Jeu vidéo / Civilization : Beyond Earth

Date de sortie
Développeur
Firaxis
Éditeur
2K
Moteur
-
Modes de jeu
Type de jeu
Stratégie tour par tour
Thème du jeu
Stratégie

Test de Civilization : Beyond Earth

Après avoir pressé notre si belle Terre comme un citron, l’humanité pourrait s’installer sur un autre caillou qu’en dites-vous ? C’est ce que vous propose Civilization : Beyond Earth en vous faisant voyager à travers la galaxie pour coloniser une nouvelle planète. Ce nouvel épisode de la série de stratégie au tour par tour s’inspire d’Alpha Centauri pour la thématique spatiale et de Civilization V pour le gameplay. Le mélange prend-il ?

Un petit pas pour l’homme

Civilization Beyond Earth - Screenshot 1
Toujours au RDV, la configuration de la partie

Tandis que Civilization nous faisait traverser 6 000 ans d’histoire avec une nation, Beyond Earth change de concept et nous envoie dans les étoiles. En l’an 2394, la Terre vit ses derniers instants, l’humanité n’a d’autres choix que de tenter le tout pour le tout en envoyant des colons dans l’espace à la recherche d’une planète habitable. Le jeu commence lorsque vous tombez sur ce nouvel Eden, avec son lot d’extraterrestres plus ou moins hostiles et différentes unions de nations qui tentent elles aussi de trouver une issue favorable à leur peuple et leur culture.
Si le thème SF permet un dépaysement certain, les adeptes de Civilization et notamment du dernier opus avec sa carte en hexagones et l’interdiction d’empiler les unités trouveront vite leurs repères. Beyond Earth ne propose aucune campagne, vous partez sur du multijoueur ou sur du solo. Avant de commencer, toujours l’indispensable passage par la configuration de la partie, il y a bien plus d’écrans de paramétrage que dans Civilization V car l’interface se veut très graphique au détriment de l’aspect pratique. Rassurez-vous, il y a toujours la possibilité de configurer en détails la partie et vous retrouvez un schéma plus classique avec tout un ensemble de listes déroulantes (type de planète, quantité de ressources, nombre de nations en jeu, type de victoire etc.). Premier regret, vous verrez durant la partie que les aliens ont une place prépondérante en début de jeu et pourtant, les options pour ces derniers sont très limitées, à l’image des barbares dans les autres itérations de la série Civilization. C’est curieux de ne pas avoir fait une civilisation autochtone, éventuellement non jouable, qui serait plus ou moins en avance technologiquement et plus ou moins installée etc. Autre point, les variables pour la planète sont du même acabit, cela manque cruellement de possibilités. Globalement, malgré tous les paramètres existants, l’environnement de la partie ne change jamais vraiment, toujours les mêmes décors, toujours le même degré d’hostilité et il n’y a que 8 nations ! Tout ça est un peu décevant.

Adapter, écraser, préserver

Civilization Beyond Earth - Screenshot 2
Un ver qui vous donnera du fil à retordre en début de partie

Une partie débute toujours de la même manière, votre colonie est en orbite et vous devez choisir le lieu d’implantation de votre première ville. Pas question d’aller n’importe où, un petit rayon de cases est proposé. En configurant votre partie, vous avez fait le choix d’avoir certains avantages avec votre nation pour commencer : un ouvrier à disposition, une ville plus grande, des ressources détectables sans les technologies liées, des soldats, l’affichage sur la carte de toutes les côtes ou encore un rayon plus grand pour s’installer. Dans tous les cas, vous aurez aussi un explorateur, ce dernier est un mélange de l’éclaireur et de l’archéologue dans Civilization V. Rapidement, l’exploration s’avérera complexe, votre nouvelle contrée n’est pas forcément aussi accueillante que vous l’espériez, de nombreux territoires sont envahis par les miasmes, un gaz qui réduira la santé de vos unités à chaque tour. Tandis que les barbares sont remplacés par de voraces aliens. Dociles lors de vos premières traversées, dès que vous commencerez à fouiller leurs environs, ils se sentiront menacés et attaqueront. Et autant dire qu’ils sont difficiles à aborder, vous croiserez d’énormes monstres comme des krakens, des vers géants qui s’étalent sur plusieurs cases, d’autres moins imposants mais tout aussi agressifs comme les manticores. Bref, il vaudra mieux les éviter puis revenir une fois que vous serez bien armés. A moins que vous décidiez de vivre en harmonie avec eux.

Civilization Beyond Earth - Screenshot 3
Les unités sont différentes selon votre affinité

Car Beyond Earth a revu son système de doctrines, exit l’autocratie ou la démocratie, la question fondamentale que l’humanité se pose, c’est comment va-t-elle survivre dans un environnement qui n’est pas le sien. Il y a trois doctrines, la première est l’Harmonie, votre nation s’adapte à son environnement, la seconde est la Pureté, vous restez humains coûte que coûte, la troisième est la Suprématie, vous jouez avec la technologie pour tout écraser sur votre passage. Pour chaque doctrine, vous aurez une affinité plus ou moins grande qui vous octroiera des bonus. Si vous êtes en harmonie avec cette nouvelle planète, les aliens seront plus enclins à vous laisser faire ce que vous voulez et les miasmes pourraient avoir des effets positifs sur vous. Les doctrines vous mènent aussi à des unités spéciales et des améliorations spécifiques pour les unités de base ce qui donne un peu de variété mais pas trop, les développeurs ne se sont pas souvent cassés la tête et pour une unité, quelque soit l’affiliation, les bonus possibles seront parfois les mêmes.

Civilization Beyond Earth - Screenshot 4
Mais le choix du bonus varie en réalité assez peu

Vous avez aussi la liberté de mélanger les doctrines. Le concept est sympa mais manque de complexité, d’une part, les doctrines ne font l’objet que de bonus et d’aucun malus, d’autre part, une doctrine nous emmène vers des voies technologiques différentes et pourtant cela influence peu la planète, enfin, nous pouvons mélanger les trois sans que cela pose problème alors qu’elles sont particulièrement divergentes. En fait, cela rappelle Anno 2070 qui se base sur la même mécanique avec une nation technologique et écolo et une nation industrielle et polluante, les deux ayant beaucoup de mal à cohabiter. Pour Beyond Earth, cela manque d’influence, comment deux nations, une qui ravage tout, et l’autre qui tente de s’adapter à son nouveau monde peuvent cohabiter ? Avec ces trois doctrines, il y avait la possibilité de modifier la planète au fil de la partie, la transformer en quelque chose de plus proche de la Terre ou inversement. Prenons les miasmes, une nation avec une Harmonie forte peut les exploiter et accroître ses défenses avec, mais elle pourrait carrément faciliter leur propagation sur l’ensemble de la planète, ce qui ne sera pas du goût d’une civilisation adepte de la Pureté qui ne les tolère pas.

L’humanité à la croisée des chemins

Civilization Beyond Earth - Screenshot 5
Vous aurez à remplir des quêtes tout au long du jeu

C’est un peu tout le problème de Civilization : Beyond Earth, le jeu nous place à un carrefour philosophique et culturel mais notre choix n’a finalement pas d’impacts énormes sur le cours du jeu. On peut même se délirer à mélanger les doctrines sans que ça choque alors que lorsque vous êtes amenés à faire ces choix via des quêtes notamment, le jeu tente de vous faire peur en vous disant que c’est dangereux de changer de voie. En réalité il n’y a aucun risque. Au final chacun aura ses grosses unités avec certes des bonus différents (pas toujours) mais il n’y a rien d’autre pour influencer l’équilibre de la partie. C’est d’autant plus dommage qu’il y a des tas de leviers pour avoir une affinité avec telle ou telle doctrine, si bien que les cantonner à quelques bonus et des unités différentes casse nettement le concept. Nous avons rapidement parlé des quêtes, au fur et à mesure de la partie, le jeu vous propose de réaliser des missions qui consistent le plus souvent à fouiller une épave de satellite, détruire un nid d’extraterrestres, voler une technologie etc. Rien de bien folichon et les quêtes sont toujours les mêmes d’une partie à une autre, nous pouvons difficilement faire plus répétitif. Toutefois, vous serez aussi amené à prendre des décisions qui auront un effet sur vos affinités, par exemple, accueillir des réfugiés augmentés (transhumanisme) dans votre ville vous fera glisser lentement mais sûrement vers la Suprématie. Cela donnera aussi des bonus à des bâtiments qui dépendront donc de vos choix. Rien de fou et là encore, c’est toujours pareil d’une partie à l’autre.

Civilization Beyond Earth - Screenshot 6
Il faut protéger sa balise jusqu’à prendre contact avec une autre planète

Plus intéressant en revanche, les conditions de victoires, outre l’habituelle victoire par domination et a limite de tours vous avez 4 autres victoires possibles. La victoire par contact consiste à construire une balise pour détecter une forme de vie sur une autre planète, la victoire par transcendance est réservée aux civilisations ayant atteint un certain niveau d’harmonie, la victoire par émancipation est réservée à l’affinité suprématie et la victoire par terre promise à l’affinité pureté. Chose intéressante, pour ces victoires spéciales, cela passe toujours par la construction d’une merveille qu’il faut placer sur son territoire et qui peut être détruite avant la victoire obtenue. En effet, il reste toujours un dernier objectif à remplir une fois la merveille construite et activée.
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Civilization Beyond Earth - Screenshot 7
L’espionnage est relativement abouti dans Beyond Earth
n rouage que nous retrouvons dans tous les Civilization, c’est la diplomatie. Comme dans tous les Civilization, Beyond Earth sans add-on ne nous propose rien de fou dans le domaine. Seulement pouvons-nous noter l’apparition des faveurs, en gros, fournir de l’argent ou des ressources en l’échange d’une faveur, c’est-à-dire la promesse de nous rendre un service le jour où nous en aurons besoin. Bien entendu, cette promesse n’oblige aucunement la nation à la tenir le moment venu. Plus sympathique, la partie espionnage, l’espionnage à l’avantage d’être toujours utile, vous pouvez voler une technologie mais vous pouvez vous contenter de voler de l’argent ou de la science. Une fois que votre espion est devenu un vétéran dans le domaine, il pourra renverser une ville, y détruire tous les aménagements ou même appeler un vers géant. S’il sait rester discret, vous arriverez à mettre un sacré bordel chez vos concurrents.
Dernier détail de gameplay, il est possible d’envoyer des satellites autour de la planète, selon le type, vous obtenez divers bonus pour vos villes, vos unités etc. certains satellites sont capables de se déplacer ou d’attaquer. Celui que vous utiliserez le plus en début de partie est le répulseur de miasmes, très utile pour réduire l’activité alien.

La grande question sur la vie, l’univers et le reste

Civilization Beyond Earth - Screenshot 8
42 technologies à découvrir, c’est bien mais pas top

Autre levier et certainement le plus important, les technologies. Il y en a 42 (clin d’œil à Douglas Adams) et se présentent sous la forme d’une toile d’araignée. Vous démarrez par le centre, plus vous vous éloignez, plus la recherche coûte chère, plus vous avez de technologies et de villes, plus la technologie suivante coûte chère. Les dernières grandes technologies sont donc difficiles à obtenir, Firaxis Games s’est même vanté que vous ne pourrez pas maîtriser toutes les technologies en une seule partie, c’est assez vrai, la victoire arrive systématiquement avant mais en choisissant les bonnes règles, vous pourrez toutes les avoir bien entendu. Cette toile technologique repose sur pas mal de concepts actuels liés à la robotique, la génétique, etc. en gros il n’y a rien de farfelu, elles s’inscrivent sur des théories existantes et les concrétisent tout simplement. Cela donne du crédit au background de Beyond Earth, aucun délire SF et pourtant, le studio a déjà pu faire quelques folies. C’est intéressant et il y a toujours une civilopédia riche en contenu pour vous guider et vous informer. Pour revenir aux doctrines, les technologies ont une forte influence sur votre affinité, assez logiquement, partir sur des technologies consistant à remplacer les membres de votre corps par des membres artificiels vous fera prendre la direction de la Suprématie. Si vous préférez créer un pont entre votre nouvelle planète et la Terre, la Pureté sera votre doctrine. Enfin, si vous cherchez des technologies pour vous immuniser aux miasmes, vous vivrez en Harmonie avec votre nouvelle planète. Le système est plutôt convaincant car il décloisonne complètement le gameplay, dès le début de partie vous pouvez rapidement vous lancer dans une grosse recherche donnant accès à une unité archi puissante qui écrasera tout sur son passage, à l’inverse vous pouvez miser sur une industrialisation ou favoriser le développement de vos villes, cela ouvre un bon champ de possibilités. Mais comme pour les doctrines elles-mêmes, il est très difficile de créer un véritable gouffre culturel entre une nation ayant opté pour la robotisation à une autre préférant vivre au milieu de la jungle et des aliens. Tout s’équivaut alors que nous aurions pu faire des unités pour la doctrine Pureté moins puissantes que celles de la Suprématie mais en revanche moins coûteuse. C’est le genre de choses que nous palpons avec l’Harmonie et la symbiose que vous pouvez créer avec les miasmes. Remplir tout son territoire de miasmes, ce qui régénère votre santé et réduit celles des ennemis n’ayant pas la même doctrine, l’invasion n’en est que plus difficile. Tout cela vient donner du sens à nos choix, dommage que Firaxis Games n’ait pas foncé dans ce concept.

Un Civilization en manque d’extensions

Civilization Beyond Earth - Screenshot 9
Graphiquement, l’univers est assez riche mais ça reste du Civilization

Globalement, Civilization : Beyond Earth souffre d’un léger manque d’ambition. Le nombre de technologies est tout juste suffisant, une spirale de plus dans cette toile d’araignée n’aurait pas été du luxe histoire de pousser le joueur à définir sa stratégie d’innovation. Il y a peu de civilisations jouables et c’est vraiment dommage d’avoir relégué les aliens au simple statut de barbares, nous aurions au moins pu avoir le même système que les cités-états de Civilization V (remplacé ici par un système de colonies indépendantes). Le nombre de bâtiments et d’unités offre une certaine variété mais le système d’affinité ne permet pas de marquer les différences de culture. Il y a des nouveautés comme les satellites qui mériteraient d’être davantage exploitées.
Même regret au niveau des doctrines, tout est histoire de bonus, jamais de malus. Tout se mélange dans une incohérence totale et pourtant ça passe. La diplomatie est sèche de chez sèche, heureusement, l’espionnage relève le niveau. Enfin et c’est le plus important, nous arrivons sur une planète qui n’est pas la nôtre, nous devrions avoir un impact énorme sur l’écosystème et pourtant, il n’en est rien. Cela n’en fait pas un mauvais jeu mais en cette période prolifique en jeux vidéo, Beyond Earth y perd quelques plumes.

Note : un bug sur les écrans 120 et 144Hz nous ont contraint à prendre nos screenshots dans un format batard. La mauvaise nouvelle, c’est qu’un mois après la sortie du jeu, le problème persiste. Cela n’influence pas la note mais tenez-vous le pour dit.