Jeu vidéo / Far Cry 3

Date de sortie
Développeur
Ubisoft Montreal
Éditeur
Ubisoft
Moteur
-
Modes de jeu
-
Thème du jeu
First Person Shooter

Test de Far Cry 3

L’histoire de Far Cry est un peu particulière… Dans le premier opus, nous faisions face à des militaires et à des aliens en plein cœur de la jungle. Puis, changement de studio, on se retrouve au milieu de la savane africaine avec des mercenaires à nos trousses. Troisième épisode, nous sommes parachutés sur une île tropicale avec tout un tas de timbrés prêt à tout foutre à feu et à sang parce que ça les amusent. Oui, Far Cry ne se ressemble jamais et aujourd’hui, le point commun tient au fait que cela reste un FPS bac à sable. Far Cry 2 avait laissé un souvenir indélébile, mais pas forcément flatteur : respawn pourri, un héros qui doit constamment avaler des médocs pour survivre et aussi habile qu’un Lego, une IA consternante capable de tout et n’importe quoi comme vous envoyer du plomb dans l’aile à 2 km de distance avec un fusil à pompe. Bref, le finir était presque une torture. Pourtant, vous vous en souviendrez, Ubisoft tentait à l’époque d’injecter un peu de vie dans son jeu, notamment avec un scénario qui ressemble à quelque chose. Far Cry 3 tente de réaliser le même exploit en corrigeant ses défauts de jeunesse. Est-ce pour autant le jeu vidéo à placer sous le sapin cette année ?

Tu connais la définition de la folie, mon pote ?

Far Cry 3 - Screenshot 1
Vaas est en colère

Bienvenue à Rook Island, une île paradisiaque où vous êtes venu faire la fête entre amis. Ça, c’était jusqu’à ce que Vaas vous ramasse après un saut en parachute. Vaas, c’est un chic type, mercenaire de profession avec une mentalité qui laisse penser qu’il a eu de nombreux problèmes dans son enfance. De très nombreux… Par un concours de circonstances, vous réussissez à fuir du camp où vous étiez retenu prisonnier en laissant derrière vous votre frère, une balle dans la gorge et ce fameux Vaas qui promet de vous faire une chasse à l’homme digne de Predator. Le début du jeu se veut donc intense : vous détalez comme un fou sans regarder derrière vous, tombez sur un ours, l’esquivez, foncez, sautez du haut de la falaise, vous vous éclatez le genou, continuez à sprinter, ne faîtes pas attention à la chute, glissez, glissez… vous vous ramassez, vous traversez un pont en bois en vous faisant mitrailler par un hélicoptère. Il n’y a pas à dire, c’est la classe. Ça bouge, vous êtes seul au monde et devez sauver vos amis sans rien n’y connaître en armement, c’est vrai ça, c’était votre frère le militaire…

Far Cry 3 - Screenshot 2
Des guirlandes, des types qui jouent du tambour, tout va bien en fait

Ce que je vous raconte là, c’est ce qu’aurait dû être Far Cry 3. La réalité est différente. Vous êtes sauvés par des habitants eux-mêmes sous l’oppression de ces foutus mercenaires (enfin ça, c’est ce qu’ils disent). Dès que vous arrivez chez eux, ils font tous la fête comme si tout allait bien, ce n’est pas comme si durant vos futures pérégrinations dans la jungle, vous alliez croiser des otages ou encore des corps pendus. Cet effet-là, Far Cry 2 l’avait aussi, une superbe intro en jeep bourrées de détails, une ambiance de fou. Far Cry 3 est du même acabit, un sentiment d’oppression et de solitude et pwick ! plein d’alliés, c’est la fête, tout va bien. Dans Far Cry 2, vous étiez vous-même un mercenaire, dans Far Cry 3, vous êtes juste un jeune gars venu faire la fête et pourtant, une fois l’introduction terminée, vous êtes déjà apte à utiliser un lance-roquette, jouer l’œil de lynx avec la lunette d’un sniper ou jouer les apprentis pyromanes avec un lance-flamme. Rien ne vous fait peur, alors que vous avez dit la veille à votre frère qu’un flingue vous répugnait. Vous voilà un M16 dans le dos, un fusil à pompe au ceinturon, le lance-flamme dans une poche et un arc au bras en clin d’œil à Crysis 3. Cet univers qui semblait crédible ne l’est plus du tout, si bien que le scénario perd de sa saveur. Rajoutez-y des quêtes annexes qui peuvent se transformer en grand n’importe, quoi comme les défis Rakyat qui consistent à tuer un maximum de gens dans des conditions particulières ou les courses en scooter des mers proposées par des civils qui ont perdu toute leur famille la veille et vous obtenez le pompon.

Far Cry 3 - Screenshot 3
Cachez moi ce sein que je ne saurai voir

C’est vraiment triste, car le scénario en lui-même est plaisant, pas de quoi bondir mais les personnages sont très réussis, leurs traits sont probablement trop marqués et en même temps, les dialogues étant d’excellente facture en anglais comme en français, on tolère alors les défauts. Notez néanmoins que la version française souffre d’une synchronisation labiale perfectible et surtout d’une musique bien trop élevée par rapport aux voix (les paramètres ne permettent pas de régler le problème). Dommage car si vous désactivez la musique, vous raterez alors des séquences anthologiques sur fond reggae ou sur la Chevauchée des Walkyries de Wagner !

Assassin’s Cry 3

Far Cry 3 - Screenshot 4
Le marquage tue l’immersion

Peu importe si le scénario et la narration ne sont pas parfaits tant que le gameplay en vaut la chandelle. Et globalement, Ubisoft tient le bon bout. Il y a bien quelques défauts mineurs comme l’escalade de pylônes pour révéler une parcelle de la carte comme si nous étions dans Assassin’s Creed. Sympa deux minutes, moins quand il y a une vingtaine de tours à se taper. Remerciez néanmoins les développeurs d’avoir fait des parcours uniques. Mais le plus gros défaut concerne là encore l’immersion : le HUD est énorme, la minimap nous donne trop d’infos. Une relique à ramasser ? Suivez l’icône. Votre copine à sortir d’un hôtel en feu ? Suivez l’icône ! Les consignes qui apparaissent en gros à chaque couloir et les items en surbrillance pour savoir sur quoi tirer ou quoi actionner… Et si vous avez le malheur de vous lancer dans une autre activité, un message énorme viendra se réfugier en haut à gauche de l’écran pour vous rappeler ce que vous devriez « normalement » faire. A croire que, si les développeurs l’avaient pu, ils auraient carrément joué à notre place.

Far Cry 3 - Screenshot 5
Feu… le feu…

Côté ergonomie, les menus ont de quoi laisser perplexe, la souris est lente à la réaction, il vaut mieux naviguer au clavier. Toutefois, ça n’est pas la panacée, les menus ont des sous-menus qui ont à leur tour des sous-menus qui ont eux-mêmes des sous-menus. Après, il faut apprendre les raccourcis clavier si l’on ne veut pas avoir à utiliser l’imbitable souris. Bref, c’est officiel, Bethesda n’a pas le monopole des menus pourris.

Il est complètement naze ce jeu en fait ?

Far Cry 3 - Screenshot 6
C’est explosif

Jusqu’à présent, j’ai peut-être semblé sévère envers Far Cry 3. C’était pour mieux mettre en valeur ses qualités. Comme je l’ai annoncé, le gamepla,y malgré les défauts cités précédemment, est vraiment sympa. Le héros est passé du Lego au G.I. Joe, il est capable de recharger son arme en sprintant, faire une glissade et tirer plusieurs rafales dans la foulée. Il peut escalader des murs, se planquer dans les buissons, sauter des hauteurs et retomber sur l’ennemi le poignard au poing. Avec de l’expérience, il pourra être meilleur que cela, Jason (le héros) pourra planter son poignard dans la nuque de sa victime, lui prendre son propre couteau et le lancer dans la gorge d’un autre. C’est très vif, l’action va vite, les phases de combat sont extrêmement fun. Il y a dans Far Cry 3 tout le meilleur du FPS bac à sable, vous pouvez opter pour l’assaut de jour ou de nuit, repérer vos ennemis voire les marquer grâce à votre appareil photo si vous avez envie de démolir davantage l’immersion. Puis vous choisissez votre méthode, du gros bourrin qui se précipite au minigun en passant par la manière discrète au sniper à deux cents mètres de distance, en fan de Counter Strike tout au couteau, dans la dentelle avec le lance-roquette ou en mode barbecue avec le lance-flamme. Tout est possible, même de mixer les deux ou de varier selon chaque spot que vous attaquez. Car il faut bien avouer qu’il y en a, des camps à capturer, des missions à remplir, des balades en forêt qui vous font tomber nez à nez avec deux gardes qui escortent des civils (il y en a !). Tout ça avec le plaisir de voir que ces combats ont des conséquences, le territoire ennemi entrant en votre possession, par exemple. C’est une libération de pouvoir se dire qu’il n’y a pas de respawn à l’infini et qu’il y a des zones sous votre contrôle.

Far Cry 3 - Screenshot 7
Je te laisse finir et après je m’occupe de toi

Far Cry 3 tente même quelques folies comme la chasse qui, après un dépeçage en bonne et due forme, permet la confection d’équipements divers et variés. Equipements qui vous donneront la possibilité de porter quatre armes, par exemple. Cela donne l’illusion d’une progression à défaut d’avoir une difficulté qui augmente vraiment dans le temps. Ceci dit, en niveau le plus difficile, vous aurez l’occasion d’avoir quelques frayeurs, surtout si vous forcez votre chance en laissant votre super appareil photo à batterie infinie qui marque les ennemis selon leur force et leur armement dans votre sac-à-dos, que vous augmentez modérément vos compétences et que vous gérez de manière plus ou moins réaliste votre inventaire, c’est-à-dire sans quatre armes et quarante peaux de léopard dans votre cabas. La moindre erreur pourra alors s’avérer fatale, vous pourriez vous faire surprendre, voir sortir cinq gardes de la grotte voisine et entendre l’alarme s’enclencher faisant venir une jeep de guerriers armés jusqu’aux dents. Là, clairement, vous auriez peur pour votre peau, et pour peu qu’Ubisoft décide de publier un patch permettant de virer cet affreux HUD (ils l’ont promis !) comme c’est le cas dans Assassin’s Creed (quitte à copier, autant bien faire), le jeu gagnerait beaucoup en immersion.

Du beau Rook Island

Far Cry 3 - Screenshot 8
Décor idyllique pour une mort lente ou rapide

Car graphiquement, le jeu n’a rien à envier aux ténors du genre, c’est une franche réussite avec une mention spéciale pour les personnages ou la gestion du body awareness de notre héros. Le tout porté par des paramètres nombreux, précis et très permissifs. D’ailleurs, le studio nous a donné une preuve que c’était bientôt la fin du monde : , votre FOV peut monter jusqu’à 110 ! C’est quoi ? 60 à 70% de plus ce que l’on peut croiser dans un COD ? Alors avec un tel champ de vision, regarder la jungle en flamme, se placer en haut d’un pylône pour admirer le panorama ou encore repérer les ennemis en restant planqué dans les haies est un régal. Même au minimum, Far Cry 3 reste beau et ceux qui souhaitent optimiser au mieux l’affichage n’auront besoin que de quelques tentatives pour trouver les paramètres les plus gourmands et inutiles à la fois (exemple : le post FX mis au maximum qui vient alors rajouter un effet de flou à vomir).

Du multi ? Le solo c’est mieux

Far Cry 3 - Screenshot 9
Cachez moi ce pylône que je ne saurai voir

Côté multi-joueurs, je ne m’éterniserai pas du tout. C’est du vu et revu. Actuellement, le seul mode de jeu qui marche, c’est Domination. S’il le faut encore, je vous refais les présentations. Il s’agit de deux équipes qui luttent avec acharnement pour le contrôle de trois zones. Le principe étant que pour prendre l’avantage, il faut en conserver la majorité ou mieux, la totalité, le plus longtemps possible. Vous pouvez choisir entre quatre classes de personnages orientées selon un style de gameplay plutôt qu’une véritable classe militaire. Dans le fond, cela ne change pas grand-chose. Et enfin, la recette COD avec du gain d’expérience pour pallier votre manque de skill. Bref, vraiment rien de révolutionnaire mais de toute façon, Far Cry 3 gagne ses galons par son solo très agréable et à la durée de vie conséquente, une trentaine d’heures de jeu avant de créer une répétition en faisant des quêtes annexes jumelles. Et si nous revenions à notre première question – faut-il placer Far Cry sous le sapin ? – la réponse est oui ! C’est un jeu à offrir où à s’offrir pour les plus égoïstes d’entre vous pour les fêtes de fin d’année.

Ndlr : les screenshots du jeu enlevaient le HUD, espérons que le patch qui nous permettra de jouer de la même manière arrivera vite comme l’a promis Ubisoft.