Jeu vidéo / Sid Meier’s Civilization V : Brave New World

DLC / Extension pour Civilization V
Date de sortie
Développeur
Firaxis
Éditeur
2K
Moteur
-
Modes de jeu
Type de jeu
Stratégie tour par tour
Thème du jeu
Stratégie

Test de Civilization V Brave New World

Depuis Civilization III nous avons droit à deux extensions, pour Civilization V il est donc fort probable que la boucle soit bouclée avec Brave New World. Contrairement à Gods & Kings, ce nouvel add-on semble vouloir suivre un autre schéma que celui des Sims, comprendre une extension qui aurait dû être dans le jeu complet. En effet, il y a ici un bon paquet de nouveautés, de vraies nouveautés.

Des victoires revues

Tous les changements ou presque apportés par Brave New World ont un lien avec deux types de victoires, la victoire culturelle et la victoire diplomatique. Exit le Projet Utopia où il suffisait d’enquiller les doctrines et lancer le projet, le truc chiant à mourir qui pousse à se mettre sur la gueule plutôt que passer mécaniquement les tours. Fini aussi le système d’élection du dirigeant mondial aussi captivant qu’un mauvais épisode de Derrick. Maintenant, c’est du Dallas, Firaxis a injecté une bonne dose de stratégie là-dedans et cela touche aussi indirectement la victoire militaire. Si le principe reste le même, les moyens de parvenir à ces victoires changent radicalement.

Civilization V Brave New World - Screenshot 1
Comme pour les technologies, les œuvres possèdent leurs extraits

Commençons par la victoire culturelle qui intègre une nouvelle valeur, le tourisme. Vos villes vont désormais avoir une notion d’attractivité. Certaines merveilles vous font gagner des points de tourisme mais c’est l’arrivée de musiciens, d’écrivains auxquels s’ajoutent l’actuel artiste qui perd en fonction d’un côté (il ne peut plus se transformer en monument culturel) pour en gagner de l’autre qui vont faire la différence. Ils pourront écrire une symphonie comme ils pourront faire une tournée à travers un pays. Le premier est permanent, le second rapporte beaucoup de points immédiatement. C’est un raisonnement que vous connaissez déjà chaque fois que vous utilisez un personnage illustre. En revanche, contrairement aux autres personnages, eux ont besoin d’un emplacement spécifique pour exposer ou jouer leur création. Autrement dit, il faut des bâtiments tels que des bibliothèques, des musées, des opéras, des stations de radio ou encore certaines merveilles pour accueillir toutes vos belles œuvres.

Civilization V Brave New World - Screenshot 2
Les deux choix de l’archéologue

Les artistes ne sont pas le seul moyen de parvenir à la victoire culturelle. Une fois l’ère industrielle atteinte et une fois que la technologie « archéologie » est en votre possession, vous aurez accès aux archéologues. Ces derniers pourront faire des fouilles qui mèneront à deux options, la première est de transformer la zone en un lieu officiellement culturel (ce que l’artiste illustre faisait auparavant) qui rapporte des points s’il est exploitable par l’une de vos villes. Autrement, la seconde option qui peut se décliner en plusieurs choix s’offrira à vous. Vous allez récupérer un artefact à exposer au musée. Les déclinaisons possibles sont le fruit de l’histoire du lieu, par exemple, si deux nations ont activement évolué dans la région, l’artefact aura un rapport avec eux. Inconvénient, cela arrive tardivement dans la partie, c’est tout à fait logique et en même temps, la partie est déjà pliée, les fouilles permettent seulement d’économiser quelques tours.
Au final, plus vous avez de points de tourisme, plus vous êtes en mesure d’influencer la culture d’autres nations. Lorsque votre culture est supérieure à toutes les autres, vous avez gagné. Le mécanisme est loin d’être formidable et en même temps, a quand même le mérite de rendre la victoire plus intéressante en fin de partie. Bémol, il n’est pas possible de faire tomber une ville d’une autre civilisation grâce à notre pression culturelle, le petit plus qui aurait fait la différence.

Guerre et paix

Le plus intéressant en fin de parcours provient sûrement des relations diplomatiques revus et corrigés par le nouveau congrès international. Ce congrès remplace à terme l’ONU. Le point de départ se trouve lorsqu’une nation rencontre toutes les autres et qu’elle a débloqué l’imprimerie. Elle est alors automatiquement élue Présidente du Congrès et dispose de sièges supplémentaires pour voter. Puis régulièrement ou si la nation présidente est détruite, une élection a lieu. Nations et cités-états y participent. Vous pourrez faire voter toute une panoplie d’amendements. L’organisation de Jeux Olympiques ou encore d’une exposition universelle. Une fois validée, ces événements encouragent toutes les nations à mettre la main à la patte. Les trois qui ont le plus contribué obtiennent des bonus non négligeable. Par exemple, le plus gros contributeur peut avoir un bonus de 100% sur le tourisme, ce qui influence considérablement l’issue de la victoire culturelle.
Mais si cela ne vous intéresse pas, peut-être aurez-vous plus de considération sur des propositions comme un embargo avec un pays, l’interdiction d’une matière première, un traité empêchant la prolifération des armes nucléaires, le choix d’une religion (propagation facilitée) ou d’une doctrine mondiale (bonus supplémentaire) ou plus drôle, augmenter les frais de l’armée. La clé de voute de la victoire diplomatique reste les cités-états. Stratégiquement, c’est une tuerie. Donnons quelques exemples, vous faites une course à l’arme nucléaire, vous financez comme un porc et paf, vous lancez un petit décret de non-prolifération. Vous voilà avec un avantage certain car vos armes ne seront pas démantelées. Autre exemple, une nation puissante vous déclare la guerre, lancez un embargo mondial sur celle-ci, elle perd une source d’argent importante, interdisez l’usage d’une ressource stratégique ou pénalisez le coût de l’armée (touche toutes les nations) pour trouer les caisses de votre adversaire. Tous les moyens sont bons et les dessous de table sont alors fréquents pour faire passer des lois douteuses. Mais c’est tellement amusant d’isoler complètement une nation sans pour autant lui faire la guerre. En multi, la détresse de certains joueurs est palpable. Avec l’IA, c’est moins cool car elle est bourrée d’anabolisants…

Des doctrines et du commerce

Civilization V Brave New World - Screenshot 3
Lumière sur les nouvelles doctrines

Comme à l’accoutumée, les nouveautés sont éparses. Certains verront que des merveilles ne peuvent être construites que si vous choisissez la doctrine qui convient. D’ailleurs, les doctrines sont plus nombreuses, une filière artistique vient s’ajouter pour ceux qui veulent opter pour la victoire culturelle. Le changement majeur se trouve sur les idéologies : égalité, autocratie et ordre. Elles ont eu leur sein trois niveaux de doctrines et le fonctionnement est pyramidal, en gros, si je veux un bonus de niveau 2 il me faut deux niveaux 1. Les bonus sont énormes mais selon le type de victoire recherchée, ne nous intéresse pas tous. Il faut retenir que chaque idéologie favorise trois types de victoires, vous pouvez obtenir une même victoire avec des idéologies différentes, cela dépend surtout de votre approche générale : guerre, corruption, art etc. L’intégration dans le gameplay de départ n’est pas forcément la panacée mais les intentions de Firaxis sont louables.

Civilization V Brave New World - Screenshot 4
Les idéologies revues et corrigées

D’ailleurs, le studio arrive à faire ses preuves avec le nouveau système de commerce. Cela rappelle le temps où nous avions des unités de fret. Désormais vous pouvez produire des caravanes ou des navires marchands et organiser des routes commerciales. Les possibilités sont multiples et les subtilités, nombreuses. Prenons quelques exemples, entre vos cités, vous pouvez booster la croissance ou la productivité d’une autre ville. Grâce à cela, il n’y a vraiment plus aucun frein à bâtir plusieurs villes et nous sortons plus facilement du système 3 ou 4 villes maximum. Le plus intéressant est quand vous vous tournez vers d’autres nations. Vous explosez alors votre trésorerie et vous découvrez quelques subtilités. Vous ne faites pas que du commerce, cela a une influence culturelle, scientifique et religieuse. Une nation en retard technologiquement obtiendra un bonus dans le domaine au contact de votre expertise et inversement. Dans le même genre, votre religion peut influencer les habitants de votre partenaire commercial. Ce n’est pas tout, cela vous permet aussi d’obtenir des ressources, une route commerciale n’apporte jamais ou presque une unité complète, mais mis bout à bout, c’est intéressant et la nation partenaire ne peut rien vous refuser. Tout simplement parce que ce n’est pas un calcul différentiel, genre vous devez gagner 10 il doit gagner 3 donc vous gagnez 7. Lui obtient bien ses 3 pièces et vous vos 10 pièces. Donc quand vous vous octroyez des avantages, vous en donnez aussi à votre partenaire, ce n’est pas franchement à l’avantage ni de l’un ni de l’autre, ils sont justes différents, vous pourriez gagner beaucoup d’argent mais lui pourrait vous rattraper technologiquement par exemple.

Bravez le nouveau monde

Civilization V Brave New World - Screenshot 5
Avec Venise, ce colon prend une toute autre dimension

Globalement, cette extension est réussie et apporte de vraies nouveautés. Toutes les victoires ont un intérêt ludique bien que l’on privilégiera la guerre au fil des parties. Le travail réalisé sur le commerce, sur les doctrines mais aussi les petits détails qui vous obligeront par exemple à assumer des choix en vous interdisant certaines merveilles sans oublier son lot de scénarios et de nouvelles civilisations comme Venise qui ne peut pas produire de colons et ne peut pas annexer de villes (seulement en faire des villes fantoches) forment un tout vraiment sympa. Toutefois, c’est aussi l’occasion de croiser de sérieux problèmes d’équilibrages, certaines nations profitent beaucoup plus des nouveautés apportées par Brave New World que d’autres. En multi c’est assez gênant.
Ce n’est pas le seul défaut, des fonctionnalités pas suffisamment avancées, une UI pour les doctrines et le congrès pas au top niveau et surtout une IA qui perd encore un peu plus de sa superbe. Cette dernière ne sait pas exploiter toutes les subtilités que j’ai pu présenter dans ce test, même les mécaniques les plus simples comme le commerce. Ils en font mais n’en abusent pas. Si bien que vous pouvez facilement augmenter d’un cran le niveau de difficulté, problème, les oufzors qui jouaient en divinité pourraient tout simplement s’emmerder s’ils ne font pas de multi. Nous verrons si des patches corrigeront l’équilibre du jeu. En attendant il ne nous reste plus qu’à imaginer à quoi ressemblera un potentiel Civilization VI. Modèle Sims ou pas ?