En 2005, alors que les jeux nous faisant évoluer pendant la seconde guerre mondiale fleurissaient comme la salsepareille dans les jardins des schtroumph, était sorti Sniper Elite, un shooter à la 3ème personne qui proposait l’approche originale de vous faire incarner un tireur d’élite perdu en plein territoire ennemi. Malgré de bonnes idées, ce titre n’avait pas su se démarquer dans ce contexte historique hyper concurrentiel. 7 ans plus tard, sont repris dans leur quasi-intégralité les mécanismes du jeu, et une nouvelle cuvée arrive. Cette version 2012 est elle concluante?

Côté scénario, le soufflé retombe

Vous voilà incarnant Karl Faiburne, tireur d’élite américain envoyé seul en plein Berlin avec pour mission de déjouer un complot germano-russe impliquant l’utilisation de super missiles, les fameux V2. Alors que le didacticiel nous met rapidement l’eau à la bouche avec une belle mise en scène, une magnifique narration pleine de virilité , quelques séquences vidéo d’époque et une situation pleine de tension, l’engouement se dissipe vite.

Si l’on peut légitimement penser que l’infiltration est un genre qui peut amener des personnages charismatiques et une intrigue évoluée, ce Sniper Elite V2 rate clairement son coup. Ainsi, vos seuls apports scénaristiques seront les débuts de missions, textes lus d’une trentaine de secondes vous décrivant vos objectifs succinctement. Ceux-ci sont d’ailleurs on ne peut plus classiques. Dans l’immense majorité des cas, il s’agira d’aller d’un point A à un point B en éliminant les soldats en route. Vous aurez néanmoins la possibilité d’escorter un ingénieur, de dynamiter divers lieux, mais rien de plus. Ainsi, non seulement vous n’aurez qu’à 2 ou 3 reprises dans l’ensemble du jeu des interactions avec d’autres personnages, mais celles-ci interviendront pour des buts d’un intérêt limité.

L’ensemble dégage alors une impression de jeu impersonnel. Mais heureusement, le tout repose sur un gameplay agréable et un level design solide.

Des mécanismes de jeu maîtrisés

Si vous vous attendiez à faire face à une simulation de sniper comme le studio le prétendait, vous avez tout faux. Un jeu d’action? Encore raté. Aussi étonnant que cela puisse paraître étant donné le bruit que fait un fusil de précision, le titre s’apparente clairement à un jeu d’infiltration, à l’image d’un splinter cell. Il est donc composé de niveaux d’une linéarité alarmante de type « arènes » closes sur lesquels sont disposés les ennemis. Que faire alors du paradoxe qui apparait quand vous devez rester discret alors que la moindre de vos balles alerte la terre entière? Une astuce des développeurs qui veut que quand l’environnement est bruyant, vos tirs sont simplement couverts.

Il est donc nécessaire dans ce titre  de remplir vos objectifs de manière relativement discrète. Pour les exécuter, notre ami Karl dispose d’un panel de mouvement étoffé. Ce dernier pourra donc ramper, courir, s’accroupir, escalader les obstacles ou prendre couverture derrière à peu près tous les éléments du décor. De plus, des actions contextuelles permettent l’élimination furtive des ennemis et autres gymnastiques plus délicates. Niveau armement, même si le jeu nous encourage à utiliser le fusil à lunette parce que c’est la seule arme dont les munitions sont en quantités suffisantes pour accomplir vos objectifs, notre héros dispose d’une arme de poing silencieuse pour les endroits exigus, et d’un fusil mitrailleur quand il est repéré, entouré d’ennemis trop proches. Enfin il trouve encore de la place dans ses poches pour divers objets, comme des mines pour couvrir vos entrées et sorties, piéger des cadavres, des jumelles pour observer les positions ennemies ou encore des petites pierres, à jeter pour faire diversion.

Tout cet équipement va être utilisé pour traverser les niveaux remplis d’ennemis. Un excellent travail de level design vous fait rencontrer une grande variété de situations, vous laissant le choix dans votre approche.

Grossièrement trois se dégagent. D’une part une approche suicidaire compte tenu de votre fragilité qui consiste à foncer dans le tas fusil à la main, une autre qui vous propose de la jouer Sam Fisher en observant les rondes des soldats et de les éliminer discrètement, et enfin la plus simple, qui consiste à se trouver une bonne cachette, et à allumer à l’aide de votre fusil tout ce qui passe dans le viseur. Soyons francs, la dernière est très largement à privilégier tant le tir à distance est plaisant. Un grand travail a été fait par l’équipe de Rebellion pour faire de vos éliminations des perles de technique et de jubilation. Votre tir sera donc perturbé par les mouvements incontrôlables dû à votre respiration et à votre rythme cardiaque, et il faudra encore anticiper selon les distances l’impact du vent et de la gravité sur vos trajectoires. Mais quand le tir est réussi, le joueur est récompensé par une killcam qui vient magnifier vos exécutions en vous permettant d’observer au ralenti la mort de votre adversaire, ainsi que les parties de son anatomie que vous avez broyées au passage. Dans la mesure où le jeu est statique par essence (tireur d’élite planqué oblige), celle ci apporte une dynamisation des affrontements bienvenue. Quel plaisir que de tirer à 150 mètres sur une grenade attachée à la ceinture d’un garde, faisant exploser le pauvre diable et son entourage du même coup.

Les sensations de jeux sont excellentes, et on se surprend à varier les plaisirs, se la jouant tantôt Guillaume Tell moderne, puis maître assassin.
Ces nombreux outils ne seront pas superflus eut égard à la difficulté du jeu. Si le challenge est déjà relevé en mode normal, il supprime tout droit à l’erreur dans les modes de difficultés supérieures. D’une part vous êtes incroyablement fragile, quelques balles suffisant à vous abattre, mais surtout, une fois repéré, plus question d’avancer tranquillement, les trajectoires erratiques que les soldats affolés empruntes vous en empêchant. Dans les modes les plus aisés, vous aurez la possibilité de retenir votre respiration et une aide à la visée apparaitra.

Une IA efficace, malgré quelques imperfections

Face à vos assauts répétés, vos opposants se garderont bien de rester statiques, et ils adopteront des comportements de groupes et individuels très impressionnants. Certains resteront en retrait à effectuer des tirs de

suppression pendant que d’autres se rapprocheront, ils iront porter secours à leurs blessés, iront se mettre à couvert, changeront régulièrement de position pour vous les rendre difficiles à abattre, ou encore chargeront ensemble comme un seul homme. Néanmoins, certains désagréments viennent ternir le tableau. Ainsi, il n’est pas rare de mettre une balle dans la tête à un soldat sans que son voisin ne le remarque, alors qu’ils se tiennent presque la main. De temps en temps également, on voit un soldat faire des cercles à découvert, ne sachant vers quel coin aller. Mais surtout, et c’est de là que provient la difficulté du jeu, c’est que vos ennemis ont une super vision. Vous n’êtes qu’une tête dépassant à 100 mètres? Aucun problème, les snipers ennemis arriveront à vous loger une balle dans le bout d’épaule qui dépasse. De la même manière, un garde parviendra à vous repérer sur un angle de vision et à une distance peu vraisemblable.

Il n’empêche que l’intelligence artificielle reste très naturelle, les niveaux sont un plaisir à parcourir, et après quelques morts, on cherche activement les emplacements et les comportements des ennemis présents; sont ils nerveux, somnolent-ils?

Une technique inégale

Même s’il se montre gourmand dans les plus hautes configurations, le jeu reste somme toute assez moyen. Les textures ne sont pas les plus fines vues dans un jeu du genre, le décor est fixe et il n’y a pas d’interaction disponible. C’est cependant en partie rattrapé par de magnifiques jeux d’ombre et de lumière, ainsi que de jolis effets de particule et d’explosion. De plus l’ambiance sonore est particulièrement réussie, et même si nous ne voyagerons pas beaucoup (comptez 3 environnements différents), la musique rythmée qui s’accentue lorsqu’on est repéré et l’impeccable restitution des bruits d’obus et de vos armes vous faciliteront l’immersion malgré les faiblesses scénaristiques.

C’est en ce qui concerne l’animation que le bât blesse. Vous comme vos ennemis êtes particulièrement rigides, voire tout bonnement saccadé dans certaines situations. Même si la prise en main n’en est pas affectée, il est dommage d’en faire l’observation sur une production de 2012.

Un point sur la durée de vie

Malgré une réelle volonté des développeurs de proposer du contenu, celui-ci se révèle chiche pour une production actuelle. Comptez entre 6 et 8 heures pour boucler les 11 missions que propose la campagne solo, selon le mode de difficulté choisi. Les niveaux se terminent par un score, qui est modifié notamment par les prouesses techniques que vous aurez mis en œuvre pendant la mission, à l’image des skillshots d’un bulletstorm. Ajoutez à cela une coop jouable en ligne, un mode tuerie s’apparentant au mode horde de gears of war dans lequel il faut survivre à des vagues successives d’ennemis, un mode infiltration où il faut progresser à couvert sans le feu d’un sniper, et un autre ou vous devrez récupérer des pièces de véhicules, et des dizaines d’heures de jeu peuvent être envisagées. Par ailleurs, la version pc dispose d’un multi-joueurs

classique ou sont présent 3 autres modes de jeu supplémentaires, les éternels match à mort, match à mort par équipe, et roi de la distance.

Si la volonté des développeurs de proposer de quoi faire est réelle, l’intérêt reste limité puisque l’originalité du solo disparait, au profit d’un shooter plus classique avec un armement restreint. Seuls les accros du snipe y passeront le temps que la multiplicité des modes de jeu laisse envisager. La durée de vie apparait donc artificiellement gonflée, à la fois par l’introduction d’un scoring, que par la présence de mode dispensable.

Conclusion

Honnête, voila le mot qui résume le mieux ce Sniper Elite V2. Mis à part les quelques faiblesses techniques et scénaristiques, le jeu est plaisant à parcourir. Vous serez néanmoins peu nombreux à vous attarder sur son multi, et la campagne solo à elle seule se termine bien trop vite. Il reste un jeu d’infiltration agréable à parcourir, un gameplay efficace, et une IA convaincante dans l’ensemble, disposés sur des niveaux intelligemment conçus.