Test d’Assassin’s Creed IV : Black Flag
Assassin’s Creed IV: Black Flag est le nouvel épisode annuel de la franchise. Il introduit un personnage principal inédit qui est un jeune capitaine impétueux et accessoirement le grand-père de Connor dans Assassin’s Creed 3. Le scénario nous plonge lui dans une ambiance de piraterie. C’est développé par le studio d’Ubisoft Montréal, en collaboration avec d’autres studios d’Ubisoft. Assassin’s Creed 4 est-il une réussite à même de combler les fans de la saga ainsi que les nouveaux venus ? Éléments d’explication et verdict ci-dessous.
Pirates des Caraïbes

L’aventure se déroule en 1715 alors que les Britanniques et les Espagnols se déchirent pour les Caraïbes. Dans cette lutte pour le Nouveau Monde, les pirates décident de créer une société basée sur la liberté et la richesse.
Notre héros se dénomme Edward Kenway, il s’agit d’un jeune personnage en quête de richesse. Pour parvenir à ses fins, il va devenir pirate et rencontrer notamment de fortes personnalités comme Barbe-Noire, Calico Jack, Benjamin Hornigold, Anne Bonny ou Charles Vane.
L’action se déroule donc dans l’ouest des Caraïbes, et plus précisément aux Bahamas, sur les côtes d’Haïti, du Mexique, mais également en Jamaïque et à Cuba. Trois villes prennent une place particulière dans l’histoire : Kingston, La Havane et Nassau, la capitale de la piraterie.
Dans le monde d’aujourd’hui, on incarne un joueur qui est engagé par Abstergo Entertainment, une filiale d’Abstergo Industries. On devra utiliser l’Animus pour examiner les souvenirs de Desmond Miles et de ses ancêtres. Petite nouveauté, ces séquences se déroulent en vue subjective.
Cette campagne basée essentiellement sur l’univers de la piraterie est plaisante. Par contre, si vous êtes fan des intrigues entre Templiers et Assassin’s vous serez peut-être un peu déçu. Car les scénaristes ont clairement dissociés les deux trames pour les lier tardivement de façon peu subtile. On aura du mal d’ailleurs à bien cerner les motivations de notre héros vis à vis des événements qui se déroulent. Bref, l’univers de la piraterie est maîtrisé, mais la trame pour l’imbriquer dans la saga Assassin’s Creed nettement moins. De ce point de vue on aura connu des épisodes plus ambitieux dans la narration.
La durée de vie est très importante avec la mission principale, celles secondaires et la multitudes de quêtes annexes. Il vous faudra une bonne cinquantaine d’heures pour terminer tout le jeu à 100%. Mais vous pouvez rusher et finir la quête principale en une dizaine d’heures.

Assassin’s Creed 3.1
La liberté d’action est toujours bien présente. Et l’étendue de jeu est très importante. On dénombre trois villes majeures : Kingston, La Havane et Nassau. Mais aussi de nombreuses petites îles et lieux touristiques à explorer et surtout une mer à dompter depuis la barre de notre propre navire, le Jackdaw. Et cette carte maritime à sillonner est vraiment colossale. Il suffit de faire accoster son bateau pour lâcher la roue et se promener n’importe où.
Les environnements sont variés avec des villages de pêcheurs, des plantations, des criques, la jungle, des ruines mayas, des forts et des fonds marins.
En ce qui concerne le gameplay terrestre, il n’y a aucun changements depuis le et les derniers épisodes. Il y a un gros manque de nouveautés de ce point de vue.
L’aventure s’articule surtout autour de missions principales et secondaires qui ont des objectifs divers. Cela reprend en fait tout ce que l’on a déjà pu croiser dans la série : assassinats, courses-poursuites, filatures (en masse), escortes, un peu d’escalades et d’infiltrations et beaucoup de combats sanglants. Il y a énormément de choses variées à faire, cela nous occupe agréablement, mais il n’y rien de nouveau (sur terre). A ce stade c’est une grosse faiblesse car les développeurs nous proposent toujours les mêmes poncifs usés jusqu’à la corde.
Si vous avez joué aux derniers opus il n’y aura strictement rien de nouveaux à faire sur terre. Et en plus cela devient vraiment répétitif à force, surtout les quêtes annexes qui ne débloquent pas grand chose d’intéressant. On apprécie par contre, les petites chasses aux trésors qui vont bien avec le thème.
Les combats sont toujours au cœur du jeu et les affrontements quasi identiques à ce que l’on connait depuis des lustres. Si ce n’est que l’on peut se battre avec deux épées et porter jusqu’à quatre pistolets. L’IA est agressive on se fait attaquer plus souvent par plusieurs ennemis simultanément. Et ils lancent maintenant (n’importe comment) quelques bombes artisanales de temps en temps. Mais la difficulté est toujours malheureusement aux abonnés absents. Il n’y a pas de challenge de proposé. Il suffit toujours de cliquer sur un bouton pour enclencher une série d’attaques. Et lorsqu’un adversaire lance la sienne, un icône rouge apparait sur sa tête, et il nous suffira de le contrer dans un timing très large pour en venir à bout. On peut par contre désactiver cette aide visuelle.
On n’utilise donc que deux boutons en général, et occasionnellement un troisième qui permet de casser la garde des ennemis les plus « forts ». Les mouvements sont là aussi très fluides, et les mises à mort toujours aussi stylées. On prend donc plaisir à enchainer les massacres, mais on regrette quand même le manque de répondant. Surtout que l’on regen très vite.
Vous l’aurez donc compris rien de nouveau au soleil et sur terre pour cet Assassin’s Creed très radin en nouveaux mécanismes de jeu. Si vous avez enquillé les différents opus comme les pirates s’enfilent les bouteilles de rhum vous serez fortement déçu à ce niveau. Et pire, la lassitude vous gagnera à cause de tâches au final très répétitives que l’on a déjà accomplit des centaines de fois auparavant. Ce n’est pas un sentiment de déjà vu, c’est du vu et revu. A force de proposer un épisode par an reposant sur des mécanismes de jeu qui ne se renouvellent pas, cela commence sérieusement à s’essouffler. On remarque surtout les défauts présents depuis de trop nombreux épisodes…

Pirate’s Creed
Le sang neuf réside donc plus sur le gameplay marin. Quoique celui-ci repose surtout sur les missions secondaires rencontrées lors d’ Assassin’s Creed 3. Évidemment, c’est maintenant plus abouti, et cela se déroule sur une étendue beaucoup plus grande car ce sont des composantes essentielles de Black Flag.
Edward Kenway possède son propre navire : le Jackdaw. On peut d’ailleurs toujours améliorer ses caractéristiques, son équipement et le personnaliser.
On peut naviguer librement sur une étendue d’eau qui génère des conditions climatiques aléatoires. Mais le but est bien d’affronter plusieurs navires ennemis en même temps. C’est là encore très simple à prendre en main et très (trop) aisé de remporter la victoire. Même si certains ennemis plus coriaces vous donneront du fil à retordre. On peut commander de déployer plus ou moins de voilure afin d’aller plus ou moins vite. On a la possibilité d’utiliser des tirs de mortiers, de lâcher des barriles explosifs sur nos poursuivants. Et l’on doit donner le signal pour lancer une salve de tirs de canon latéralement. Il y a plusieurs types de boulets : classiques, en feu pour détruire plus facilement les gros navires et des chaînés pour briser le mât ennemi et ainsi l’immobiliser.
Une fois à notre merci, on décide alors soit de couler notre proie pour récupérer sa cargaison ou de l’aborder. On peut maintenant s’élancer avec une corde et sabre à la main sur le pont ennemi, passer par les mâts ou même s’infiltrer en nageant. L’idée est de tuer un nombre d’ennemis précis et quelques fois d’effectuer quelques missions annexes, comme faire exploser des barrils de poudre ou décrocher des drapeaux en haut du mat.
La victoire acquise on utilise notre prise pour réparer notre navire, faire baisser notre indice de recherche ou pour l’envoyer dans notre flotte (il y a ensuite des missions à lancer qui se déroulent comme les missions d’assassinats des anciens épisodes).
On gère notre équipage et il faudra recruter de nouveaux membres, mais aussi faire attention à ne pas trop subir de pertes lors des abordages ou de forte houle.
L’attaque de fort est aussi une composante plus poussée. Ils fonctionnent un peu comme les tours Borgias. Une fois en notre possession on ne rencontrera plus de menaces sur la délimitation des eaux qu’ils protègent. Ce n’est pas si aisé à réussir, et une fois les tours du fort détruites il faudra aborder pour aller tuer sur terre les officiers commandants. Nous avons bien apprécié ces séquences.
On notera également la possibilité de faire de la plongée à certains endroits spécifiques. L’idée est bien de rechercher de nouveaux trésors. Mais ces phases ne sont pas spécialement réussies avec une physique discutable et des attaques de requins qu’il faudra chasser à grand renforts de QTE.
On peut également pécher, enfin chasser différentes baleines et requins (il y a aussi de la chasse sur terre un peu comme l’opus précédent). Là, on prend place sur une barque et l’on doit harponner notre proie de façons successives. Le loot obtenu permet de commercer ou de crafter notre inventaire.
Ces sessions sur mer qui nous proposent une grande liberté d’actions constituent le gros point fort du jeu.

Un multi qui s’affine mais stagne lui aussi
Assassin’s Creed 4 dispose encore d’un mode multi jouable jusqu’à huit en réseau local développé par Ubisoft Annecy. Il est indéniable que celui-ci se peaufine dans son gameplay mais ses gametypes n’évolue plus et on a droit toujours au mêmes modes de jeu.
C’est toujours articulé autour d’un système de gain d’XP qui permet d’obtenir de nouvelles compétences pour améliorer son assassin. De nouvelles aptitudes font leur apparition évidemment.
Le raffiné mode Deathmatch dans lequel on traque pour détecter notre proie tout en étant soi-même la cible d’un autre joueur humain est toujours présent. C’est vraiment un gametype extrêmement plaisant à jouer du fait de ces multiples possibilités. Il constitue à notre sens le gros intérêt du mode multijoueur. Avec le mode « chasse à l’homme » qui propose alternativement de tuer ou de se cacher des membres de l’autre équipe.
Il y a également un mode très bourrin de coopération en équipe ou l’on doit assassiner des cibles contrôlées par l’IA. C’est dommage que ce soit ce gametype qui a eu droit au plus gros efforts de lifting. Il en avait besoin certes, mais jouer à plusieurs humains contre des bots cela limite vite le plaisir. On peut maintenant enchaîner des phases d’assassinats, qu’il faudra veiller à lancer dans le même timing que nos coéquipiers. Avec le contrôle de points en sécurisants divers coffres sur la carte. Bref, à part pour monter rapidement en niveaux, ce n’est pas trop notre tasse de thé.
On notera qu’il y a encore les modes classiques de Capture de Drapeau et de Domination. Dans celui-ci deux équipes de quatre joueurs doivent capturer trois zones désignées puis les défendre.
Par contre, et c’est un réelle déception, il n’a pas d’affrontements sur mer. Ce n’est pas excusable pour un titre qui porte sur la piraterie et qui le propose en solo…
Bref, il y en a un peu pour tous les styles de goûts. On aurait aimé plus de cartes disponibles, mais elles proposent un level-design de qualité adapté à l’action. De plus, elle se renouvellent bien visuellement.
L’interface est toujours un peu bordélique, mais on apprécie maintenant de pouvoir extrêmement bien choisir de lancer les parties avec une multitude de petites règles différentes. On regrette aussi le système, toujours présent, de micro-transactions pour un titre payant, même si cela n’influence pas plus que cela le déroulement des parties.
Au final, ce mode multijoueurs décuplera de beaucoup la durée de vie du jeu. Et il constitue maintenant une composante essentielle de la saga.

Une réalisation de qualité
Ubisoft a encore utilisé son moteur de jeu 3D appelé Anvil Next pour cet opus. Donc graphiquement le rendu est de bonne qualité. Les villes sont assez proches de ce que l’on a pu voir dans Assassin’s Creed 3. Elles sont surtout bien vivantes et avec des décors qui se renouvelle bien. Le rendu de l’eau est magnifique ce qui augmente notre plaisir de voguer en mer. On apprécie également les différents effets d’explosions des navires.
Les textures, par contre, ne sont pas très fines et bien baveuses par moment.
Ce n’est pas une claque visuelle, mais cela reste très agréable à l’œil et c’est surtout très fluide. Il y a par contre toujours un peu de clipping et quelques bugs de collision.
On apprécie surtout l’effort fournit sur les différents filtres pour cette version PC. Il y a bien sûr de l’ Antialiasing avec du FXAA, MSAA et TXAA et la gestion de l’Occlusion ambiante (SSAO et surtout HBAO+ pour les cartes plus puissantes). On notera l’effort apporté avec des cartes Nvidia (on a pas pu tester avec une ATI pour voir si la différence est importante) sur les rayons solaires, les ombres douces et surtout sur la fumée volumétrique (magnifique). Ce qui rend les combats maritimes très beaux par moments.
Les nombreuses cinématiques sont réalisées avec le moteur graphique. Cela renforce l’immersion, mais c’est un poil daté quand même au niveau du rendu des animations faciales.
Au niveau sonore, le jeu bénéficie d’un doublage français de qualité. Les différents bruitages sont réussis et la bande sonore accompagne très bien le titre.
Conclusion

Le bilan de cet Assassin’s Creed IV: Black Flag est un peu mitigé. C’est surtout dû au fait que le gameplay sur terre ne se renouvelle pas du tout. Aucunes missions ne proposent un mécanisme de jeu nouveau à la série. On a droit à tous les poncifs éculés par la saga et on remarque surtout les défauts toujours présents qui non jamais été corrigés. Il est temps d’injecter du sang neuf, cela commence à sérieusement vieillir. De plus, même s’il y a beaucoup de choses à faire cela devient très répétitif.
Le scénario n’est pas non plus le meilleur en son genre. Les scénaristes ont, assez maladroitement, essayés d’incorporer une histoire de pirate dans leur trame des Assassin’s contre les Templiers.
Pour autant difficile de ne pas apprécier la grande liberté d’action et la taille du terrain de jeu qui nous est offert. Les environnements se diversifient bien, et il y a plein de quêtes à réaliser.
Le gros morceau de cette aventure est bien entendu fournit par la possibilité de naviguer sur les eaux à notre guise, de se rendre de ports en ports, d’attaquer des navires et des forts et de partir à l’abordage pour accroitre nos richesses. Si vous aimez cet univers de piraterie, c’est un titre à ne pas manquer.
Surtout que la réalisation est de bonne qualité, notamment avec ce rendu et cette gestion de l’eau et lors des explosions des navires. On prendra souvent le temps à certains endroits d’admirer le paysage.
On apprécie également le mode multijoueurs qui ne se renouvelle pas trop non plus mais qui s’affine avec le temps. C’est toujours très plaisant de faire quelques parties de chasse à l’homme ou de Deathmatch tant ces gametypes sont raffinés. C’est par contre frustrant de ne pas pouvoir s’affronter sur mer pour un titre qui porte sur la piraterie et qui le propose en solo…
Si Assassin’s Creed IV: Black Flag n’est pas absent de tout reproche, cela reste quand même un titre très agréable à parcourir en cette fin d’année. Il devrait contenter les fidèles fans pas trop avides de nouveautés. Et surtout extrêmement plaire aux amateurs de la piraterie et aux nouveaux venus qui ne connaissent pas, sur le bout des doigts, tous les mécanismes de jeu.