Jeu vidéo / Diablo III

Date de sortie
Moteur
-
Modes de jeu
Type de jeu
Hack'n'Slash
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Jaquette PC de Diablo III

Test de Diablo III

Le sol tremble, mais difficile de dire si c’est dû aux hordes de démons s’apprêtant à déferler sur Sanctuaire, ou aux trépignements d’impatience de millions de joueurs fébriles à l’idée de mettre la main sur Diablo III. Parce qu’il se sera fait attendre plus de 10 ans le dernier bébé de Blizzard. Il faut dire qu’il a la lourde tâche de succéder au jeu qui a non seulement grandement participé à créer le hack’n slash tel que nous le connaissons aujourd’hui, mais plus encore qui reste à l’heure actuelle considéré comme un standard parfait dont il ne faut pas s’écarter. Le challenge du studio était donc de réussir à proposer un contenu original, tout en restant fidèle à la série et à ses nombreux codes. Pari réussi?

Ce qui ne change pas

Diablo III - Screenshot 21
Il est toujours préférable de s'équiper d'un objet légendaire, mais difficile à trouver.

Il est évident que le jeu reprend pour la plupart les mécanismes de son aîné, qui constituent la base du Hack’n slash. De retour la caméra de 3/4, le clic gauche de la souris pour se mouvoir et pour une attaque de base quand il tombe sur un ennemi, le clic droit pour une attaque spéciale, et les équipements des différentes raretés (blanc, bleu, jaune  et orange).  Mais s’il apparaît comme normal que Diablo III reprenne ces bases, il a aussi tendance à reprendre des éléments qui auraient gagné à être davantage différents.

Ainsi l’histoire reprend très largement le principe du second opus. J’imagine d’ailleurs assez bien le brainstorming qui a abouti au scénario du jeu. La question devait être : « après avoir fait combattre Diablo dans le I, les seigneurs principaux et de nouveau Diablo dans le II, que faire dans le III? » Il a du suivre à cette remarque un silence gêné de plusieurs minutes, avant que quelqu’un ait l’audace de proposer d’inventer 2 nouveaux démons importants que l’on aurait oubliés, pour finir par le retour improbable du seigneur de la terreur. C’est en substance ce qui constitue la progression de diablo III. Si son inventivité ne se distingue pas, il est narré avec brio, notamment à l’aide de magnifiques scènes cinématiques qui viennent ponctuer la progression, d’un doublage de grande qualité de tous les personnages, même les secondaires, et surtout d’une encyclopédie de l’univers, présente dans le jeu à travers une foule de parchemins, extraits audio vous en apprenant un peu plus sur le monde de sanctuaire, les cieux et les enfers.

De la même manière, s’il est normal que les musiques qui restituent remarquablement l’ambiance de la série soit sensiblement identiques, les nombreux bruitages sont strictement copiés/collés du 2nd volet. Enfin, le trop grand nombre de lieux/personnages/clins d’œil scénaristiques qui font références au précédent titre empêchent diablo III de dégager une personnalité propre et donnent l’impression d’une volonté de mimique maladroite.

Diablo III - Screenshot 19
Le moine, l'une des nouvelles classes de Diablo III.

Le titre propose en outre au joueur d’incarner 5 classes, le sorcier (nouveau nom du magicien) et le barbare comme dans le précédent volet, le moine qui s’apparente au paladin par la gestion des auras et des soins, le chasseur de démon qui nous rappelle beaucoup l’amazone, et le féticheur qui ressemble énormément au nécromancien. Votre avatar pourra toujours comme dans le précédent jeu être assisté dans sa tâche par un compagnon que vous pourrez équiper, et vous aurez le choix ici entre le brigand, l’enchanteresse, et le templier. Le jeu se montre enfin toujours aussi jouissif à jouer, les combats sont nerveux et le bestiaire varié.

On peut se demander si le jeu pouvait réellement faire autrement que d’être très similaire sur ces points à son grand frère. La réponse est sans équivoque oui, puisque ce 3ème opus vient apporter des changements à des systèmes qui auraient gagné à être identiques.

Ce qui change

Diablo III - Screenshot 10
Je vais te sauver templier!

Vous disposez une fois votre personnage monté d’une quinzaine de compétences, dont seulement quatre peuvent être actives en même temps. De plus, une dizaine de runes par compétence permettent de les personnaliser en ajoutant un effet particulier, comme augmenter les points de vie rendu par un soin, ou encore la vitalité sur une aura de régénération de vie.

Le jeu possède également des niveaux bien plus vastes que dans les précédents épisodes. Vous devrez souvent trouver une entrée perdue dans un territoire qui sera régulièrement généré aléatoirement par le titre, fournissant une expérience unique au joueur. Si vous prenez le temps de l’explorer convenablement, vous tomberez dans les coins les plus reculés sur des monstres élites, qui bien que plus résistants, vous fourniront des équipements plus rares.

En revanche, le jeu suit à notre grand regret l’exemple de World of Warcraft en tendant vers une simplification extrême de la progression du personnage. A la trappe la gestion par les potions de la mana, le jeu gère maintenant seul les ressources. Fini les arbres de talents, le jeu nous propose d’en choisir 3 parmi une quinzaine. Il n’est plus en votre pouvoir non plus de décider de l’attribution des points de caractéristiques.

Alors bien sur il est certain d’obtenir un personnage unique à l’aide d’un build de compétences/runes/talents bien précis, mais il n’est plus possible de rater son personnage, et une grande partie de la dimension RPG du jeu passe à la trappe. Je me souviens de mon premier personnage sur DII, un nécromancien catastrophique, incapable niveau 17 de tuer le boss de l’acte I.

Diablo III - Screenshot 23Des artisans font aussi leur apparition, l’un joaillier qui vous permettra d’avoir de belles gemmes pour sertir vos équipements, et l’autre un forgeron, qui vous proposera de créer des items via des éléments d’armures magiques que vous lui aurez donné à recycler.

Mais s’il est un élément qui fâche, c’est sans conteste l’obligation de jouer en ligne sur les serveurs européens de blizzard, alors que c’est un titre qui peut tout à fait se déguster en solo. Même si l’on pardonne les soucis de connexion lors de la sortie, cela reste un gros point noir du soft.

Une réalisation de haute volée

Diablo III - Screenshot 4
Le morbide a-t'il déjà été aussi artistique?

Après un développement de plus d’une décennie, je ne surprendrai personne en annonçant que Diablo III est dépassé techniquement. Il reste néanmoins magnifique grâce à une direction artistique magistrale. Les environnements se succèdent comme autant de tableaux de maître, chacun ayant une personnalité propre et dégageant différentes émotions. Un calme mortel s’abattra alors que vous visiterez des cimetières brumeux tandis qu’une excitation féroce vous animera sur les champs de bataille sanglants. Dans tous les cas, le jeu flattera la rétine tant par son design que par ses couleurs. Blizzard à le chic pour faire des jeux qui vieillissent bien, et il y a la fort à parier que diablo III restera longtemps un standard comme une écharde dans le pied de ceux qui ne jure que par la finesse des textures.

Miser tout sur la direction artistique permet en outre au jeu de tourner sur les configurations les plus modestes, et de s’épargner toute chute de framerate alors que l’écran sera littéralement surchargé de monstres. Si on veut vraiment être tatillon, on pourra juste reprocher à l’animation d’être un poil rigide, mais rien d’alarmant.

Et le contenu ça donne quoi?

Diablo III - Screenshot 20C’est sur le sujet de la durée de vie que le titre de Blizzard peut faire polémique. Si la campagne solo, est vaste, les 4 actes du jeu s’enchainent à toute vitesse, sans laisser le temps au joueur d’appréhender correctement les différents objectifs et les nombreux boss. Mais s’il suffit d’une quinzaine d’heures pour voir le bout de l’histoire, il est impensable de s’arrêter la. D’une part votre personnage n’aura pas débloqué tous ses talents et runes, mais surtout, le jeu nous encourage à revenir tâter les modes de difficultés supérieures (cauchemar, enfer et armageddon), avec 3 autres amis. De plus, ce 3ème volet est tout bonnement addictif, dégommer les monstres à la chaine et farmer un bon équipement étant des loisirs extrêmement chronophages. A l’heure ou j’écris ces lignes, j’ai déjà passé plus de 40 heures sur le jeu, et je ne m’en lasse toujours pas, alors que j’ai déjà bouclé la campagne 3 fois et que je ne suis pas du genre patient.

Et si vous n’êtes toujours pas rassasiés, le studio américain va enrichir son projet d’une facette joueurs contre joueurs, qui n’était malheureusement pas finalisée au moment de la sortie.

Alors, au final, une attente justifiée?

Si Diablo III  est un jeu qui vaut largement d’attendre la fin d’un développement poussif, il n’est malheureusement pas suffisamment armé pour répondre aux espoirs exacerbés par 10 ans d’attente des joueurs. Si le jeu se révèle excellent sur bien des points, il souffre de la rivalité avec son aîné et n’arrive pas a se hisser à son niveau, la faute à une simplification du système de jeu et à un scénario un peu faiblard. Mais la barre était tellement haute que le titre reste une production formidable, à la fois magnifique, prenant et disposant d’une rejouabilité hallucinante.