Jeu vidéo / Of Orcs and Men

Date de sortie
Développeur
Cyanide Studio
Moteur
-
Mode de jeu
Type de jeu
RPG
-

Test d’Of Orcs and Men

Quand Of Orcs and Men fut annoncé, j’ai eu une attention toute particulière pour ce jeu, beaucoup dirons que nous appelons cela du chauvinisme. Et c’est sûrement le cas ! Il y a que son univers titille, il nous montre quelque chose d’aussi sérieux et grave que le background de The Witcher. Après, nous ne pouvons pas oublier que c’est un budget bien en dessous des super productions et qu’en terme de game design, c’est le jeu d’aventure pur qui prime sur le jeu de rôle.

Orcs Vs. Men

Of Orcs And Men - Screenshot 5
Un duo de choc

Sur le continent Isérien, l’Empereur humain Damoclès malmène les peaux vertes, Orcs et Gobelins sont réduits en esclavage. Les premiers étant taillés pour le combat, ils mènent une résistance farouche. On comprend vite le parallèle qui avait été fait par les développeurs avec la seconde Guerre Mondiale. Bref, la guerre terminée, elle a été suivie de l’édification par les Humains d’un gigantesque mur séparant les terres du sud où se trouve les Orcs, et le nord où sont les Humains. Oui les mauvaises langues, c’est Game Of Thrones avec les pôles inversés.
Nous incarnons deux personnages, Arkaïl, un Orc, et Styx, un Gobelin. Deux personnages au pedigree qui ferait bondir de nombreux politiques à notre époque. Pour ces deux anti-héros, leur réputation les précède, l’un est connu comme le Boucher de Bay Harbor, l’autre comme le seul être intelligent de son espèce, je vous laisse deviner lequel est lequel. Ensemble, ils vont parcourir un long voyage avec pour objectif, la libération des peuples.

Un univers loin du manichéisme habituel

Of Orcs And Men - Screenshot 6
Oui Of Orcs and Men est particulièrement linéaire

Dans l’approche psychologique des personnages et des factions, il y a clairement une inspiration des jeux mâtures du genre (The Witcher et GoT), de part et d’autre il y a des traitres, des alliés, des individus qui en ont strictement rien à foutre et des profiteurs. Tout ce beau monde va avoir une influence positive ou négative sur le périple de nos deux compagnons de fortune. De fortune car ni l’un ni l’autre n’a vraiment choisi son destin. Le premier a été désigné comme le meilleur soldat du clan des Bloodjaws et a pour mission d’assassiner le roi, le second est le passeur qui doit faire traverser le mur à Arkaïl contre des pièces sonnantes et trébuchantes. Ils ne s’aiment pas et ils se le disent, les développeurs ont saisi avec brio la carte du duo comique, les dialogues sont particulièrement cinglant et le tout est parfaitement porté par le travail des doubleurs et par une bande son sympathique.
Toutefois, ne perdez pas ça de vue, il s’agit d’un jeu d’aventure, il n’y a pas d’exploration sinon quelques choix à prendre entre différents embranchements et surtout, il n’y a qu’une fin ! Ou plutôt, le début d’une histoire puisque celle-ci devrait être en trois parties si tout vas bien. Le jeu est donc linéaire à souhait, fait de lieux composés d’une ou plusieurs missions entrecoupés de cinématiques et de dialogues piquant tandis que le gameplay ne propose aucune rejouabilité.

Un gameplay simple

Of Orcs And Men - Screenshot 7
Pris de rage, Arkaïl se veut très violent

Vous vous y attendez, Of Orcs and Men est un jeu particulièrement dirigiste, les dialogues dont le système ressemble à celui de Mass Effect ne surprend pas, il s’agit juste de les écouter et de profiter. Ils n’influenceront pas drastiquement votre parcours, quelques détails changeront, pas de quoi justifier de refaire une nouvelle fois l’aventure.
Le système de combat quant à lui est similaire à celui de Game of Thrones, en fait, ils sont un peu frères tous les deux. Avant qu’un combat s’enclenche, si Styx fait preuve de discrétion, il pourra assassiner l’ennemi sans faire de bruit, pratique pour évoluer un peu plus vite dans la partie et ne pas se lasser immédiatement des combats. Lorsque vous êtes repérés, vous pouvez déclencher une pause à la différence par rapport à un Dragon Age que cette pause ralentit le temps, il ne le stoppe pas totalement. Vous choisissez alors vos actions (jusqu’à quatre actions) avec plus de sérénité et pour chacun des protagonistes. La brute d’Arkaïl possède deux roues de compétences, l’attaque d’un côté, la défense de l’autre tandis que Styx peut opter pour le combat à distance ou au corps à corps. Il existe une troisième roue qui est en fait des compétences combinant les deux personnages, par exemple, Arkaïl pourra chopper Styx par le futal et le balancer sur l’ennemi.

Un gameplay plus tactique qu’il n’y paraît

Of Orcs And Men - Screenshot 8
Styx use de sa furtivité pour réduire les effectifs ennemis

Cela n’a l’air de rien, mais il y a une grande part de stratégie lors des affrontements et une complémentarité plus subtile qu’il n’y paraît entre les deux personnages. D’abord, l’un et l’autre peut relever son allié mis au tapis, ensuite, le Gobelin fragilise l’ennemi quand l’Orc les massacre. Rien qu’en mode normal, les combats s’avèrent difficiles car si les Humains sont plus faibles physiquement que les Orcs, ils sont néanmoins beaucoup plus nombreux. Il faut donc bien maîtriser son combat et repérer les ennemis qui peuvent créer une faiblesse dans votre duo.
Et il faut faire avec un élément plus ou moins incontrôlable, la rage qui habite Arkaïl, l’Orc peut en effet passer en mode berserk durant lequel ses coups sont plus puissants mais où il baisse sa garde. A ce moment-là, vous ne pouvez contrôler que Styx. La rage de l’Orc est symbolisée simplement par une jauge qui se remplit lorsque l’on réalise des actions offensives et lorsque l’on subit des dégâts. En plaçant Arkaïl sur la défensive, on évite la crise jusqu’au moment propice où sa rage pourra faire des ravages. C’est d’autant plus important que s’il passe en berserk au mauvais moment, il pourrait tabasser notre bon vieux Styx et lorsqu’il reviendra à son état normal restera inactif plusieurs secondes laissant livré à lui-même notre Gobelin. Pire, il pourrait carrément s’écrouler au sol et autant le dire, Styx ferait mieux de prendre ses jambes à son cou.

Of Orcs And Men - Screenshot 9
L’arbre de compétence est clair et simple à comprendre

Tactiquement, c’est intéressant, toutefois, le tableau est sali par une intelligence artificielle déficiente. Par exemple, un groupe qui fait une ronde ne s’étonnera pas de voir des cadavres sur le sol, ils continueront leur route comme si de rien n’était. La conséquence qui en découle est que vous ne pouvez pas vous amuser à faire des embuscades, vous pourrez toujours tenter d’attaquer furtivement mais n’imaginez pas des bonus d’attaques à l’instar d’un Dragon Age.

Une inactivité oppressante

Of Orcs And Men - Screenshot 10
Si les PNJ bougeaient un peu plus, Of Orcs and Men gagnerait en immersion

On peut faire abstraction des faiblesses du jeu en termes de gameplay si l’univers est convaincant. Malheureusement, le studio est tombé dans un travers connu des studios de RPG, celui des PNJ qui n’ont aucune activité et qui attendent patiemment que l’on vienne les alpaguer. Graphiquement, les personnages sont bien détaillés comme les pièces d’armures qui sont toutes uniques, en revanche ce n’est pas exceptionnel côté environnement et la profonde linéarité enlève tout plaisir à admirer un lieu cloisonné au possible. Cela gâche quelque peu l’immersion, c’est dommage car le scénario est intéressant et être du côté de ceux qui sont habituellement les « méchants » octroient un certain plaisir dans le jeu. C’est d’autant plus dommage que le studio semble avoir pris le parti de ne pas déranger le joueur avec des inventaires énormes ou un arbre de compétences complexes, en effet, il n’y a quasiment rien à ramasser, logique, le pantalon d’un Humain finirait en short façon Hulk sur Arkaïl. Cette rareté du loot rend chaque objet important, surtout qu’il s’agit là de la seule monnaie du jeu, il faudra faire appel au troc pour améliorer ses armes auprès de la Main Noire par exemple. Côté compétences, l’arbre prend la même forme que les roues lors des combats, aucun dépaysement et chaque compétence est bien décrite.
Pendant une vingtaine d’heures de jeu, vous allez peut-être souffrir avec un gameplay répétitif, un level design inégal et un gros manque d’interactivité avec les PNJ et l’environnement. Et en même temps, vous allez goûter à un duo tragi-comique réussi, un scénario intéressant qui tente de sortir des sentiers battus, en s’amusant d’un contexte qui n’est jamais tout noir ou tout blanc et un gameplay qui surprend avec son omniprésente stratégie alors que cela ressemble à bon gros beat’em’all. Son prix fera peut-être défaut mais c’est un jeu à découvrir à l’occasion.