Jeu vidéo / Aliens: Colonial Marines

Date de sortie
Développeur
Gearbox Software
Éditeur
SEGA
Modes de jeu
-
Thème du jeu
First Person Shooter

Test d’Aliens Colonial Marines

Aliens Colonial Marines arrive après un développement chaotique initié dès 2006. C’est développé par Gearbox Software avec TimeGate Studios et édité par Sega. Ce FPS se veut « une suite officielle » du film Aliens de James Cameron. On nous promet de nous plonger « dans l’atmosphère lugubre, terrifiante et à la limite de la claustrophobie qui a fait le succès mondial des films Aliens ». L’attente est importante de la part des fans de la licence, au vu de l’énorme potentiel de cette saga, et des ratés notoires des derniers titres utilisant cet univers. Cet opus est-il une réussite à même de combler les fans de la première heure ? Et les amateurs de FPS en général ? Eléments d’explication et verdict ci-dessous.

Un scénario incohérent et peu captivant

Le scénario est très incohérent !
Le scénario est très incohérent !

L’histoire prend place en 2179 quelques semaines après les évènements d’Aliens le retour de James Cameron. On incarne un des marines de l’USMC qui est envoyé à bord de l’USS SULACO avec l’espoir d’endiguer une infection xénomorphe sur la colonie LV-426. On ne rentrera pas trop dans les détails, mais cette histoire, qui est censée s’incorporer entre le deuxième et le troisième épisode, est truffée de nombreuses incohérences. De plus, elle n’est pas très captivante et le final est ridicule.

Bref, ce n’est pas ce scénario très décevant qui va vous immerger dans la campagne solo. Celle-ci dure dans les sept heures, moins si vous jouez en difficulté basse (c’est-à-dire moyenne). Il y a dix missions, plus « une » pour le combat final. On peut aussi y jouer en coopération jusqu’à quatre.

Une ambiance à moitié fidèle

Les fans de la saga apprécieront quelques passages se déroulant dans des environnements mythiques
Les fans de la saga apprécieront quelques passages se déroulant dans des environnements mythiques

Les différentes missions proposent un gameplay très similaire. Il s’agit d’un FPS linéaire, scripté se déroulant dans des espaces très confinés avec une sauvegarde par checkpoints rapprochés. Pour le coup, ce cloisonnement est fidèle à la saga cinématographique. Enfin en partie, car il y a deux types d’environnements : ceux se déroulant à l’intérieur de l’USS SULACO et de la colonie LV-426 et ceux (nombreux) prenant place en extérieur. Lorsque l’on se retrouve dans les environnements inspirés des films, c’est plaisant à jouer. Car la recherche du détail est bien présente, ce qui devrait plaire aux fans de la saga. Et on a un peu l’impression de jouer à DOOM 3 (toutes proportions gardées).

En extérieur, les décors sont vides. Et c’est là aussi très cloisonné. On retiendra un level-design calamiteux. Les développeurs ont appliqués l’adage selon lequel la ligne droite est le plus court chemin pour arriver à destination. A ce stade, je vous garanti que c’est réellement pathétique. Il n’y a qu’une direction à suivre : tout droit !

« On est tombé à court de munitions on a voulu balancer des cailloux »

Va coucher, vilain caniche !
Va coucher, vilain caniche !

Il est temps d’aborder ce qui met vraiment en rogne dans le jeu : le rendu des Aliens. On est censé affronter des bêtes véloces et très féroces armées uniquement de griffes, de crocs et d’une queue aiguisée. Bref, une machine à tuer redoutable. Mais les soi-disant fans qui ont développés le jeu en ont fait un vrai désastre. On va combattre une créature lente que l’on arrive à distancer sans mal à la course.

L’IA est déplorable, ces Xénomorphes avancent bêtement en dandinant vers nous, le plus souvent au sol. Sur leurs deux jambes, on a l’impression d’assister au premier pas d’adolescentes qui essayent des talons aiguilles pour la première fois. Ces gentilles bêbêtes ne vous feront aucun mal, on peut par exemple leur faire lâcher prise par un simple QTE. Mais le summum est atteint quant ’on les repousse à coups de crosse, ce qui les fera couiner avec un gémissement plaintif. Bref, c’est une putain de honte surtout que vous allez en massacrer ridiculiser plus d’un demi-millier tout au long de l’aventure.

Avoir des ennemis aussi stupides et ridicules empêches tout sentiment de « peur ». L’ambiance et l’immersion sont donc totalement ratées. La cerise sur le cake est atteinte lors d’une mission « d’infiltration ». Sans armes vous allez devoir vous faufiler dans leur tanière. S’ils vous entendent, il suffit de ne plus bouger pour qu’ils se rendorment (sic). Ils peuvent aussi vous attaquer et repartir en vous laissant en vie, passer à dix centimètres de vous et ne pas vous détecter. Et lorsque vous déclencher de pseudos faisceaux lumineux, et bien rien de plus logique : ils explosent (là j’avoue que j’ai rien compris au délire) !

Des gunfights ratés

Il y a quelques phases de combats potables, si on n’est pas trop exigeant cela va de soi.
Il y a quelques phases de combats potables, si on n’est pas trop exigeant cela va de soi.

En dehors de cette mission « spéciale », ils arrivent en masse, et il suffit de faire du tir au pigeon. L’humain est replacé au sommet de la chaine alimentaire, n’en déplaise à ce guignol de Ridley Scott !

Pour rendre encore plus ridicule ces Aliens, on affrontera aussi d’autres humains. C’est derniers, sont beaucoup plus résistants à nos balles, rien de plus logique. Ils ont le grand mérite de se cacher derrière des caisses sans vouloir nous contourner. Bon, ils sont sympas quand même à toujours relever la tête pour qu’on la leur explose gentiment, entre marines c’est de bonne guerre. Par contre, en difficulté élevé, ils enlèvent vite nos points de vie en faisant des dégâts important. Minne de rien, cela nous empêche de trop rusher. Et il y a quelques phases de combats potables du coup, si on n’est pas trop exigeant cela va de soi.

Concluons en soulignant que l’on dispose d’un arsenal conséquent et destructeur. On peut porter deux grosses armes en même temps. Mais on peut en changer à la volée parmi six ou sept, ce qui fait que l’on ne manquera jamais de munitions. On dispose de grosse mitrailleuses, de lance flammes, de deux fusils à pompe (quand l’un n’a plus de munitions on peut utiliser l’autre qui est resté plein lol), etc… Cela reste classique pour un marine. On gagne de l’XP qui nous permet d’améliorer ces armes et de les customiser. On notera qu’elles prennent une place incroyable à l’écran, ce qui nous cache (gâche) vraiment la vue. Mention spéciale à l’arme de Ripley qui obstrue un quart de l’écran (sic). Les crosshairs dynamiques sont tout aussi imposant, tout comme la place du HUD. Tout cela pollue vraiment la visibilité.

Au final, il n’y a pas grand-chose de positif à retenir de cette campagne solo. C’est à peu près raté sur tous les points. Et c’est encore pire en coopération, car cela devient encore plus bourrin et soporifique. Il suffit en effet, de relever nos alliés mis au sol.

Le multi sauve un peu la mise

La taille des armes, des crosshairs et du HUD pollue vraiment la visibilité.
La taille des armes, des crosshairs et du HUD pollue vraiment la visibilité.

Le titre propose un mode multi-joueurs qui ne dispose pas de serveurs dédiés. Mais on peut par contre y jouer en hébergement local en ligne, en LAN et en écran splitté. Il y a quatre gametypes différents.

Le premier est un Team Deathmatch en équipe se déroulant en deux rounds (comme pour les trois autres modes de jeu). Une fois on incarne les marines et le tour suivant les Aliens. L’équipe qui récolte le plus de frags cumulés remporte la partie. Un round dure cinq minutes, on y joue en 5 vs 5 sur cinq maps différentes. C’est très classique, mais n’empêches que c’est là que je me suis le plus amusé. Les maps ne sont pas trop mal fichues, sans avoir un level design exceptionnel non plus. Mais cela se renouvèle visuellement et au niveau du gameplay.

Le deuxième est un capture/défense de points. Les marines doivent rester le plus longtemps possible sur des points précis pour les capturer et les Aliens doivent les empêcher. C’est classique, mais relativement amusant également. On y joue en 6 vs 6 sur cinq maps différentes.

Le troisième reprend un peu le concept de Left 4 Dead. Les marines doivent avancer (rusher) le plus loin possible sur la map. L’idée est sympathique, mais dans les faits c’est vite lassant. Il n’y a que deux maps différentes et cela se joue en 4 vs 4. Le level-design et l’ergonomie font que c’est nettement moins bien pensé que le gameplay du jeu de Valve. L’aire de jeu est tellement ridicule que les Aliens se font broyer. Par contre, si les marines s’éparpillent (il faut vraiment tomber sur un débutant), ils risquent de se faire détruire assez vite. Bref, un concept sympa, mais très mal exploité.

Le quatrième et dernier gametype et un mode survival se jouant là encore en 4 vs 4 sur deux maps. Cela ressemble aussi au mode de jeu de Left 4 Dead du même nom. Comme lui, c’est peu passionnant. Les marines sont tous dans une petite salle et doivent activer deux trois trucs. Pas très intéressant à jouer du côté des Aliens.

Ce qui rend le multi-joueurs plaisant à jouer c’est que les Aliens sont maniés par des humains et qu’ils sont, du coup, beaucoup moins nunuches et ridicules que dans le solo. Cela change tout ! Lorsque l’on joue Marines on ressent le stress d’être une proie. Le cultisme détecteur de présence donne sa pleine mesure et l’ambiance est convaincante. En un contre un l’Alien est fondamentalement plus puissant. Il faudra donc vite se regrouper pour survivre. Même si on peut tout à fait exploser un Xénomorphe facilement si on l’a détecté et que l’on vise bien. Le rapport des forces est assez bien équilibré. L’XP et les améliorations engrangées dans la campagne solo sont toujours présentes. Et l’on peut choisir divers profil de combinaisons d’armement.

Je me suis "régalé" avec le Hunter Aliens !
Je me suis « régalé » avec le Hunter Aliens !

Les Aliens eux sont maniables et puissants. On peut se balader sur toutes les parois, et il y a des petites canalisations que l’on peut utiliser pour aller plus vite ou pour surprendre nos ennemis. On peut choisir entre trois classes différentes à tout moment. Elles ressemblent à certains infectés de Left 4 Dead 2. Il y a un soldat qui fait de lourds dégâts avec sa queue ou ces griffes. Idéal pour tomber sur un groupe de Marines et faire le ménage. Il y a aussi une sorte de Splitter qui crache de l’acide. Il est puissant de loin, à utiliser comme un sniper, ou pour semer la panique sur des ennemis regroupés. Et il y a enfin une sorte de Hunter. Il peut sauter très loin et très haut pour attraper et mettre au sol un ennemi. Il est aussi très rapide et je me suis tout simplement régalé à le manier et à l’utiliser. La vision est assez identique au titre de Valve : on voit différemment avec un filtre vert et les ennemis, une fois détectés, sont visibles avec un halo de couleur pour connaître le niveau de leur santé.

Il y a aussi une progression qui se fait par une courbe d’XP. Un nouveau niveau permet de débloquer un point de compétence. Ce que l’on débloque n’est utilisable que pour une classe d’Aliens. Et on a le choix entre une autre attaque principale ou secondaire, de nouvelles capacités, une autre carapace, un trait particulier (faculté) et diverses fatalités. Pour obtenir toutes ces améliorations sur les trois classes, il vous faudra jouer un très long moment. Et cela fonctionne bien, car on a vraiment envie de peaufiner nos bêtes de guerre à notre style de jeu. On pourra même débloquer la faculté de se transformer en gros Alien sur quatre pattes qui charge (à la façon du Charger de L4D2, mais en plus mastodonte).

En TDM, on peut trouver quelques armes dévastatrices à munitions limitées comme le lance-roquette, l’énorme minigun ou le lance flamme pour les Marines. Les Aliens peuvent eux dégoter un Alien très puissant à courte portée avec ces crachats de fluides toxiques. Bref, il y a un tas de petites choses qui font que ce gameplay est très sympathique. Si vous y accrochez ya de quoi s’amuser une vingtaine d’heures. Etonnamment, c’est à ce gametype le plus classique (et avec le capture de points) que je me suis le plus amusé. Il faut dire que l’architecture des niveaux faits que c’est dans ce (ces) mode (s) que la coopération et le skill font la différence que l’on soit dans un camp ou dans un autre.

On regrette quand même le peu de maps, les quelques bugs et il y aurait aussi des améliorations à apporter. Par exemple : pouvoir bloquer au moins le son du boulet qui chante le gangnam style sans s’arrêter ne serait pas du luxe.

Une réalisation artistique très décevante

Graphiquement, le titre est dépassé c’est une évidence.
Graphiquement, le titre est dépassé c’est une évidence.

Graphiquement, le titre est dépassé c’est une évidence. On apprécie de découvrir les lieux mythiques de la saga cinématographique réalisés avec soin. Mais tout le reste est assez peu convaincant. Les textures sont peu détaillées et assez baveuses. Les différents environnements sont vides et génériques. Ils y a quelques effets de lumières corrects. Les animations des aliens et des humains sont ridicules. Les expressions lors des cutscenes sont minimalistes et figées.

Au niveau sonore, on retiendra certaines musiques et sons provenant des films. Pour le reste, ce qu’a dû réellement créer le studio, c’est minable. Les armes ont un bruit ridicule. On aurait aimé entendre rugir les Aliens pour nous glacer le sang et nous immerger dans le jeu : là, ils couinent !

Conclusion

Aliens Colonial Marines est un jeu dont la campagne solo réussie l’exploit rare d’être ratée en tout point.
Aliens Colonial Marines est un jeu dont la campagne solo réussie l’exploit rare d’être ratée en tout point.

Aliens Colonial Marines est un jeu dont la campagne solo réussie l’exploit rare d’être ratée en tout point. Le scénario est incohérent et peu captivant. La réalisation graphique et sonore est clairement datée. L’IA est débile et affligeante. Le rendu des Aliens est une pure honte ! Les gunfights sont donc assez mauvais, seuls les affrontements en difficulté haute contre les humains vous empêchent de continuellement rusher. Car que dire de ce level-design en extérieur (une trop grosse partie du jeu) qui se résume à une simple ligne droite ?

Bref, les amateurs de FPS auront du mal à apprécier cette aventure. Les fans de la saga apprécieront quelques passages se déroulant dans des environnements mythiques. Mais ils auront surement du mal à accepter le traitement infligé aux Aliens qui sont devenus de braves petits caniches aucunement terrifiants…

Toutefois, le titre a su nous plaire et nous convaincre dans la moitié de sa partie multi-joueurs. On aurait apprécié plus de maps et une finalisation d’ensemble plus aboutie. Mais affronter ou jouer des Aliens est là bien réalisé. Il y a une très belle courbe d’apprentissage et de progression. Les différentes classes de Xénomorphes sont bien maniables et personnalisables. Elles rappellent certains infectés de Left 4 Dead 2. Il faudra jouer en équipe et avoir un bon skill pour remporter la partie.

C’est donc globalement un titre aux qualités insuffisantes, seul le multi-joueurs peut justifier un achat, mais certainement pas à ce prix. Mais il y aura-t-il encore suffisamment de joueurs d’ici quelques semaines, rien n’est moins sûr.