Test de Battlefield : Hardline
Battlefield : Hardline est le nouvel opus de la célèbre série de FPS multi-joueurs. Cette fois-ci, la franchise change d’univers pour nous emmener dans des affrontements qui opposent les policiers et les criminels. C’est toujours édité par Electronic Arts mais cet épisode est développé par Visceral Games. Après un Battlefield 4 convaincant mais au lancement déplorable les fans semblent se méfier de ce spin-off. Ont-ils raison de la faire et le titre peut-il plaire à un large public ? Éléments d’explication et verdict ci-dessous.
Un solo plutôt convaincant sur la forme…

Le scénario nous fait incarner Nick Mendoza qui vient tout juste d’étrenner sa plaque d’inspecteur à Miami. Il provient du mauvais côté de la barrière car il est le premier de sa famille depuis des générations à exercer un emploi légal.
Notre aventure se décompose en une dizaine de chapitres. Et l’on rencontrera divers personnages secondaires (en plus de notre charmante partenaire) plutôt clichés qui auront du mal à titiller notre empathie. Le casting est intéressant car il s’agit de vrais acteurs avec notamment Nicholas Gonzalez, Kelly Hu, Benito Martinez, Eugene Byrd, Mark Rolston, ou encore Alexandra Daddario (et son inoubliable scène dans True Detective ^^). Mais ce qui est dommage c’est que l’écriture du scénario et des divers dialogues et relativement poussive. Il y a énormément de blabla sans grand intérêt et l’histoire a du mal à nous emballer avec ces rebondissements cousu de fil blanc.
L’enrobage est bon aussi grâce à son montage de « série TV » qui nous récapitule ce qui s’est passé avant et ce qu’il y aura dans le prochain chapitre lorsque l’on arrête la partie. Ce montage est relativement efficace.
La durée de vie oscille dans les six à huit heures. Il y a une certaine rejouabilité car les missions peuvent s’effectuer de différentes manières. Et vous pouvez aussi recommencer un niveau pour améliorer votre score ou trouver des indices manquants (qui font office de collectibles). Pour autant, il faut quand même en avoir envie.
…mais pas sur le fond

Car sur le fond on a pas vraiment apprécié cette campagne solo malgré les efforts du studio pour renouveler l’expérience par rapport à ces prédécesseurs. Il y a de réelles et bonnes intentions à ce niveau mais elles sont beaucoup trop diluées pour arriver à tirer leur épingle du jeu.
On regrette ainsi que le rythme soit lent, c’est assez soporifique par moment. Il faut dire que les dialogues incessants cassent irrémédiablement le tempo. En plus, on doit sempiternellement appuyer sur la touche action pour ouvrir une porte ou lancer un dialogue. Bientôt, on utilise plus cette touche que celle du tir… Enfin, il n’y a pas non plus des tonnes de scripts, comme dans un COD, qui dynamisent l’action. La mise en scène en dehors des niveaux est sympathique mais e n’est pas le cas ingame.
On apprécie le fait que le studio n’ait pas opté pour des niveaux exclusivement couloirs. Il y a bien toujours ces inévitables checkpoints à rejoindre. Mais Visceral Games a varié un peu la chose en entrecoupant ces derniers par quelques moments de poursuites en véhicules. Mais surtout le studio a aussi repris le concept de Far Cry 3 (et 4) en proposant donc une approche différente de ce que proposés les derniers épisodes de la saga des Battlefield.
On aura donc souvent des zones un peu plus ouvertes dans lesquelles on pourra arriver au checkpoint de différentes manières.

Il y a la méthode infiltration que l’on trouve totalement raté. Car elle nous propose d’utiliser moult cheats comme le marqueur qui identifiera tous les ennemis et nous permettra de suivre leur mouvements. On peut aussi détecter ou se trouve l’alarme afin d’éviter que nos adversaires la déclenchent.
Ce n’était pas la peine d’autant simplifier la chose car, en plus, les ennemis sont déjà détectés sur notre mini-radar et l’on voit le sens dans lequel ils regardent…
On incarne un flic et non un militaire surpuissant donc l’action est moins bourrine (et spectaculaire). Mais le coup d’immobiliser jusqu’à trois adversaires simultanément en se montrant et en sortant notre insigne ne nous a pas emballé. On notera que l’on peut aussi détourner leur attention en jetant une douille afin qu’ils se déplacent invariablement à l’endroit voulu.
Bref l’infiltration est pauvre, l’IA est assez nulle, on déborde de cheatcodes et c’est assez soporifique.
Pour plus d’action, on peut choisir la méthode musclé qui consiste évidemment à tirer sur tout ce qui bouge. Là, encore nos ennemis sont marqués sur le mini-radar. On récupère très vite notre vie (2 secondes). Et si on a l’habitude des FPS, il n’y aura pas vraiment de problème pour venir à bout de ces affrontements assez ternes. Et c’est bien là le problème car pour un FPS les gunfights sont au mieux très moyennement rendus.
Si vous n’êtes pas trop exigeant et plutôt bon public, il y a bien deux-trois niveaux plus sympathiques. Mais enfin, cela ne vole pas bien haut. Et on conclura méchamment mais de façon réaliste en disant que notre plus grand moment de joie est arrivé en même temps que le générique de fin…
Un multi plus arcade avec de nouveaux gametypes (pour la franchise)

Pour la plupart des joueurs ce qui les intéressent c’est bien ce qui a fait la renommé de la franchise c’est à dire ces affrontements multi-joueurs.
Si vous avez déjà joué à un des derniers opus vous ne serez pas trop dépaysé. Les déplacements, les classes, l’armement et le ressenti général est très proche de ce que l’on connaît. Par contre, les maps au nombre de neuf (seulement) sont beaucoup plus petites. Cela favorise les affrontements plus rapides.
Les classes sont peu ou proue identiques, le studio les a juste renommées. Le petit truc sympa (par rapport aux gametypes proposés) c’est que les lance-roquettes ne sont plus dans l’inventaire mais qu’il faudra les dénicher sur les différentes cartes afin de s’en servir.
On notera également qu’il y a beaucoup moins d’armes disponibles (une poignée en comparaison de BF4). Par contre, on les débloquent différemment. Il suffit de gagner assez d’argent pour les acheter ensuite sans réel ordre précis. Et leur rendu est plus arcade : il y a moins de recul et on tue assez vite. Par moment, on a vraiment l’impression de jouer à un COD plus qu’à un Battlefield avec cet opus (les killstreaks de merde en moins). Cela ne plaira pas à tout le monde et notamment à certains fans de base.

Sur ces points, il n’y a donc pas grand chose de bien nouveaux à part des gadgets comme les grappins ou des tyroliennes qui permettent de se déplacer plus vite ou d’atteindre des zones pas accessibles à pied.
On ne peut nier qu’il y a moins de contenu que d’habitude. C’est d’autant plus vrai avec la poignée de véhicules à disposition : deux hélicoptères et deux véhicules marins différents, des motos, un véhicule armé et le reste ne sert qu’au transport de troupes. Bref, c’est vraiment rachitique et on atteint péniblement la douzaine d’engins motorisés différents.
Ce que l’on apprécie par contre c’est le renouvellement des modes de jeu. Vu que c’est un spin-off c’était vraiment le moment de le faire.
On retrouve quand même du TDM (avec des respawn WTF) et du Conquest (sur des cartes donc plus petites et avec moins de véhicules et d’armement que dans un BF4).
« Poursuite infernale » propose lui une sorte de conquest mais dans lequel des véhicules remplacent les points de captures. On doit donc s’en emparer et les piloter le plus longtemps possible. C’est distrayant sur quelques parties mais pas sur le long terme. Les maps sont petites on tourne donc comme un con avant de se faire exploser. Ou on choisit de rester à pied et de détruire les bagnoles lorsqu’elles passent devant nous… Ce gametype est par contre parfait si vous voulez monter rapidement en niveau et/ou débloquer pas mal d’argent.
« Braquage » permet aux malfaiteurs de piller un butin (banque, coffre-fort, etc…) puis de s’enfuir à bord d’un hélicoptère. Lorsque les criminels réussissent à pénétrer dans un stock, ils doivent prendre les deux sacs et les rapporter à leurs deux bases. Les flics doivent évidemment les en empêcher. Cela s’apparente un peu aux Payday d’Overkill Software (avec un mode versus donc). Sur les maps adaptées, il y a plusieurs tactiques différentes à adopter. Et les affrontements peuvent être intenses par moment.

C’est aussi le cas du mode « Argent sale » qui s’apparente à du CTF. Les criminels s’efforcent de dérober le cash, tandis que les policiers tentent de le garder comme preuve. Là encore, pas toutes les maps sont bien adaptées et l’on s’amuse bien si notre équipe joue les objectifs plutôt que les kills.
Enfin, il y a deux modes plus compétitifs qui se jouent en cinq contre cinq sans respawn et avec des objectifs précis. Si vous connaissez Counter Strike, ils reprennent les concepts des missions VIP et de la protection /extraction d’otages. C’est agréable d’avoir ce genre de modes débarquer dans la franchise.
Au final, il y en a donc pour tous les goûts. Mais on regrette le peu de maps et le fait qu’à peine un tiers sont réellement adaptées à certains gametypes. On tourne donc vite sur 3-4 maps par mode ce qui est peu. Si on rajoute à cela le manque de contenu au niveau des armes et des véhicules on a un peu l’impression de jouer à un parent pauvre de la franchise.
Selon nous, c’est ni bon ni mauvais même si les serveurs sont déjà assez peu fréquentés (en comparaison de BF4 par exemple). Avec une bonne équipe qui joue les objectifs sur les maps adéquates on peut faire de bonne sessions de jeu. Mais ce n’est pas toujours le cas et il faut passer outre la « CODéfication » du titre qui propose des affrontements plus nombreux et qui sont plus portés sur l’arcade.
Une réalisation un peu fade

La campagne solo nous permet de visiter divers lieux variés. C’est joli par moment mais cela reste fade par rapport à un Battlefield 4. On s’attendait à voir quelque chose de plus tape à l’œil visuellement. C’est encore plus le cas, sur les maps multijoueurs qui sont assez « quelconques » par rapport au moteur utilisé. De plus, « l’évolution » qui permet de changer le champs de bataille en « direct » n’est presque pas utilisé dans Battlefield : Hardline.
On est donc déçu car on espérait logiquement une avancée technologique. Or, cet épisode propose quelque chose de moins poussé que son aîné.
La seule chose qui nous semble très bien géré est le travail effectué sur le visage des différents personnages. Le rendu est vraiment très bon, même si les yeux manquent encore un peu de vie.
Au niveau de l’optimisation ce n’est pas toujours le top non plus. Il faut bientôt une machine plus puissante pour un rendu moindre que Battlefield 4. Le titre à son lot de petits bugs. Le netcode est basé sur celui de BF4 actuel, Ce n’est donc pas catastrophique mais il reste encore des choses à améliorer.
On notera, sans réellement savoir si cela provient du jeu ou des drivers nvida, que l’on a pas pu jouer pendant un bon moment à Battlefield : Hardline à cause de crash intempestifs (toutes les 5 minutes)…
Au niveau sonore, rien de bien surprenant mais cela fait bien le travail. Les armes et les bruitages sont bien rendus. Les musiques semblent dans l’ensemble bien adaptées aux séquences de jeu. Et les dialogues sont sympathiques en VO. C’est juste dommage que l’on doive faire une manipulation afin d’en bénéficier. Car vu que le jeu dispose de vrais acteurs on ne comprendrait pas que vous choisissez le doublage FR.
Conclusion

Battlefield : Hardline est un titre que l’on ne juge vraiment pas indispensable.
On apprécie les efforts de Visceral Games pour changer un peu la donne en ce qui concerne le mode solo. Mais à trop vouloir et plutôt bien réussir l’enrobage le studio en a raté le fond. L’aventure dispose d’un scénario lambda qui a du mal à nous captiver. Le rythme est haché pas d’innombrables séquences de blabla pour le moins inutiles et les rebondissements sont très prévisibles.
Mais le pire c’est bien ce gameplay qui mixe des séquences d’infiltrations ratées débordants de cheatcode avec des gunfights bien moues. L’IA est faible et cela ne relève pas l’ensemble bien trop terne.
La volonté était là mais le résultat ne suit pas selon nous. Même si on doit avouer que l’on n’est pas fan de ces FPS solo très kikoulol à la base.
Le multi-joueurs s’en tire un peu mieux. On apprécie le renouvellement des gametypes proposés. Mais il n’y a que très peu de cartes disponibles et toutes ne sont vraiment pas adaptées selon les modes de jeu.
On ressent également la pauvreté visuelle des environnements par rapport à Battlefield 4 et surtout le manque cruel d’armement et de véhicules à notre disposition.
Battlefield : Hardline fait vraiment figure de parent pauvre alors qu’il est affiché à un prix élevé (60 Euros). On pencherait plus pour une extension à 30 Euros.
Les fans pourront être déçu d’un gameplay très CODifié par moment avec un rendu plus poussé vers l’arcade. Les maps sont assez petites et les affrontements s’enchaînent rapidement.
Battlefield : Hardline n’est pas un mauvais jeu en soit. On pourra bien s’y amuser sur quelques sessions en multi-joueurs. Mais dans l’ensemble il décevra plus qu’autre chose. A ce prix, autant rester sur Battlefield 4 et attendre le Star Wars: Battlefront de Dice en fin d’année.
* Un bug nous a empêché de prendre des screenshots « maison ». Donc, pour une fois, le test est accompagné de screenshots « éditeur » ce qui ne reflète pas exactement le rendu du jeu.