Test de The Walking Dead Saison 1
This is the end. Cette saison 1 de la version jeu vidéo de Walking Dead qui avait commencé il y a huit mois s’est achevée. Telltale Games a transporté des hordes de zombies fans dans un genre étonnant, de quoi placer le jeu vidéo au rang du septième art. Vraiment, j’ai rarement vécu d’histoire aussi forte que celle proposée les scénaristes de Telltale Games sous l’œil avisé de Robert Kirkman, le créateur du comic.
Il y a des défauts

The Walking Dead Saison 1, c’est l’histoire d’un jeu que les joueurs observaient du coin de l’œil. Puis il est sorti, puis il a confronté les joueurs à ce qu’ils attendaient et en même temps redoutaient le plus : le choix. Clairement, nous n’avons pas là un jeu vidéo dénué de défauts, c’est un point and click qui n’apporte rien dans ce domaine, les puzzles sont mêmes d’une simplicité effarante, et pour cause, c’est souvent logique et le contexte zombiesque nous pousse surtout à être réactif plutôt qu’inventif. Bien sûr, nous pourrions aussi évoquer ses graphismes portés par un moteur qui se veut vieillissant, nous pourrions pointer du doigt les animations saccadées, ou encore les erreurs de mise en scène avec la porte d’une voiture qui se referme comme par enchantement entre deux plans. Pire, nous pourrions jouer les anglophobes en accusant Telltale Games d’avoir fait exprès de ne pas traduire son jeu. Ce serait alors mal connaître leur fonctionnement. Mais pour ceux dont la pratique de l’anglais leur donne de l’urticaire, voici une traduction communautaire imparfaite qui devrait vous satisfaire. Bref, je pourrai faire la liste des défauts de Walking Dead Saison 1, d’ailleurs, je viens de le faire en quelque sorte. Néanmoins, je ne peux pas descendre ce jeu qui m’a juste fait tomber à la renverse.
Lee, héros malgré lui

Walking Dead Saison 1 invite bien entendu les fans du comic et de la série à prendre part à une aventure dans l’univers créé par Robert Kirkman. Toutefois, n’importe qui peut y jouer, les références au comic, notamment les personnages que l’on croise, ne nous oblige pas à connaître le scénario de départ. Vous avez là une histoire parallèle dans laquelle vous allez prendre vos décisions et vivre quelque chose de très intense. Le lien entre le comic, la série et le jeu vidéo est ailleurs, il est dans cette analyse de l’humanité, le comportement que l’individu peut avoir dans une situation critique comme avoir des zombies à tous les coins de rue par exemple. Nous ne cherchons nullement à savoir ce qui a provoqué tout cela, nous ne cherchons pas de réponses, nous nous retrouvons face au plus élémentaire des besoins de l’homme : la survie. Et il est plus facile de survivre à plusieurs que seul. Vous êtes Lee Everett, votre histoire commence quand celle de l’humanité se termine, vous étiez dans le véhicule du sheriff avant que vous percutiez un marcheur. Vous avez tué dans votre passé, désormais, vous avez droit à une seconde chance. Votre envie de rédemption vous pousse à protéger une fillette de neuf ans, Clementine, que vous rencontrez au début de l’aventure. C’est un duo improbable entre un homme au passé sombre et une enfant qui n’aspire qu’à une seule chose, retrouver ses parents.
Durant tout votre parcours, votre groupe va fluctuer en nombre, l’eau va couler sous les ponts. Vous croiserez des individus détestables, d’autres formidables, vous vous direz qu’il y a encore de l’amour dans ce bas monde, mais aussi de la haine. Vous serez trahis quand d’autres vous feront preuve d’une inébranlable loyauté. La communauté se souviendra de vous, de vos mots, de vos gestes. Elle fera avec votre conscience, tantôt elle vous suivra, tantôt elle vous désapprouvera. Il n’y a jamais rien de tout blanc ou tout noir, d’ailleurs, pour le prouver, chaque épisode se termine par un affichage des statistiques des joueurs pour chaque décision importante et l’on remarque très vite que c’est souvent proche de la parité. En fait, pour réussir, il ne faut pas être attentif à son environnement et les zombies qui peuvent vous tomber sur la gueule mais sur l’ensemble des relations humaines, pas seulement les vôtres. Ainsi, vous pouvez être apprécié de deux personnes qui mutuellement se détestent. Il est quasiment impossible de tout gérer et certains évènements vous cloueront le bec, vous faisant pousser un WTF de tristesse, de colère ou tout simplement d’étonnement.
Des mécaniques au service du scénario

Toute la force de The Walking Dead Saison 1 réside dans sa simplicité en termes de gameplay. Il suffit d’un peu de logique pour progresser dans l’aventure et de savoir manier les QTE pour survivre. Pour le coup, les QTE sont accessibles pour le plus petit des enfants, deux touches seulement sont mises à contribution, toujours les mêmes, toujours dans le même ordre, c’est vous dire. Et pourtant, ces QTE arrivent à vous plonger dans l’action tout simplement parce que Telltale Games a su faire de l’échec, un résultat souvent autre que votre mort. Le QTE vous invite à battre à mort un individu ? Ok, mais c’est vous qui prenez la décision de le faire. C’est très habilement mené car en tant que joueur, vous vous retrouvez dans des situations stressantes et c’est là qu’un tas de décisions sont prises, votre colère peut vous amener dans une voie que votre raison ne vous aurez pas fait prendre. Si bien que votre personnage, Lee, va, comme tout homme, dériver de la ligne de conduite qu’il pensait illusoirement se fixer.
Enfin, The Walking Dead Saison 1 réussit là où des tonnes de RPG ont échoué, en vous faisant parler en rythme. Parfois, il vous faudra cracher des mots en une petite seconde. Sinon, vous opterez pour un silence de tombe, ce qui en soit est aussi une forme de langage. Car avec cette somme d’individualités, il faut aussi savoir quand il faut intervenir et quand il faut se taire. Seul regret, les réponses sont parfois longues et quand il y en a quatre à lire avant le temps imparti, il ne nous reste parfois plus vraiment le temps de choisir une réponse. Peut-être que mon niveau d’anglais me faisait défaut, il n’empêche que c’est le système de dialogue le mieux foutu, dans le sens le plus réaliste, que j’ai vu.
Une bande-son et de l’émotion

The Walking Dead Saison 1 ne se contente pas d’utiliser le bon gameplay pour scénario, ce dernier se suffit à lui-même. Il a droit à son lot de suspense et ses cliffhangers, il est peut-être parfois un peu longuet et en même temps, j’ai envie de tout lui pardonner. Tout simplement car la dernière heure de jeu est exceptionnelle. Portée par une bande-son réussie, certaines séquences sont belles à en pleurer, c’est tellement tentant de vous spoiler mais je me l’interdis car c’est une histoire qui ne se vit qu’une seule fois et je compte bien vous laisser la vivre en paix.
Les scénaristes ont véritablement cherché à nous prendre les tripes et à vous immerger le plus possible en profitant de l’impromptu. Les Deus Ex Machina sont fréquents et globalement bien amenés, ils ont l’avantage de constamment vous rappeler que vous n’êtes pas maître de la situation. Si vous arrivez à emmener votre groupe vers une destination, rien ne garantit que cela sera un succès. Une situation qui exacerbe l’émotion du scénario au sens large du terme, je ne parle pas ici de lâcher une larme à chaque fin de chapitre, mais plutôt de ne jamais se sentir neutre face à une situation. Vous sentez vraiment la responsabilité de votre groupe peser sur vos épaules, d’ailleurs, le groupe ne sera pas forcément le vôtre, d’autres personnages se sentiront l’âme d’un leader et vous aurez à choisir votre posture vis-à-vis de cela en choisissant de les affronter ou de vous coucher.
Un GOTY ?
The Walking Dead Saison 1, c’est l’histoire d’un gameplay qui se fait le plus discret possible pour laisser place au scénario. C’est l’histoire d’un scenario qui fait des choix cornéliens son identité. Vous ne sortirez pas indemnes de cette histoire interactive, de cette histoire dont vous êtes le héros.