Jeu vidéo / Wasteland 2

Date de sortie
Moteur
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Modes de jeu
Type de jeu
RPG
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Test de Wasteland 2

Après nous avoir irradié de plaisir avec le premier Wasteland il y a plus de 25 ans et, surtout, Fallout 1 et 2, Brian Fargo avait troqué son contrat chez Interplay contre la création de son propre studio en 2002 : inXile. Depuis, le studio n’avait jusqu’à présent jamais totalement convaincu, à l’image de Hunted : The Demon’s Forge qui nous avait fait pâle impression. Mais quand la compagnie décide de lancer une campagne Kickstarter en 2012 pour une suite à Wasteland, les joueurs PC s’emballent et de nombreux nostalgiques du RPG à l’ancienne soutiennent le projet.
Après quasiment 3 millions de dollars récoltés et deux ans et demi de taff, Wasteland 2 est enfin là et nous plonge à nouveau dans un univers post-nuke cohérent et immersif, malgré une réalisation modeste comme l’était Hunted.

Une réalisation en dents de scie

Wasteland 2 - Screenshot 1
Graphiquement c’est moyen mais on s’en fout

Evacuons tout de suite le point le moins marquant de Wasteland 2 : les graphismes. Tournant avec le moteur Unity, qui a plutôt le vent en poupe sur mobile, le titre d’inXile affiche une plastique pas franchement reluisante. Les décors sont statiques, les textures manquent de détail et chaque personnage semble avoir oublié un bon paquet de polygones (la phase de création d’un personnage sera un instant particulièrement délicat pour vos yeux). Les animations, quant à elles, font preuve d’une raideur de tous les instants et se répètent souvent. Bref, sans être moche, Wasteland 2 n’est pas vraiment sexy au premier coup d’œil. D’ailleurs, continuons les reproches en évoquant une carte du monde rédhibitoire sur laquelle il est difficile de s’orienter, quelques bugs plus ou moins gênants : des ennemis qui deviennent soudainement invincibles et des quêtes impossibles à terminer qui nous obligent à sauvegarder régulièrement ou encore des combats pas aussi tactiques que ce que l’on aurait espéré.
Avec son système de couverture et de points d’action, on aurait en effet pu s’attendre à la richesse du dernier XCOM alors qu’en pratique, le décor est sous exploité et le hasard joue un bien trop grand rôle. La difficulté laisse parfois pantois, entre des batailles qui semblent insurmontables et d’autres que l’on expédiera les doigts dans le nez. En parlant de hasard, évoquons aussi les rencontres aléatoires lors de nos balades dans le wasteland, qui sont difficile à éviter et s’avère vite répétitives.

Des personnages uniques

Wasteland 2 - Screenshot 2
L’arbre de compétences est impressionnant

Voilà ce qui peut être globalement reproché à Wasteland 2. Pour le reste, sur bien des points, Wasteland 2 s’illustre brillament. Le système de jeu, par exemple, reste un modèle de customisation et de souplesse, et rien que la création de vos quatre personnages de départ devrait vous prendre un bon bout de temps. Entre les compétences de combat (armes blanches, explosifs, combat à mains nues, fusils d’assaut, armes contondantes…), les compétences sociales, le piratage, la maîtrise des serrures, le marchandage, la séduction, la chirurgie, la perception, l’empathie avec les animaux ou encore l’étonnante réparation de grille-pain, on sent, dès le départ que l’on a affaire à un vrai jeu de rôle, où il n’y aura pas que la baston pour résoudre une situation.
Il y a en effet bien souvent plusieurs façons de réaliser une quête dans Wasteland 2, et aucune n’est meilleure qu’une autre. De même, de nombreux dilemmes moraux qui ne sont pas sans rappeler la série Fallout vous seront régulièrement imposés, et ce, dès le départ. De quoi bouleverser l’issue d’une quête et vous faire revivre une toute autre aventure le coup suivant. Le potentiel de rejouabilité laisse rêveur.

Digne héritier

Wasteland 2 - Screenshot 3
Une team de choc

Mais revenons à la création de vos quatre héros de départ ou juste un seul si le délire vous prend, c’est tout à fait possible. Il faut bien réfléchir pour se créer une équipe polyvalente et complémentaire, et l’on vous encourage grandement à spécialiser chacun de vos ranger. inXile a par ailleurs eu la bonne idée de proposer une sélection de personnages pré-créés pour accélerer notre grand plongeon dans cet univers.
Une fois dans le Wasteland, la magie ne tarde pas à opérer, grâce à une poignée de facteurs qui font tout le sel du titre. D’une, l’interface est d’une efficacité à toute épreuve : malgré la complexité des équipements, de l’inventaire et le nombre de compétences, la navigation reste intuitive et l’écran n’est jamais surchargé d’informations. Du coup, même ceux qui ne sont pas habitués à ce style de RPG « old school » se sentiront vite à l’aise et pourront se concentrer sur l’essentiel, à savoir la découverte de cet univers exceptionnellement riche.
Car, malgré sa modestie visuelle, l’Arizona et la Californie de Wasteland 2 restent d’une crédibilité redoutable. Cette réussite est en très grande partie due à une écriture délectable, mélangeant humour, cynisme et codes du western. Chaque rencontre avec un nouveau PNJ donne ainsi lieu à un texte descriptif savoureux, de même que l’arrivée dans un nouveau lieu, qui est décrit à chaque fois avec force et justesse. Même si nous pesterons parfois contre des erreurs de traduction ou un système de dialogue qui ne fait pas toujours preuve d’une profonde cohérence. De même, l’omniprésence de la radio et des messages de personnages plus ou moins fous donnent une couleur particulière au titre d’inXile.

Wasteland 2 - Screenshot 4
Bien choisir l’ordre des dialogues peut être la clé de la réussite d’une quête

Côté quêtes, c’est l’apothéose, se lancer dans une mission a priori insignifiante va ouvrir des pistes insoupçonnées et aboutir sur une intrigue complexe, dont les différentes couches vont se révéler progressivement. Du coup, on ne sait jamais vraiment où on met les pieds et jusqu’où va nous mener notre investigation. Cette dose de mystère se retrouve en tout cas aussi bien dans l’intrigue principale que dans les très nombreuses quêtes secondaires.

inXile dans son meilleur jour

Wasteland 2 - Screenshot 5
Des cinématiques avec e vrais acteurs, nous n’avions pas vu cela depuis bien longtemps

Wasteland 2 ne peut que prendre une place privilégiée dans le coeur des rolistes PC qui ont connu les glorieuses années de Fallout 1 & 2. Avec un excellent potentiel de rejouabilité, un énorme lot de quêtes sans rien à jeter, des PNJ mémorables et un système de compétences aux petits oignons font que nous oublions très rapidement les défauts qui sont surtout le fruit d’un budget loin des AAA. On pardonne et on savoure.