvelles recrues en pleine formation. On notera l’ironie, mais surtout on appréciera l’effort.
Une fois le didacticiel passé, le joueur reçoit l’ordre d’aller voir ce que font les gardes de faction qui ne répondent plus depuis un moment… C’est le démarrage d’une histoire qui opposera toute la Section 8 à une menace qui remonte à la colonisation spatiale de la Terre.

Section8:Prejudice - Général Salvador
Le Général Salvador des Spears of Orion : le méchant

Et il faut bien admettre que le scénario est, cette fois, plutôt réussie et, loin d’être dans un entraînement déguisé au multi-joueur, mais bien dans une véritable histoire cohérente et immersive. Certes, on n’échappe pas à certains gros clichés et à une morale finale un peu massive et convenue, mais l’ensemble est vraiment agréable, propose quelques rebondissements bien amenés et permettra de passer un bon moment. Par ailleurs, si les missions sont toujours aussi variées, elles sont nettement mieux intégrées à l’histoire.
La contrepartie de ce scénario plus fouillé est un nombre un peu plus élevé de cinématiques, qui ont légèrement tendance à hacher le rythme du jeu et dont certaines n’étaient peut-être pas franchement nécessaires.

 

Cette fois donc, TimeGate Studios a visiblement pris la peine de réellement rémunérer un adulte pour écrire le scénario du jeu, ce que nous pouvons aussi saluer. Du coup, on en vient même à avoir envie d’en voir plus dans une éventuelle et assez probable suite.
L’envie d’en voir plus vient d’ailleurs assez vite car, comme pour son prédécesseur, la campagne solo de Section 8: Prejudice se conclue malheureusement en une bonne après-midi.

En attendant, plus qu’une solution : se plonger dans ce qui est – en définitive – le cœur du jeu, sa partie multi-joueur.

Débarquement

Section8:Prejudice - Chard Lourd
Du bon gros déployable : le Tank Lourd

Commençons par aborder le gameplay qui a subi quelques modifications, qui apportent là encore de bonnes surprises, sans toutefois bouleverser le concept initial.

Concernant les déployables, on relèvera comme principal changement l’adjonction d’un nouveau véhicule, la moto, qui ressemble furieusement au viper d’Unreal Tournament III. On notera cependant que, s’il est rapide et se déplace très bien latéralement, il est légèrement difficile à manier car tourne difficilement.
Par ailleurs, il semble aussi que l’armure lourde dispose d’une animation particulièrement sympathique pour achever les adversaires au corps à corps.

Pour ce qui est du systèmes de dommages, on garde le principe du bouclier qui encaisse les premiers dégâts subits, mais les dégâts subits ensuite par le personnage ne sont plus localisés. La localisation des blessures n’ayant de toute façon pas plus d’influence que ça, elle n’était effectivement pas bien utile.

Section8:Prejudice - Corps à Corps
Un classique qui fait plaisir : le poignard

Le système d’équipement et d’armement a par contre subis un petit lifting plutôt agréable qui, une fois de plus, ajoute une certaine dimension stratégique bien venue.
Comme dans l’opus précédent, on continue d’avoir des configurations de personnages pré-définies (des sortes de classes de personnages), mais qu’il est toujours possible de personnaliser.
Le premier changement à l’ajout à l’arsenal déjà présent, et désespérément classique, du canon à impulsion, sorte de railgun qui met du temps à charger mais qui fait de très gros trous dans l’adversaire. Ca ne révolutionne pas tout, mais c’est agréable.
Le second changement, cette fois bien plus conséquent, est que la progression du joueur, autant en solo qu’en multi-joueur, est maintenant récompensée !
En effet, si au départ l’arsenal et l’équipement du personnage est ultra-classique, de nouvelles options pourront être débloqués au fur et à mesure des parties.
Pour l’arsenal, cela se traduit par des types de munitions additionnelles pour chaque arme, chacune ayant des spécificités qui les rendent plus ou moins efficaces (dégâts élevés ou faibles contre le bouclier et/ou l’armure et/ou les véhicules, plus ou moins précis, etc.).
Pareillement, chaque élément de l’équipement se voit adjoindre des versions alternatives qui peuvent être utiles dans certains situations (en plus du couteau, par exemple, on trouve un couteau qui draine l’énergie de l’adversaire ou un autre qui lui siphone son armure).
Et, de la même manière, on pourra acquérir des armures différentes ou des éléments d’armure qui ajouteront divers bonus.

Stratégiquement, cela ouvre une nouvelle dimension car il est possible de disposer d’un équipement générique relativement efficace dans toute situation, ou d’essayer de trouver le meilleur compromis entre l’arsenal et l’équipement pour être le plus efficace possible sur le champs de bataille (en ayant, par exemple, une arme très efficace pour les boucliers et une autre plus efficace contre les armures).
Avec une soixantaine d’éléments débloquables, il faut par contre voir si, en multi-joueur, une telle solution ne désavantage pas outre mesure les nouveaux joueurs qui se retrouveront à affronter des joueurs ayant plus d’heures de jeu derrière eux (ils le seront de toute façon, mais il ne faudrait pas que cela devienne pour eux un enfer…).

Section8:Prejudice - Surmultipliée
En surmultipliée, sur un pont de glace face à un vaisseau qui me canarde : même pas peur !

Quoi qu’il en soit, des options élargissant encore la dimension stratégique du jeu et un niveau de customisation plus élevée, voilà enfin la touche d’ambition qui manquait à Section 8.
Mais qu’en est-il des modes de jeu ?

On retrouve une fois de plus notre bon vieux mode Conquête qui était déjà très bien fait et qui se retrouve dans ce nouvel opus en l’état.
Par contre, et ça ne peut être qu’une bonne nouvelle, celui-ci se voit épaulé de deux nouveaux modes de jeu, toujours jouables en ligne ou contre des bots.
Le premier est le mode Assaut qui oppose deux équipes durant deux rounds. Dans chacun des deux, l’une des équipes prend le contrôle d’un certain nombre de points de contrôle et doit les défendre tandis que la seconde doit tenter de les pirater.
Le second est le mode Essaim qui se joue en coopération à quatre joueurs maximum qui doivent défendre un point de contrôle contres des vagues de plus en plus massives et musclées d’assaillants contrôlés par l’ordinateur.
Bien entendu, sur les trois modes interviennent les missions secondaires, mais elles n’apportent réellement, en terme de condition de victoire, qu’au seul mode Conquest.

Section8:Prejudice - Base Secrète Arm of Orion
Un bien sympathique environnement, malheureusement indisponible en multi

Une fois de plus, si on ne se retrouve pas avec une totale et éclatante révolution, on pourra tout de même saluer l’effort accompli par les développeurs pour étendre encore les possibilités du jeu.
Par contre, et c’est une fois de plus là où le bât blesse un peu, le nombre de maps est assez réduite car le mode Essaim ne compte que quatre cartes jouables (une par environnement de jeu) tandis que les modes Assaut et Conquête se partagent tous deux huit cartes (deux par environnement).

Bien entendu, toujours pas de kit de développement ou éditeurs de maps… et cela car TimeGate Studio a bien compris le business vidéo-ludique du moment en se tournant vers les DLC !

Objectifs additionnels

En effet, à l’heure de la rédaction de ce test, deux DLC sont déjà disponibles et se proposent d’amener du contenu additionnel à Section 8: Prejudice.

Section8:Prejudice - Planète volcanique
Une planète de lave...

Le premier est le Overdrive Map Pack qui, comme son nom l’indique propose deux cartes supplémentaires pour le multi-joueur, chacune dans l’un des environnements de jeu existant. Elle est disponible au téléchargement pour 320 points Live Arcade (soit 3,72€).

Le second est le Blitz Pack qui propose une nouvelle armure (dont l’apport n’est malheureusement que cosmétique), des munitions incendiaires pour le fusil lourd et un nouvel équipement, le mortier au napalm. Il est lui disponible au téléchargement pour 240 points Live Arcade (soit 3,00€).

Pour cause d’allergie chronique au principe même des DLC, aucun des deux n’a été testé et ne sera donc commenté ici…

Débriefing

Section8:Prejudice - Planète de Glace
... et une planète de glace !

Si Section 8 avait tout pour décevoir – une campagne déplorable, un arsenal banal, un seul mode de jeu et un nombre de maps réduit – il faudrait être d’une mauvaise foi pathologique pour ne pas reconnaître que TimeGate Studios a vraiment tout mis en oeuvre pour donner un souffle nouveau a une licence qui manquait cruellement de souffle dès ses premiers pas. Les apports et les modifications apportés au concept initial vont tous dans le bon sens et ajoute beaucoup de profondeur au jeu.
Partant de là, c’est sûr que nous ne sommes pas en présence d’un jeu en soi révolutionnaire, mais plutôt d’une expérience vidéo-ludique à même de satisfaire tout joueur avide de stratégie finement dosée, entremêlée d’une bonne dose d’action pure et qui déploie son plein potentiel dans le temps.

Section8:Prejudice - Armure Alternative
La collection hiver du catalogue Section 8

S’il devient difficile de critiquer le gameplay, le scénario de la campagne solo ou la partie strictement technologique du titre, on continuera de regretter un cruel manque de contenu.
Certes, il y a les DLC qui peuvent compenser ce manque (si on en accepte le principe), mais au rythme de leur publication et surtout en regard de la quantité de nouveautés qu’elles apportent, il est plus que probable que les aficionados resteront sur leur faim.

Au final, sorti uniquement au format numérique (probablement à cause du désaccord avec l’éditeur du précédent opus) pour un prix modique de $14,99 (soit 12,99€) à son lancement, et bénéficiant régulièrement de tarifs particulièrement avantageux, il serait vraiment dommage de passer à côté de ce titre.