Jeu vidéo / La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor

Date de sortie
Moteur
-
Mode de jeu
-
Thèmes du jeu
Action, Aventure

Test de La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor

La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor est, comme son nom l’indique, le dernier jeu se déroulant dans l’univers imaginé par J.R.R. Tolkien. Il s’agit d’un TPS mêlant action et aventure dans un monde ouvert. C’est édité par Warner Bros Games et développé par Monolith Productions. On nous promet un « univers de jeu exceptionnel » et nous on attend surtout un titre rendant dignement hommage à cette franchise culte. La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor parvient-il à combler les fans d’heroic fantasy mais aussi à conquérir un plus large public ? Éléments d’explications et verdict ci-dessous.

Pèlerinage à la Porte Noire

La porte noire au rendez-vous.
La porte noire au rendez-vous.

Le jeu débute la nuit du retour de Sauron au Mordor, alors que l’armée de ce dernier exécute froidement les rôdeurs de la Porte Noire. Vous incarnez Talion, un rôdeur ayant perdu sa famille et tout ce qui lui était cher. Il est ramené à la vie par un mystérieux esprit de vengeance avec qui vous partagerez votre enveloppe corporelle (sic).

Cette histoire n’a pas été écrite par J.R.R. Tolkien dans un de ces recueils. C’est le studio qui a imaginé cette aventure située entre les événements du Hobbit et ceux du Seigneur des Anneaux. Pour les fans du maître cela restera assez fade car le scénario n’est pas des plus emballant avec une écriture terne et une fin bâclée. Mais on retrouvera avec plaisir certains personnages cultes comme Celebrimbor (Le Silmarillion), Gollum et Sauron notamment.

Talion, notre personnage principal manque de charisme. On y préférera notre acolyte qui lui possède une réelle profondeur. Et qui, par son passé et son rôle dans l’histoire, est bien mystérieux et donc bien plus intéressant.

Cette aventure vous occupera en moyenne une bonne vingtaine d’heures. Même si l’on peut terminer les vingt missions principales en moins de dix heures. Et qu’il vous en faudra environ trente pour finir le jeu à 100%. Car comme dans un Assassin’s Creed vous avez pleins d’autres missions annexes à accomplir : délivrer des esclaves, récolter divers éléments, participer aux luttes de pouvoir locales, etc…

Et contrairement au jeu d’Ubisoft cette recherche d’objets et toutes ces missions ont un réel intérêt dans la progression de notre personnage. En effet, on gagnera ainsi de l’XP, des points d’expérience et de pouvoir que l’on pourra dépenser pour améliorer nos caractéristiques, nos armes (épée, arc et dague) et aussi pour débloquer de nouvelles compétences. Il y a également un système de runes, lâchées çà et là par des capitaines occis, que l’on peut incorporer à nos armes (jusqu’à cinq).

Cela donne un petit aspect RPG au titre et c’est plutôt bien pensé. L’exploration devient ludique car elle permet de rendre notre personnage de plus en plus puissant. Toutes ces missions revêtent donc un réel intérêt même si l’on n’est pas obligé de les faire.

Assassin’s Creed dans La Terre du Milieu

Il va falloir payer des droits d'auteur...
Il va falloir payer des droits d’auteur…

Monolith Productions a grandement (outrageusement) repris à son compte le gameplay (ainsi que diverses animations et visuels) proposé par Assassin’s Creed. On peut donc faire grimpette sur les murs, effectuer des sauts de la foi (sans dégâts de chute), activer des tours (Borgia) pour se déplacer ensuite plus rapidement dans les diverses zones des deux cartes proposées. Si vous avez déjà joué à un des titres de la saga phare d’Ubisoft vous ne serez pas dépaysé et la prise en main sera très rapide.

On possède également une vision astrale qui permet de visualiser tous les ennemis situés aux alentours ainsi que leur déplacements à travers les murs. On pourra aussi détecter des éléments à récolter plus facilement, et divers pièges à déclencher.

En effet, une fois dans les baraquements ennemis on a la possibilité de tirer nos flèches sur des feux de camps (avec de la poudre spéciale) afin de les faire exploser. Mais aussi sur des réserve de grogs, que l’on peut également empoisonner en se faufilant discrètement. On trouvera aussi des nids de guêpes et des pans de mur friables qui ne demandent qu’à s’effondrer sur nos adversaires. Ou alors pourquoi ne pas faire participer à la fête des caragors (lointain cousins des Wargs) en les libérant de leur cage (une flèche pour casser le cadenas) ou en décrochant des barbaques de viandes suspendus pour les attirer.

Cela a pour mérite de diversifier un peu les combats et les techniques de diversions lors des séquences d’infiltrations. De plus, certains capitaines seront plus sensibles à tels ou tels type de dégâts (feu, guêpes, caragors, etc…) et donc plus facile à abattre.

Sinon comme dans un Assassin’s Creed classique on peut escalader des bâtiments pour ensuite effectuer des exécutions aériennes ou pour faire tomber des victimes trop proches des rebords. Évidemment, il y a aussi un système au sol pour se dissimuler dans des herbes hautes et pour procéder au même type de mise à mort.

Mais si le jeu propose quelques séquences d’infiltration, le principe général repose sur du combat bien bourrin.

Batman dans La Terre du Milieu

Talion plus fort que Bruce Wayne !
Talion plus fort que Bruce Wayne !

Après avoir repris globalement le gameplay d’Assassin’s Creed, les petits gars de chez Monolith Productions ont aussi incorporé (pompé) le système de combat développé par Rocksteady dans les derniers Batman. Et là encore, si vous avez déjà joué à un de ces titres vous ne serez pas dépaysé et la prise en main sera très rapide.

Les scènes de combats sont relativement simplistes. On vise un adversaire puis un seul clic gauche pour donner un coup, après en cliquant encore une fois on enchaîne contre le même ou un autre ennemi. Batman, euh pardon Talion, assène alors les coups dans un ballet sanglant. On devra aussi contrer dans le bon timing (c’est large) un ennemi spécifique avec un clic droit, sauter par-dessus lui pour le frapper dans le dos lorsqu’il a un bouclier, etc…

Le studio ne s’arrête pas là et reprend aussi le concept de coup fatal dès que l’on atteint 8 combos (5 par la suite). Et on peut aussi utiliser un lancé rapide de lames qui remplacent les batarangs. Bref, comme un sentiment de déjà-vu.

Pour autant, ce mécanisme est très bien rodé et il est, selon moi, encore plus amusant que dans Batman. Car déjà, il y a beaucoup plus de pouvoirs à débloquer et à utiliser durant ces rixes. Le plaisir se renouvelle continuellement et tout au long de l’aventure. Et heureusement, car au final cela reste quand même très répétitif si on ne modifie pas nos techniques de combats. On pourra, par exemple, remplacer les exécutions spéciales par des marquages. Il s’agit d’un pouvoir spectral qui permet de transformer un adversaire en un allié.

Des exécutions stylées.
Des exécutions stylées.

Si le chevalier noir ne tue pas ses opposants ce n’est pas le cas de Talion qui lui adore les décapiter. Les combats sont donc sanglants avec une panoplie de mise à mort hyper stylée et bien gore. On ressent une réelle sensation de puissance et, avec un peu d’entraînement, on effectue des combinaisons dévastatrices qui s’enchaînent en toute fluidité. C’est une réelle chorégraphie sanguinolente pour notre plus grande satisfaction.

On affronte uniquement des hordes d’orques et d’uruks. Leur IA est aux abonnés absents et seul leur nombre vient compenser cette grosse faiblesse. Il y a également des caragors à combattre mais on préférera vite les dompter pour les utiliser comme moyen de locomotion ou bien combattre sur leur dos. Il y a encore deux autres races belliqueuses animales que l’on croisera très rarement. Au final, le bestiaire est vraiment trop restreint.

Le studio a implanté un système d’univers persistant. Il s’agit du Nemesis System qui permet à chaque ennemi de posséder un visage unique, sa propre personnalité et des forces et des faiblesses spécifiques. Toutes vos actions et vos décisions sont mémorisées dans cet environnement évolutif.

Par exemple, si vous perdez ou si vous fuyez un capitaine lors d’une rixe, il vous chambrera à votre prochaine rencontre, tout comme il vous rappellera qu’il vous a déjà vaincu quand c’est le cas. C’est vous qui ferez circulez des rumeurs dans les rangs adverses en montant souvent des caragors ou en utilisant votre arc pour effectuer des mises à morts silencieuses. Vous engendrerez surtout des ennemis jurés spécifiques. Et vous favoriserez les évolutions dans l’armée de Sauron. Ce n’est pas un élément fondamental mais cela a le mérite d’exister et de diversifier un peu les choses.

Une direction artistique de qualité

Un joli travail sur les textures.
Un joli travail sur les textures.

Graphiquement le titre propose des environnements soignés. C’est plutôt joli mais on regrette la trop grande utilisation d’environnements génériques. Il y a assez peu de grands édifices et de population en général. La première partie du jeu se déroule en Udun et la deuxième à Nurm. Il n’y a pas de différence architecturale des bâtiments et le seul changement visuel réside dans le fait que le sol est recouvert d’herbe à Nurm et de cendres en Udun… C’est dommage et on aurait aussi aimé visiter plus de lieux connus comme peut l’être la porte noire.

Les textures sont très fines et bien détaillées. Cette belle réussite rehausse nettement la qualité visuelle d’ensemble. Alors le titre propose des textures « ultra » si vous avez un carte graphique avec 6 Go de VRAM. Elles sont magnifiques. Cela peut tourner avec du matos costaud et une carte aux spécificités plus basse mais cela ramera lorsqu’il y aura beaucoup d’ennemis à l’écran. Si vous respectez les recommandations le jeu est fluide sans chutes importantes de framerates.

On apprécie également le travail effectué sur les animations des personnages, surtout lors des combats. Les cinématiques sont agréables et les animations faciales convaincantes.
Le niveau sonore fait également bonne impression. Les doublages sont réalistes avec de bonnes intonations et on retrouve certaines voix des films de Peter Jackson. C’est un réel plaisir d’avoir Gollum d’ailleurs. Les bruitages et les musiques sont agréables et ils permettent de bien s’immerger dans le monde de la terre du milieu.

Conclusion

Gollum apporte un réel plus.
Gollum apporte un réel plus.

La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor est un titre qui devrait plaire au plus grand nombre. Cela fait plaisir de trouver enfin un jeu sympathique se déroulant dans l’univers imaginé par J.R.R. Tolkien.

Le studio a pris des libertés et nous propose un scénario certes inédit mais sans réel profondeur. Talion, notre héros, manque également de charisme. C’est dommage mais on retrouvera avec plaisir certains personnages cultes.

Monolith Productions ne s’est pas trop cassé la tête et nous concocte un mix entre Assassin’s Creed et les derniers Batman. Pour autant, ce cocktail en monde ouvert fonctionne bien. C’est surtout dû aux combats sauvages et sanglants qui se renouvellent avec l’acquisition de nouveaux pouvoirs tout au long de l’aventure. C’est réellement jouissif, par moment, on ressent une bonne sensation de puissance qui se déverse à grand coup de décapitations sur nos pauvres ennemis qui ne savent plus ou donner de la tête.

Si le monde que l’on arpente est très générique, la réalisation artistique rend l’ensemble crédible pour que l’on s’y immerge entre vingt et trente heures : le temps de finir complètement le jeu.