Au fil des années, Capcom est devenu la référence en matière de cross-over, encore meilleur que Law & Order ou les Experts. Le studio a pris l’habitude d’exploiter ses licences jusqu’à la moelle avec des SNK vs Capcom, Namco X Capcom, Marvel vs Capcom, plus récemment Ultimate Marvel vs Capcom et maintenant, Street Fighter X Tekken. Nous l’avons testé en long et en large, avec ses bugs, son solo et son multi.

Street Fighter et Tekken

Ken et Ryu Vs. Yoshimitsu et Paul. C’est l’une des affiches que propose ce cross-over entre les deux séries, Street Fighter d’un côté et Tekken de l’autre. Au total, 38 combattants qui se partagent à parts égales entre les deux licences. Auxquels s’ajoutent 12 autres personnages payant, ce qui est tout simplement scandaleux, n’importe qui pourra volontiers critiquer ce modèle économique particulièrement douteux. Si c’est honteux, c’est loin d’être indispensable pour profiter du jeu, entre Heihachi, Nina, Julia, Law, Kazuya, Chun-li, Sagat, Cammy, Vega, Zangief, Guile et j’en passe, il y a largement de quoi faire.

Duos de choc

Toutes vos parties se font avec 4 personnages, un 2 vs 2 salvateur qui rajoute une dose de stratégie, en effet, il suffit qu’un seul soit mis K.O. pour que le combat prenne fin, et en même temps, votre jauge de santé est composée en réalité de deux jauges, la santé réelle et ce que le personnage peut récupérer lorsqu’il se repose. Il faut donc switcher aux bons moments pour que vos persos reprennent leur souffle. Les habitués de Street Fighter IV prendront vite leurs marques, graphiquement, c’est comme SFIV, les personnages 3D de Tekken ont plutôt bien réussi leur passage dans l’univers 2D. Pour le reste, les effets sont toujours aussi jolis et les cinématiques dessinées agrémentent l’ensemble. Le moteur graphique supporte toujours très mal les moments figés, ne vous fiez pas trop aux screenshots qui mettent en évidence de nombreux défauts esthétiques qui ne sont pas visibles en pleine action.

Cross Ultra Ex Combo Special Art

Car de l’action, il y en a. Beaucoup plus que dans les précédents volets. Le gameplay reprend les principes fondamentaux de Street Fighter IV auxquels s’ajoutent le 2 vs 2 qui est en fait, un 1 vs 1 mais où on a l’occasion de faire du 2 vs 1 lorsque l’on fait les bons combos. Vous me suivez ? C’est très important car par conséquent, il devient l’un des premiers jeux, si ce n’est le premier jeu de combat sur PC, à proposer du jeu sur même écran jusqu’à 4 joueurs. Alors certes, il y en a qui glandent, typiquement, ça ressemble à un groupe de travail, il y en a toujours un qui fout rien. A part ça, il est vrai qu’il n’y a pas vraiment de dépaysement. Il y a toujours 6 boutons, coup de pied ou de poing, léger, moyen ou fort, des coups spéciaux, des coups spéciaux EX et des Ultra Combos renommés pour l’occasion en Special Arts. Les commandes ont été simplifiées, en fait, exit les quarts de cercles souvent fastidieux à maîtriser pour les nouveaux, ces mouvements sont remplacés par des enchaînements plus longs avec le pad et les boutons. Faut-il parler de vraie simplification ? Pas vraiment : les bons joueurs ont la tâche facilitée car ils maîtrisent des mécaniques nettement plus complexes et ont la rapidité acquise avec l’expérience quand le p’tit nouveau s’échine seulement à comprendre ce qui lui arrive dans une cascade d’effets spéciaux qui viennent lui exploser la rétine. Au final, il n’y a pas vraiment de public, les expérimentés gueulent parce que le skill est moins mis en avant, les débutants pleurent car ils ne veulent pas se taper des heures et des heures de training pour maîtriser au final les enchaînements de deux personnages. Vous me direz, ça fait toujours un de plus que dans les précédents volets.

Un gameplay qui ne plaira pas à tout le monde

Bref, on ne gagne pas grand-chose hormis l’arrivée des personnages de Tekken qui ne sont pas fréquents sur PC. Il y a aussi des détails de gameplay qui interpelleront comme les Cross Arts (Special Arts à 2) et les Cross Assault (2 vs 1) ou encore le mode Pandora qui sacrifie un personnage pour donner plus de puissance à l’autre. Malheureusement, il faut bien avouer que le studio a donné le bâton pour se faire battre, outre le vrai-faux DLC de 12 personnages que Capcom n’a pas osé faire l’affront de mettre sur la galette comme c’était le cas pour les consoleux (risques de piratage obligent), il y a des mécaniques qui ont été ajoutées et qui ne servent strictement à rien. C’est le cas des gemmes, celles-ci octroient divers bonus aux combattants comme des dégâts augmentés ou des commandes simplifiées. Bien souvent, cela s’avère n’être que des gadgets qui parfois, nous oblige à apprendre de nouvelles commandes. En effet, pour un même coup spécial, il y a trois enchaînements différents, la version normale, la version simplifiée et la version ultra simplifiée. Autant dire que le noob écarquille les yeux en découvrant ces tableaux. Des tableaux qu’il ne faut pas oublier de multiplier par 38 histoire de. Voire 50, soyons fous !

Sauvé par Tekken

Voulez-vous vraiment que nous en rajoutions une couche ? Parlons du netcode foireux adepte des bounces (téléportation du personnage) alors que le studio aurait pu repomper celui de Street Fighter IV qui fonctionnait bien. Forcément, ce n’est pas le scénario du solo qui va retenir les joueurs alors nous sommes en droit d’espérer un multi qui fonctionne correctement. Tant pis, arrivés à ce constat, de nombreux joueurs seront retournés, à raison, sur Street Fighter IV. Les plus persévérants, qui veulent des explosions à tous les coins de l’écran et surtout, du fun plutôt que de l’e-sport trouveront alors leur plaisir au bout d’une bonne dizaine d’heures (pour les joueurs expérimentés). Car Street Fighter X Tekken a aussi des atouts, d’une part les personnages de Tekken qui ont des movelists sympas et leurs actions visuellement, sont bien plus agréables que ceux de Street Fighter. D’autre part, le contenu conséquent, si l’on fait exception du solo qui, pour être intéressant, oblige à choisir les duos programmés par les développeurs (pour rencontrer le duo rival et pour avoir des cinématiques mettant en scène les deux personnages), nous retrouvons aussi le classique mode Versus, des défis et le multi dont Capcom a promis d’apporter des corrections dans le courant du mois. Il y a moyen de se faire plaisir, et en même temps, il faut être motivé pour faire tomber des barrières qui n’existent pas sur un Street Fighter IV par exemple. Toutefois, c’est le résultat d’une volonté de la part des développeurs d’ajouter des contenus nouveaux (gemmes, duo, personnages de Tekken), ce que nous ne pouvons que saluer.