Test des Sims 4
C’est la fin d’un cycle et le début d’un nouveau pour la licence Sims. Après la bonne vingtaine d’add-on et DLC des Sims 3, le demi millier d’euros voire plus qu’ils représentent, toute la bande se retrouve au fond du tiroir avant de de revenir plus fort que jamais dans ce Sims 4 fraîchement débarqué. C’est la stratégie d’EA et Maxis depuis toujours avec cette licence, à chaque nouvelle version, le studio et l’éditeur reculent pour mieux sauter. Le saut va-t-il réussir ?
L’aventure Sims
Tout a commencé il y a 14 ans, cela ne nous rajeunit pas. Les Sims se présentait comme un jeu de gestion où il fallait s’occuper du quotidien de nos familles, de la création de leur maison jusqu’à leurs besoins les plus primaires. Après 7 extensions, Les Sims 2 est arrivé avec beaucoup moins de bagages à la main, rapport aux nombreux add-on mais néanmoins avec quelques nouveautés : 3D, une gestion plus fine des Sims et la notion de vieillissement. On ne change pas une recette gagnante, le succès fut total lors des 4 années qui ont suivi, là encore avec toute une flanquée d’extensions. Les Sims 3 a gardé le rythme en apportant les traits de caractères et surtout un monde ouvert. Vraiment ouvert, quasiment aucun chargement pour aller d’un point à un autre ce qui a très largement compensé la disparition de carrières, d’objets ou autres comme à chaque nouvel opus (on vous la refait pas, vous avez compris comment ça marche). Les bases posées pour ce quatrième jeu, la première question à se poser est : Qu’avons-nous gagné ?
L’éditeur de Sims ultra personnalisable…

Nous avons toujours le même cérémonial, vous devrez passer par la case création du ou des membres de son foyer, il y a néanmoins déjà pas mal de familles jouables déjà en place. Le moins que nous puissions dire est que l’outil dédié a vécu un relifting important mais pas toujours convaincant. Pour modifier le physique de votre personnage, rien de plus simple, vous cliquez sur l’élément du corps qui vous intéresse et c’est parti. Le nez, les joues, les fesses, la poitrine pour ces dames et les pectoraux pour ces messieurs, tout y passe. Pour les plus flemmards dont j’avoue je fais partie, vous avez pour chaque élément du corps la possibilité de choisir entre divers modèles.
En revanche, cela se gâte dès que nous devons choisir notre coupe de cheveux, nos accessoires, nos vêtements etc. Sérieusement, c’est incroyablement pauvre, même une mini miss américaine se trouverait ridicule avec de telles coiffures. L’équipe de Maxis devrait s’inspirer de la vie réelle pour nous pondre des coupes qui ressemblent à quelque chose et observer celles de nos vraies stars pour partir dans leurs délires dont 3/4 des joueurs se passeraient bien. Cela sera d’autant plus crédible…

Je ne vous refais pas le topo sur les barbes, moustaches et fringues, c’est du même acabit. Tout juste nous ferons une remarque sur le fait qu’un homme est obligatoirement un adepte de l’épilation totale. Impossible de faire un bon gros bûcheron des Cévennes, seulement un geek avec une barbe et propre sur lui. Pour le reste, à croire qu’une robe de soirée doit forcément ressembler à une robe pour le concours Miss Monde (ouais j’ai un truc contre les miss avec ce test). Cela dit, la vraie déception est plutôt sur les aspirations et traits de caractère de nos clones virtuels, ça pue la réduction drastique de métiers, nous en faisons vite le tour et il n’y a rien de franchement révolutionnaire. Nous avons vraiment le sentiment que Maxis a pris les mêmes et nous propose simplement de repartir de zéro.
Enfin, c’est identique aux précédents opus, arrivé au huitième membre de votre foyer c’est terminé, vous ne pouvez pas en avoir plus. Super, j’avais vu un bel immeuble à 3 étages dans la ville, tous les membres du foyer pourront vivre dans 500 m² ! C’est le syndrome Sim City qui nous guette, les développeurs ont volontairement imposé de fortes limitations dans l’usage d’une configuration pour que le jeu puisse tourner sur un parc immense d’ordinateurs. Dans le fond, l’intention est louable mais pourquoi ne pas faire comme les autres studios en proposant simplement des paramétrages pertinent comme la distance maximale d’affichage ou, dans notre exemple, la possibilité de choisir le nombre maximal de personnes par foyer avec néanmoins une préconisation basée sur la configuration comme le fait un Football Manager, dans une toute autre catégorie, certes.
La ville ou le syndrome Sim City

Paf ! Dans le mille. Dès que vous voyez la ville, pour les joueurs de Sim City, autre production Maxis, vous vous direz que c’est cruellement petit. Deux quartiers sont présents avec quasiment tous les emplacements déjà remplis. Il vous reste à installer une dizaine de familles si l’on compte les maisons vides. Ce n’est franchement pas folichon. Pour couronner le tout, le plus grand des terrains mesure 50×50 cases contre 64×64 auparavant. Ce n’est pas très grave pour une maison (il n’y a que 8 membres par foyer faut-il le rappeler ?), pour une zone de loisirs, c’est un peu plus gênant. Peu importante, nous nous lançons dans la construction.
De belles nouveautés ici, enfin, après des années de réclamations par les joueurs, une maison n’est pas forcément sur des niveaux à une hauteur fixe. Vous avez désormais le choix entre trois hauteurs de mur. Cela permet de se faire plaisir d’un point de vue architectural, bien que nous sommes encore très loin de ce que nous pourrions voir dans notre monde réel. Typiquement, un des travers du système est que la fondation est la même pour tous les murs du terrain, il est donc impossible d’avoir deux maisons sur le même terrain avec des hauteurs de fondation différentes.
Avec les Sims 4, vous avez à disposition un bon nombre de pièces préconçues avec tout l’ameublement à disposition, c’est très pratique surtout en début de partie quand nous n’avons pas forcément les moyens financiers pour jouer les apprentis Philippe Starck. Si dans la pièce un objet ne vous convient pas, pas de souci, comme dans les précédents opus, ils conservent leur valeur de départ tant que vous ne quittez pas le mode achat (plus un petit sursis si votre Sim n’utilise pas l’objet), vous pouvez donc le remplacer parce que vous vouliez sans surcoût hors celui de l’objet que vous achetez, forcément. Enfin, si la taille de la pièce ne vous convient pas, un clic sur le mur et vous pouvez l’étendre comme bon vous semble, les objets suivront intelligemment l’agrandissement. Si vous réduisez la taille et que l’espace s’avère trop petit pour contenir la totalité des objets présents dans la pièce, n’ayez crainte, ils partiront dans votre inventaire et vous pourrez les revendre ou les replacer comme bon vous semble.

Là où le bât blesse, c’est dès que vous passez dans l’achat d’objets. Forcément, nous pleurons après avoir connu les Sims 3 et toutes ses extensions, la diversité n’est pas la même. Plus de téléphone fixe, plus de voiture, plus de lave-vaisselle (WTF ?), plus de jacuzzi pour les fortunés, plus de piscine ou de cave, c’est la dèche. Pendant ce temps-là, vous croiserez des objets que 3 personnes à travers le monde ont, comme la machine à faire des cookies. Ceci dit, ce n’est pas mon plus grand regret, je n’ai pas encore compris pourquoi les développeurs de Maxis s’acharnaient à faire une dizaine de gammes tarifaires pour autant de cuisinières plutôt que nous faire deux ou trois gammes de prix avec plusieurs cuisinières pour chaque. En définitive, quand vous voulez que vos Sims vivent pour le mieux, vous n’avez qu’un seul choix possible, ce qui fait que vos maisons, comme c’est le cas depuis les Sims premier du nom, se ressemblent toutes par leur contenu et seule la forme change. C’est bien dommage… Abstraction faite de ce phénomène dont Maxis est coutumier, nous découvrons que le placement est plus aisé car désormais, une case se compose de 4 sous cases qui permettent d’affiner le positionnement de nos objets.
Où est mon monde ouvert ?!

Un nouvel opus des Sims, c’est l’occasion de partir sur une base technique plus en adéquation avec le parc informatique du moment. Alors, disons-le nous franchement, la volte-face de Maxis concernant le monde ouvert des Sims 3 est incompréhensible. Tout ça est fini, back to Sims 2. Pour aller chez le voisin ? Chargement. Pour aller dans un bar ? Chargement. Pour repartir de ces endroits ? Chargement. Vous fuirez cela comme la peste et cela sera une torture pour certaines carrières comme celle de musicien où vous devrez aller dans les zones de loisir pour remplir certains objectifs sans lesquels vous ne pourrez pas évoluer.
Le retour en arrière ne se limite pas à ça, les décors sont pauvres, plus de magasins, vous achetez un livre au clic sur une bibliothèque, logique, il faut les voir comme des équivalents littéraire d’un distributeur de boissons. On passe sa vie dans les bars ou club de fitness car il n’y a rien d’autre à faire. Ah si ! De temps en temps, un musée. Cloîtré chez vous, effrayé à l’idée de perdre plusieurs minutes de votre précieux temps à regarder un écran de chargement, vous apprenez que pour le bien de votre carrière vous avez besoin de lier 10 amitiés, ce chiffre qui vous semblez si anecdotique avant semble être une montagne ici. Vous décidez finalement de vous reconvertir.
Vivre dans les Sims 4

Nous avons fait le tour de tout ce qu’il y a en dehors de la gestion d’un Sim, concentrons-nous sur cet élément qui au final, est l’essentiel du jeu. C’est vrai, il faut bien faire vivre nos ouailles dans cet univers virtuel. Vous avez droit à un nouveau système de gestion des émotions. En fonction de l’environnement, de l’assouvissement ou non de ses besoins ou du déroulement d’une conversation, un Sim va ressentir différents sentiments. Par exemple, un Sim qui a pris un bain moussant se sentira joueur pendant quelques heures, après une grosse séance de sport il pourra être courbaturé sauf si vous avez eu la bonne idée de prendre une douche tonique avant et fait quelques séances d’échauffement avant de vous lancer dans 6h de boxe, sans oublier la bonne sieste après. Un Sim qui regarde des œuvres d’art se sentira inspiré et pourra écrire un roman de meilleure qualité. Globalement, chaque activité apporte ses effets positifs et négatifs, votre Sim peut devenir joyeux, dragueur, farceur, hyperactif, stressé, mal à l’aise, embarrassé, honteux, triste. Parfois, ces sentiments pourront vous tuer, le coup classique est la faim, mais la tristesse aussi pourra mettre un terme à sa vie. Dans le fond, c’est un système que nous connaissions déjà et désormais plus poussé, ce n’est plus seulement dû à un contexte environnemental, c’est aussi intimement lié à vos actions. Et ces émotions vous donneront accès à de nouvelles actions. Cela promet de bonnes séances de découvertes pour optimiser au mieux les activités de son Sim par exemple.

Mais les émotions ne font pas tout, ce ne sont pas elles qui vont vous ramener des Simflouz ! Pour devenir riche, deux possibilités, soit vous vivez reclus chez vous à enquiller les œuvres, qu’elles soient faites de toile et de peinture ou de papier et d’encre ; soit vous optez pour une carrière professionnelle. Je ne m’attarderai pas sur le premier point qui a traversé les âges dans les Sims sans jamais évoluer outre mesure pour aborder plus en détails les carrières. Je crois que les équipes de Maxis sont allés au bout de leur délire en définissant les 8 carrières. Il y a d’abord astronaute, un métier on ne peut plus classique ma foi, puis criminel et agent secret, normal. Ensuite, des métiers un peu moins original comme gourou des technologies, une manière de ne pas dire informaticien en gros, écrivain, cuisto ou encore peintre. Oui, vous l’avez bien remarqué, deux des carrières sont ni plus ni moins que des utilisations de nos activités extraprofessionnelles. Enfin, il reste comédien/musicien. Franchement, ils ne se sont pas foulés, d’une part, nous perdons 3 carrières par rapport aux Sims 3 Original, d’autre part, c’est vraiment des carrières où il est difficile de se projeter. Si au moins c’était marrant mais non, votre job est aussi barbant qu’avant, vous ne participez pas du tout à l’action. Vous pouvez seulement choisir votre comportement au travail : flâner, partir plus tôt, se faire des amis, lécher les bottes du patron, bosser comme un fou etc. Ce qui influera sur vos émotions, vos compétences, vos relations et votre performance au travail, ce dernier étant la clé pour une promotion, vous ciblerez constamment les meilleures performances. Pour obtenir une promotion, ça n’a pas changé non plus, il y a un ou plusieurs objectifs à remplir et que vous ne pouvez donc réaliser que depuis chez vous (ou presque). Enfin, de temps en temps, une petite anecdote avec un choix binaire qui pourra vous faire perdre ou gagner de l’argent, vous faire obtenir instantanément une promotion ou vous rétrograder. En général, cela augmentera ou diminuera votre performance au travail. Mais difficile d’évaluer cette influence car quand votre Sim est au travail, vous n’avez plus accès à ses infos à l’exception de ses besoins. Ce qui est complètement idiot.

Quotidien, boulot… bébé ! Et bien c’est très simple de vous parler de la famille, vous voyez les bambins ? Et bien ils ne sont plus là. Voilà voilà. Votre bébé passe de 3 mois à 10 ans en un clin d’œil, c’est parfaitement crédible. Oui je parle pour ne rien dire mais en fait il n’y a tellement rien qui n’a changé en ce qui concerne la famille que je meuble. Bon allez, passons à la conclusion.
Reculer pour mieux sauter

La boucle est bouclée, nous revenons sur la devise que nous avons attribué à Maxis et EA. Et à nos yeux, le constat est sans appel, à trop vouloir reculer en ce qui concerne le contenu, les développeurs se sont cassés la gueule bien avant le saut. D’abord la disparition du monde ouvert au profit de chargements à balancer son clavier par la fenêtre, la sélection douteuse des carrières, le mauvais goût pour les coiffures, la grande perte de variété pour nos Sims (vêtements, couleurs des yeux, pilosités, tatouages, accessoires…), cette obstination à faire en sorte que 90% des objets ne sont utiles qu’en début de partie pour peu que nous jouiez pas les motherlode, la disparition des piscines, des caves,, bye bye les bambins, pour une simulation de vie ça la fout mal quand même.
Les Sims est une licence adulée par les uns, détestée par les autres, nous en avions déjà parlé lors de notre test des Sims 3. A l’époque, nous avions déjà fait mention du risque pour le studio de trop reculer à chaque nouveau numéro et d’après nous, les Sims 3 s’en sortaient grâce à ses énormes innovations, plus réussi techniquement que les Sims 2 et avec un monde ouvert très pratique et fluide. Sans être de méga fan, car nous avouons ne pas vraiment faire partie de la cible, nous continuions à adhérer au concept et nous comprenions le large succès de la licence. En revanche, Les Sims 4 n’ont rien, il n’y a même pas un bond graphique qui justifierait la migration et les notes des joueurs qui fleurissent un peu partout sont le symbole du même constat. Trop c’est trop, il faut un moment où une licence ne peut pas être qu’un éternel recommencement, restez sur les Sims 3.