Pour fêter les dix ans de la licence, rien de tel qu’un nouveau Tropico. Affublé d’un numéro 4, ce Tropico n’a pas profité du même temps de développement que les précédents, cette fois-ci beaucoup plus court, les nouveautés forcément, se comptent sur les doigts d’une main. Ce nouvel opus est aussi l’occasion d’engranger des liquidités pour le studio Haemimont Games dont les jeux sont surtout connus sur PC que sur console. Avec Tropico 4, le moteur graphique ne connaît pas d’évolutions majeurs, nous avons seulement la promesse d’une nouvelle campagne, quelques mécanismes de gameplay supplémentaires et de nouveaux bâtiments. Faut-il vraiment craquer ? Réponse dans notre test.

Une nouvelle campagne

La recette de Tropico 4 ne change pas, vous êtes le dictateur d’une jolie île tropicale et vous devez emmener votre île vers les sommets, et pour cela, tous les moyens sont bons. Notre test de Tropico 3 vous éclairera largement sur ce qu’il est possible de faire, attardons-nous plutôt sur les nouveautés de ce Tropico 4 que les détracteurs nommeront, probablement à raison, Tropico 3.5. Commençons par la campagne, proposant une vingtaine de missions, la campagne est plus narrative que dans les précédents volets, nous vivons l’histoire d’un dictateur qui va travailler sur une région de plusieurs îles, chacune des îles aura ses objectifs, certaines seront vouées au tourisme tandis que d’autres seront de véritables plateformes commerciales et industrielles. Face à votre succès, la concurrence ne tardera pas à vous mettre des bâtons dans les roues et les nouveautés dans la jouabilité vous sauveront la mise plus d’une fois, ou vous obligeront à fuir votre île…

Pour une fois, la campagne a un intérêt, il ne s’agit pas uniquement d’enchaîner les missions jusqu’à la dernière et le clamer sur Facebook ou Twitter comme le jeu le permet depuis Tropico 3. Vous entrez réellement dans la peau du dictateur. Toutefois, il est regrettable que nous puissions changer drastiquement les caractéristiques physiques de notre personnage entre deux missions, alors que la chirurgie esthétique ne permet pas tout, surtout en 1960. D’ailleurs, chaque mission sera en plein anachronisme, car il n’y a plus de date limite pour terminer la mission, ainsi, la mission 4 pourrait par exemple se terminer en 2010 tandis que la mission 6 s’expédier en une ou deux décennies. Cela dit, ces détails esthétique et temporel ne sont rien face à la possibilité de changer nos traits de caractères. Finis les défauts et qualités, places aux traits qui s’améliorent au fil de nos succès. Les bonus acquis sont de plus en plus puissants et le jeu de plus en plus simple. Le jeu veut élargir son public tout en complexifiant les rouages du gameplay.

Attaque de tornades

La nouveauté la plus évidente est l’arrivée de catastrophes naturelles : éruptions volcaniques, tornades, sécheresses, tsunamis et autres marées noires. Autant d’évènements incontrôlables (mais qui peuvent être prévenus grâce à la station météo) qui peuvent mettre à mal votre économie. A l’instar de l’ouragan dans Tropico 3, ces catastrophes vont détruire des bâtiments et tuer éventuellement une partie de votre population. Fréquentes, vous subirez bien une catastrophe par an, les plus malchanceux essuieront même cinq tornades en même temps, elles ne font pas tant de dégâts que cela et l’aide humanitaire sera souvent supérieur à la valeur des dommages occasionnés. Néanmoins, il faudra gérer d’autres problèmes, des bâtiments ne seront pas détruit mais simplement endommagés et il faudra les réparer. Des incendies pourront aussi éclater dans votre ville et votre nouvelle caserne de pompiers vous sera utile. Les plus malins, au début de la partie, regardons les nouveaux outils proposés pour connaître les zones à risques. En effet, être au bord d’un volcan est nettement plus dangereux que d’être à plusieurs kilomètres, une montagne pourra aussi stopper un tsunami. Vous en profiterez alors pour choisir la localisation de votre ville, en acceptant toutefois l’interdiction de déplacer votre palais.

Nous avons déjà cité quelques nouveaux bâtiments, il y en a d’autres : le bureau de douanes qui augmentera la valeur de vos importations, le restaurant en tour panoramique, le mausolée dédiée à votre personne, un paquebot pour vos touristes, l’indispensable pour un parc d’attraction avec la montagne russe. Le divertissement et le tourisme ne sont pas les seuls à connaître des ajouts, vous aurez aussi droit à l’académie des sciences et au musée d’art. L’académie par exemple, diminuera le coût des plans, en effet, en début de partie, une bonne moitié des bâtiments vous sont bloqués, c’est notamment toute votre industrie qui vous sera indisponible. La construction du ministère permettra de nommer vos ministres qui selon leurs compétences, seront capables du pire comme du meilleur, ils pourront par exemple doubler les aides étrangères pour l’année ou provoquer une rébellion. Toutefois, simplification oblige, vous profiterez toujours du bonus tandis que le licenciement du ministre empêchera le « malus » d’agir.

De nouveaux mécanismes

Outre les constructions, quelques autres nouveautés font leur apparition, il est désormais possible d’importer des produits de l’étranger. Encore l’occasion de faciliter le jeu en mettant en place une économie très industrielle où vous ne gérez aucune matière première. La simplicité atteint son paroxysme si vous faites attention à la valeur des exportations et découvrez par exemple que le rhum se vend bien, si vous avez optez pour compétence, baron de l’alcool et que le prix à l’exportation est alors doublée, il suffit à chaque début de partie d’acheter le plan pour la distillerie, de la construire et d’autoriser l’importation, vous faites alors 80 000 dollars chaque année sans franchement vous embêter. S’il y a de l’idée, cela manque clairement de profondeur, il n’y a par exemple, aucune notion d’offre et de demande, ce qui rend le système caduc. Pour simplifier un peu plus les choses, durant votre partie, vous aurez toutes sortes de missions annexes qui vous serons proposées par vos ministres ou par les pays étrangers, en général, la récompense sera financière. Vous ne pourrez pas avoir plus de cinq missions en cours, et en même temps, elles sont simples et répétitives, là encore, il y a de l’idée mais vous vous lasserez vite.

Parler de ces missions permet d’introduire une autre nouveauté, il n’y a plus seulement les américains et les russes avec qui vous traiterez, il faudra désormais faire avec la Chine, le Moyen-Orient et l’Europe. Ils ne vous apporteront pas d’aide financière à Noël mais vous octroierons un bonus, par exemple, de bonnes relations avec l’Europe permet de diviser par deux le coût pour faire venir un expert. Quand il s’agit d’un simple ouvrier, car en effet, vous pouvez désormais recruter un étranger non diplômé pour un coût de départ ridicule (100$), cela n’a que peu d’influence, mais un expert avec un diplôme universitaire, cela fait réfléchir. La possibilité de recruter un ouvrier sans qualification permet d’accélérer la croissance et ce n’est pas le seul outil à votre disposition. Vous pouvez aussi construire un bâtiment immédiatement, il faut alors débourser une nouvelle fois sa valeur. C’est pratique lorsque vous décidez de placer votre parc éolien à l’écart de votre ville et que l’accès y est alors réduit. Les plus malins pourront aussi s’en servir en le couplant avec l’aide de l’URSS qui divise par deux le coût de construction d’un immeuble, pour peu que vous ayez trois banques qui travaillent sur la réduction du coût de construction et vous pourrez avoir un immeuble immédiatement pour la modique somme de 1 000 dollars. Un système très efficace pour apaiser des communistes qui réclament un toit pour tous les citoyens de Tropico.

Plus simple et plus complet

Avec Tropico 4, Haemimont Games innove, de nouvelles idées de gameplay font leur apparition, elles simplifient souvent le jeu et en même temps, cela augure du bon pour un Tropico 5 si le studio décide d’approfondir ces mécanismes. Imaginez devoir gérer l’offre et la demande, d’être dans l’incapacité de vous débarrasser de toute votre production et donc, de subir les aléas du commerce international. Imaginez que vos ministres puissent effondrer toute votre politique car vous avez nommé des incompétents. Le potentiel est énorme. Toutefois, le potentiel ne justifie pas l’achat d’un jeu, sauf si vous voulez vous transformer en mécène du jeu vidéo (vis-à-vis d’un tel studio, l’argument est plutôt convaincant). Les possesseurs de Tropico 3 verront une licence simplifiée pour attirer les néophytes, ils auront raison. Les néophytes, logiquement plus nombreux, pourront découvrir une licence qui conserve d’indéniables qualités. Tropico 5, quant à lui, intègrera sûrement un nouveau moteur graphique qui ne se contentera pas d’une meilleure optimisation et des quelques textures supplémentaires. En tout cas, c’est ce que nous espérons.
Ndlr : la note ne tient compte que des qualités intrinsèques du jeu.