Jeu vidéo / Guild Wars 2

Date de sortie
Développeur
ArenaNet
Éditeur
NCsoft
Moteur
-
Mode de jeu
Type de jeu
MMORPG
-

Test de Guild Wars 2

Annoncé en 2007, Guild Wars 2 est enfin sorti. Après un lancement chaotique comme le veut la tradition, les choses rentrent progressivement dans l’ordre. Un contexte idéal pour notre test puisque nous pouvons aisément pardonner les erreurs de démarrage pour nous concentrer sur l’avenir. Découvrons ce Guild Wars 2 qui, sans révolutionner le genre, donne quand même un sacré coup de pied dans la fourmilière.

Des évènements à la volée

Guild Wars 2 - Screenshot 15
Un groupe pourra se former de manière totalement naturelle

La Tyrie a bien changé depuis les évènements de Guild Wars qui ont eu lieu il y a quasiment trois siècles. Et pour cause, exit le modèle CORPG lancé par ArenaNet, le studio américain se tourne vers MMORPG « traditionnel ». Toutefois, Guild Wars 2 est bien décidé à bouleverser certains codes dont le plus évident est la vie en communauté. ArenaNet snobe l’habituel système de missions que l’on a coutume de remplir seul et qui provoque fréquemment un état d’énervement indescriptible lorsqu’un enfoiré de freerider de joueur vient nous voler le superbe stuff que nous méritions.

Guild Wars 2 - Screenshot 16
Les évènements donne du dynamisme à l’univers

Dans Guild Wars 2, les objectifs sont zonés et tout doit se faire en groupe, un groupe qui n’a pas forcément besoin d’être officiel. Durant toutes vos pérégrinations, vous obtiendrez régulièrement des objectifs de zone représentés par un cœur (vide quand il n’a encore jamais été atteint, plein pour l’inverse) sur la carte. Pas besoin de tergiverser lors d’une longue discussion avec un PNJ bien qu’il faudra parfois en passer par là pour avoir plus de détails, toutefois la quête se lance toujours automatiquement et vous pouvez alors remplir votre jauge de contribution personnelle en remplissant les diverses tâches qui vous sont proposées. Pas besoin de faire la course avec les autres joueurs, même si l’un d’entre eux vous pique un objet que vous deviez rapporter, vous avez déjà commencé à remplir votre jauge en tuant le mob qui détenait l’objet. C’est plus ou moins efficace selon la densité de population réalisant la quête, il arrive parfois qu’il faille attendre le spawn des items ou mobs pour réussir mais cela reste assez rare. Une fois la quête terminée, vous récupérez XP, or et karma (une monnaie permettant l’achat d’objets un poil plus intéressant que chez l’armurier du coin) et le combat en groupe s’en trouve ainsi valorisé que chacun accomplit ses exploits et en obtient immédiatement les mérites, impossible de se sentir floué, le loot peut apparaître pour plusieurs joueurs sur le même mob et chacun ramassera son dû.

Guild Wars 2 - Screenshot 17
Certains objectifs vous feront oublier que vous avez une épée

Ce système est encore plus convaincant avec les évènements mondiaux, ces évènements sont nombreux et plus ou moins important. Ils peuvent se réaliser en de nombreuses phases comme ils peuvent être très rapides. Il pourra s’agir d’éliminer un boss titanesque ou libérer une zone pour accéder à une autre. Dans le fond, cela ressemble aux objectifs de zone sauf que la progression y est ici collective. Ne négligez pas pour autant votre participation qui sera récompensée directement et indirectement. Directement par vos actions, tous vos actes rapportent de l’expérience : éliminer un mob, soigner un allié, ramasser des ressources, réparer des objets ou à l’inverse en détruire. Même l’exploration est récompensée (découverte de zones, de panoramas et de téléporteurs). La récompense est aussi indirecte par l’évaluation de votre contribution à la fin de l’évènement, les joueurs présents dès le déclenchement de l’évènement auront ainsi plus de gain que les clampins tombés dans l’action par hasard.

Guild Wars 2 - Screenshot 20
Quel bordel !

ArenaNet s’est en plus efforcé de nous proposer des missions variées qui ne tournent pas systématiquement autour de l’éradication pure et simple de toute vie dans la zone. Il faudra voler des items, faire preuve de persuasion, provoquer la panique, réparer des constructions, rapporter du matériel. Et le travail du studio ne s’arrête pas là, les conséquences de ces évènements se font sans attendre, une zone dominée par des ennemis peut se retrouver inaccessible en téléportation, des PNJ peuvent disparaître, parfois, c’est même des lieux entiers qui pourront se retrouver bloqués si vous n’intervenez pas. Au final, ce système est propice à l’exploration et ôte toute sensation de farming, même ramasser des ressources peut être fait à l’occasion d’un évènement ou objectif de zone. Alors on découvre Tyrie et on se bat pour finir chaque zone à 100% et obtenir des récompenses très intéressantes pour son personnage. D’ailleurs, il sera possible de revenir dans une zone à faible niveau pour la terminer sans avoir la frustration de se battre contre des mobs qui ne rapportent rien car le jeu réduit votre propre level en fonction du lieu dans lequel vous êtes. En définitive, vous gagnez seulement légèrement moins de points que si vous étiez dans une zone de votre niveau. Si bien que si un ami à vous débarque 3 semaines après la sortie du jeu, vous pourrez le « parrainer » avoir à vous le traîner comme un boulet.

Et une trame

Guild Wars 2 - Screenshot 19
Lors de la création, vous pourrez vous constituer une sorte d’alignement

Vous vous en doutez, Guild Wars 2 vous permet aussi de suivre une trame personnelle liée à votre race et à certains choix scénaristiques sélectionnés durant la création de personnage. On l’a déjà vu dans SWTOR et on sait que cela s’intègre difficilement dans un contexte massivement multijoueur. Ici, le jeu ne déroge pas à la règle, la trame personnelle est probablement la séquence la plus chiante du jeu. Le point positif est que l’on suit l’histoire d’autres personnages et que nous ne sommes qu’un « figurant » (néanmoins essentiel) qui prends de temps à autres quelques décisions (voie A ou voie B ?). L’approche de la trame est aussi amenée différemment selon l’histoire que vous avez déterminée lors de la création de votre personnage. En revanche, cela n’est pas assez significatif pour pouvoir pardonner les défauts.

Guild Wars 2 - Screenshot 18
Les dialogues sont chiants à mourir

On se tape des dialogues d’une monotonie déconcertante. Vous pouvez être amené à entendre le même doubleur que dans la quête précédente alors qu’il incarnait un autre PNJ, ce qui ne nous laisse pas le temps d’oublier. De plus, c’est vos propres dialogues qu’il faut vous farcir sans que vous, en tant que joueur, vous n’ayez quoi que ce soit à redire. Heureusement, en un clic vous pouvez vous épargner cela et passer aux quêtes qui ne sont néanmoins pas plus intéressantes à quelques exceptions près. Bref, c’est le même défaut que dans SWTOR sauf qu’ici, le joueur peut carrément décider de ne pas faire la trame, cela ne gênera en rien votre progression, il y a déjà suffisamment de quoi faire. Le seul inconvénient est que vous n’accéderez pas à certains coins de la map si bien que des zones ne seront jamais complétées à 100%. Franchement, faites passez à la trappe tous les dialogues et ça ira bien comme ça.

Du PvP au WvWvW

Guild Wars 2 - Screenshot 21
Les combats ont lieux sur terre et sous les eaux

MMORPG oblige, nous retrouvons sans surprise du PvP. Appelé « PvP structuré », il s’agit de l’affrontement de deux équipes de huit joueurs qui sont automatiquement levés au niveau maximal et toutes les compétences leurs sont débloqués. Il n’y a plus qu’à se friter sur l’un des quatre champs de batailles disponibles. Le PvP est totalement cloisonné avec le reste du jeu, toutes vos actions dans ce mode n’ont aucune incidence dans votre partie. Cependant, y jouer donne une seconde vie à votre personnage car vous obtenez des objets indépendamment du PvE ainsi que des points de Gloire à dépenser pour améliorer votre équipement PvP. C’est très classique, sympa à faire de temps en temps surtout lorsqu’on a un petit groupe avec soi.

Guild Wars 2 - Screenshot 22
Chaque classe peut jongler entre des armes de corps à corps et des armes à distance

Le plus intéressant n’est franchement pas là sinon dans le mode World versus World qui est en fait une guerre ouverte entre non pas deux mais trois serveurs avec une rotation des adversaires chaque semaine. Ce mode constituerait une zone à lui tout seul dans Tyrie, on y trouve moult places fortes à capturer. L’objectif final est bien entendu d’être le meilleur serveur des trois en sachant que le nombre est loin de faire la force. Les joueurs découvrent une large zone centrale à capturer, plus qu’une simple course vers toutes les forteresses, il faudra aussi tenir compte de l’exploitation des ressources et de l’obtention de celles-ci via des camps à protéger et des caravanes à escorter. Cela permettra alors de renforcer les donjons, de fabriquer des armes de sièges pour attaquer les châteaux adverses etc.
Lorsqu’un serveur domine, il obtient des bonus pour l’ensemble des joueurs du serveur via la capture de reliques. Lors des premiers jours, une bonne organisation permettait de finir victorieux sans faire trop d’efforts, par exemple en montant un bon groupe en pleine nuit, vous ne rencontriez alors aucune résistance. Ce n’est pas glorieux mais cela finissait souvent comme cela et selon l’âge des serveurs, l’implication des joueurs y est plus ou moins grande. C’est ainsi que le serveur Roche de l’Augure qui fut le dernier serveur FR du week-end de lancement à démarrer se retrouve à la traîne face à Place de Vizunah et Fort Ranik qui sont un poil plus structurés. Mais cela tient de l’anecdote, dans un bon mois, c’est le boulot des guildes qui feront vraiment la différence plus que des initiatives personnelles organisées plus ou moins à l’arrache en pleine nuit.

Un gameplay qui n’est pas celui de Guild Wars

Guild Wars 2 - Screenshot 23
5 races sont présentes sans conséquence réelle sur le gameplay

Une nouvelle fois, le système de combat de Guild Wars 2 ne révolutionne pas le genre et opte pour des affrontements interactifs avec esquive active. Cependant, la barre de raccourcis est limitée, d’abord, il n’y en a qu’une, ensuite, cinq actions sont fixes (dont le coup de base de votre ou vos armes). Nous pouvons divisés ces actions en trois catégories : le fameux coup simple, deux pouvoirs pour votre arme principale, deux pouvoirs pour votre item secondaire. L’item secondaire peut être de plusieurs formes : un bouclier, un focus, un cor de guerre, une autre arme etc.). Souvent, les pouvoirs de votre second objet dépendront du premier. Cela permet de différencier votre personnage des autres, évidemment, il y a des combos nettement plus sympas que d’autres et il y en a qui peuvent cartonner avec d’autres joueurs. Vous pouvez aussi préparer deux configurations d’armes dont il faut abuser en combat pour ne pas avoir à rester constamment sur l’attaque de base.

Guild Wars 2 - Screenshot 24
Vous pouvez avoir jusqu’à 5 personnages en même temps, ensuite, il faut payer

Enfin, il y a cinq autres pouvoirs à choisir manuellement après les avoir débloqués parmi les compétences de notre classe : guerrier, nécromancien, élémentaliste, rôdeur, gardien, voleur, envoûteur et ingénieur. Rien de renversant, vous gagnez des points de compétences que vous dépensez. Vous gagnerez aussi des points d’aptitudes qui améliore les caractéristiques de votre personnage et peuvent aussi vous octroyez plusieurs bonus : bonus d’attaque avec deux armes, réduction du délai entre changement d’armes, réduction du temps avant de pouvoir utiliser des pouvoirs… C’est avec ces aptitudes que vous choisirez un véritable rôle à votre personnage car dans Guild Wars 2, il n’y a pas de DPS, de healer ou autre à proprement parlé. Chaque joueur peut le devenir en changeant ses armes, ses pouvoirs et éventuellement son équipement s’il veut optimiser tout cela au poil. Si bien que l’on a beau être souvent en groupe, le joueur en lui-même reste très indépendant : il peut se soigner tout seul par exemple. Après une semaine de jeu, difficile de dire si la notion de groupe et les dépendances entre les classes sont vraiment présentes, il faut voir à long terme et surtout en WvWvW.

Guild Wars 2 - Screenshot 25
Attention, boss en vue !

Du côté des races, votre choix sera purement esthétique, quelques compétences à débloquer une fois la partie bien avancée distingueront les cinq races mais pas de quoi créer une frustration chez le joueur si ces compétences ne plaisent pas. Prenons quand même le temps de citer les races disponibles : il y a les Humains, les Norns, les Charrs, les Asuras et les Sylvaris. Vous pouvez pour tous choisir votre sexe et définir votre apparence physique, la personnalisation est loin d’être très poussée et le jeu sombre vite dans les extrêmes. Par exemple, les femmes ont des poitrines énormes et ont des visages diablement laids. Il faut batailler ferme pour réussir à trouver une coupe de cheveux qui ressemble à autre chose qu’un meshe qui s’enfonce dans le corps du personnage. De toute façon, en plein combat ou même quand la situation est calme, le niveau de zoom est insuffisant pour voir vraiment les détails de son perso.

Les bonnes vieilles mécaniques : l’artisanat et les guildes

Guild Wars 2 - Screenshot 26
Le level design est réussi

Les joueurs de Guild Wars 2 dispose d’un système d’artisanat qui, sans innover dans la forme, se démarque par un système d’expérimentation. Il est évidemment possible d’acheter aussi des recettes de grand-mère pour s’éviter des destructions malheureuses de ressources. Toutefois, l’artisanat est pour le moment mis à défaut, la faute à la maison des enchères qui n’est pas totalement en place. Tout ça est relié au comptoir qui merdouille pas mal. Bref, le système économique de Guild Wars 2 est dans la panade.
Globalement, ce sont tous les systèmes communautaires qui ont été lancé à la va-vite. Il est bien possible d’intégrer une guilde, même plusieurs, et vous pourrez alors décider de laquelle vous souhaitez représenter officiellement mais une partie des options dédiées aux guildes ne fonctionnent pas et il y a un cruel manque d’informations avec les autres joueurs de sa guilde lors des situations de combats.

Une réalisation vieillotte

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Certains défis sont ailleurs que dans les combats, comme avec ce panorama

Terminons avec la réalisation de Guild Wars 2. Il faut bien l’avouer, le moteur est techniquement daté. L’avantage est que le jeu tourne sur des configs vraiment modestes. L’inconvénient est que l’on éprouve quelques difficultés à s’extasier devant un panorama malgré un level design souvent sympathique. Les textures sont grossières et les animations manquent parfois de dynamisme. En revanche, ArenaNet a tout misé sur la beauté des sorts, les effets pyrotechniques vous en foutront plein les mirettes. C’est simple, lors d’un combat, vous ne voyez plus rien à l’écran, un simple mouvement de hache suffit à provoquer une traînée rougeâtre, le moindre sort provoque une cascade d’explosions. C’est beau et toute cette animation rend euphorique.
Toutefois, cette cacophonie ne sert pas le gameplay, c’est carrément le bordel, on ne sait pas qui attaque qui et qui va être attaqué. Difficile de savoir qui a besoin d’aide et impossible d’appeler intelligiblement au secours. On ne comprend rien et il n’est pas toujours évident d’avoir la certitude que ne nous tapons pas bêtement à côté de notre cible. Autant dire que l’organisation pour enchaîner les combos entre plusieurs joueurs est un défi constant.

Chouette mais quel avenir ?

Guild Wars 2 - Screenshot 28
Bien sûr que j’y vais !

Si nous faisons l’impasse sur la technique pas toujours au rendez-vous et les quelques bugs qui vont disparaître au fil du temps, Guild Wars 2 est capable de beaucoup. Complet, avec des environnements variés et des quêtes qui se déclenchent automatiquement, le nouveau jeu d’ArenaNet a indubitablement de quoi plaire. Néanmoins, Guild Wars 2 n’emprunte que le background de Guild Wars, le gameplay a bien changé lui, fini le temps où l’on recherche la combinaison parfaite (classe/stuffs/buffs). C’est nettement plus accessible et pas forcément un mal, le studio se positionne clairement sur un créneau où il tente de séduire des joueurs plus casuals, au détriment certes des premiers fans de Guild Wars. Néanmoins, le mode WvWvW est destiné à ces joueurs là, ce sont les plus assidus qui réussiront à porter leur serveur vers les sommets. Si concrètement, nous passons moins de temps dans la réflexion, c’est pour en passer davantage dans l’action. Et quelle action ! Finalement, l’orientation de Guild Wars 2 est très claire et tout a été établi dans un seul sens.

Guild Wars 2 - Screenshot 29
Lancé de vache

Les inconnus au final sont tout autre, d’abord la vitesse de correction des bugs et la mise en place de systèmes intégrés au jeu (comme le Comptoir) qui, si elle est trop lente, pourrait lasser des joueurs qui ont déjà du mal à être convaincu par le jeu d’ArenaNet. Ensuite, c’est la capacité du studio à proposer des mises à jour de contenu, pour le moment enfermé dans un mutisme total, difficile de faire autre chose que des plans sur la comète. Enfin, il faudra voir si les serveurs de débordement (qui permettent de jouer même lorsque votre serveur est plein) peuvent être de moins en moins sollicités et donc réellement servir de solution de secours tel un groupe électrogène dans un hôpital plutôt que sous leur forme actuelle, c’est-à-dire quasiment des serveurs à part entière bien utile à ArenaNet pour palier à leur mauvaise stratégie (lors du dernier stress test, le studio avait décidé de supprimer plusieurs serveurs).
S’agissant d’inconnus, quelle influence sur la note : c’est un MMORPG qui va vivre dans le temps. Pour le moment, nous ignorerons cet houleux débat pour nous concentrer sur le résultat actuel qui est que nous avons un WvWvW qui a vraiment de la gueule, un univers sympa et accessible à tout type de joueurs, le tout avec un modèle économique qui a rendu heureux bon nombre de gamers. Comment jeter la pierre ?