Jeu vidéo / The Witcher 3 : Wild Hunt

Date de sortie
Développeur
CD Projekt
Mode de jeu
Type de jeu
RPG
-

Test de The Witcher 3

Le sorceleur revient sur PC pour un troisième et dernier opus, The Witcher III : Wild Hunt. Désormais, CD Projekt RED a les moyens de mettre les petits plats dans les grands et compte bien relever un défi de taille, un scénario de qualité dans l’immensité d’un open world. Nous n’allons pas jouer un faux suspens, Geralt de Riv nous en met plein la vue et c’est certainement le GOTY 2015 que nous avons entre les mains. Tour d’horizon pour comprendre pourquoi.
C’est la première fois que les développeurs de CD Projekt RED se lance dans la conception d’un monde ouvert. Côté background, ils étaient plutôt tranquilles puisque le loup blanc est d’abord issu d’un roman d’Andrzej Sapkowski. En revanche, les productions du studio nous ont toujours donné l’habitude d’une narration audacieuse, notamment au niveau des conséquences de nos paroles et de nos actes, généralement incompatible avec un monde ouvert. En cloisonnant les régions, ils ont réussi à mixer intelligemment les deux.

Un loup blanc vieilli mais plus agile

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
Tout commence par un rêve de Kaer Morhen

L’histoire reprend là où nous l’avions laissé dans The Witcher 2, le sorceleur de Kaer Morhen est à la recherche de Yennefer depuis plusieurs mois en compagnie de son mentor Vesemir. Ceux qui n’ont pas joué aux précédents volets n’auront pas de mal à se plonger dans l’histoire et ne seront pas spécialement désorientés, d’autant plus que la quête principale concerne des personnages finalement peu présents auparavant (Yennefer et Ciri entre autres). La petite région de départ, Blanchefleur, permet de poser les fondations de cette suite tant attendue par les fans et de découvrir rapidement les nouvelles capacités de notre cher Loup Blanc.
Rappelons que les sorceleurs gagnent leur vie en traquant et tuant les créatures et autres démons qui hantent le continent. Ils ont subis, parfois très jeune, un entraînement intensif et une série de manipulations leur permettant d’utiliser les signes, une magie basique, mais également à des sens digne des meilleurs limiers. Ils peuvent déceler des traces de pas dans la boue, suivre une odeur sur des centaines de mètres ou analyser une scène de crime.

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
Les combats sont rapides et bien gores

Le gameplay a été remanié et le prologue à Blanchefleur se justifie rien que pour la prise en main de Geralt. Vous pouvez désormais esquiver, contre attaquer, utiliser vos signes ou absorber des potions avec grâce, sans temps mort dans l’animation ce qui était loin d’être le cas auparavant. Si vous vous lancez dans le mode de difficulté maximum, marche de la mort (qui n’a pas de mort permanente, il faut d’abord finir le jeu), ce n’est pas en martelant la touche d’attaque que vous trouverez votre salut. Chaque combat se prépare et il faut rester constamment vigilant. Il faut connaître les points faibles de vos ennemis, par exemple, un loup qui se prend un Igni dans la tronche aura vite fait de retourner dans les fourrées. Une roulade est plus fatigante qu’un pas chassé mais fasse à une goule qui se jette sur vous, elle peut vous permettre d’être en bonne posture pour assener un coup puissant dans la foulée. En plein combat, vous pouvez avaler une cuisse de poulet pour regagner de la santé, les rolistes purs souches seront sans doute dubitatifs devant cela et se contenteront sûrement de jouer avec les potions qui sont de toute façon nettement plus efficaces. Geralt continue de flirter avec tout un arsenal de bombes mais il a troqué ses pièges contre une arbalète très utile face aux ennemis volant mais aussi pour discrètement réduire les effectifs d’une bande de rôdeurs grâce à quelques headshots. Enfin, une seule barre de vigueur englobe votre endurance et votre utilisation de la magie.

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
La modélisation du bestiaire et des PNJ est soignée

Tous ces changements sont influencés par les choix que vous ferez dans l’arbre de compétences, lui aussi complètement refondu. Chaque gain de niveau, qui n’est pas une mince affaire, vous accorde un point de compétence, tout comme l’activation de sites magiques disséminés à travers le monde. Le système vous oblige à vous spécialiser dans un domaine, combat, magie ou alchimie (plus un arbre de compétences « passives ») comme cela pouvait être le cas dans The Witcher 2. La différence ici est que ce n’est pas le tout de maîtriser une compétence, il faut ensuite l’activer en la plaçant sur votre personnage. Il y a 12 slots de compétences et 4 slots de mutagènes disponibles auxquels vous accéderez en augmentant de niveau. Ils vous aideront à faire de vous un bretteur hors pair ou un véritable sac à HP, peu importe l’arbre choisi, ce qu’il faudra pour réussir, c’est persévérer dans celui-ci. A noter que Geralt n’a pas de niveau maximum, à vous de fouiller chaque région de fond en comble pour amasser le maximum d’XP.

Un long périple vous attend

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
La Chasse Sauvage au coeur de The Witcher 3 Wild Hunt

Les présentations faites, vous serez plongé dans ce vaste monde, meurtri par la guerre et soumis à un roi que le peuple n’a pas choisi. Dans ce contexte, notre sorceleur favori aura du grain à moudre et fort heureusement, le joueur profite d’un journal des quêtes très pratique. Entre la trame principale, les quêtes annexes, les contrats de sorceleurs et les centaines de lieux à découvrir, il y a de quoi faire. Sans oublier le Gwynt, un jeu de cartes qui vient remplacer le poker aux dés, particulièrement bien construit, c’est un jeu dans le jeu qui rappelle volontiers les mécaniques des cartes Magic. On retrouve également les combats à mains nues qui se calquent sur le système de combat plutôt que des QTE, une bonne chose qui demandera une petite adaptation pour maîtriser le sujet.

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
Le Gwynt vous captivera a lui seul durant plusieurs heures de jeu

Vous obtiendrez des contrats en discutant avec la populace, en questionnant les aubergistes, en récupérant les petites annonces sur des panneaux d’affichages ou tout simplement en explorant. Les quêtes sont bien écrites et variés, de l’enquête criminelle à la chasse pure et dure d’un monstre en passant par de mystérieuses intrigues dont vous n’aurez la conclusion que bien plus tard dans le jeu. Les sujets sont abordés avec finesse entre vengeance, sexualité, racisme, génocide et j’en passe, le caractère à la fois détaché et impliqué de Geralt vous permet de réagir à votre convenance. La recette qui a fait le succès de The Witcher est belle et bien présente et malgré un monde ouvert, l’effet papillon de vos actes peut se ressentir lorsqu’il est trop tard pour s’embêter à charger une ancienne sauvegarde. Cela ne fait qu’accroître la durée de vie du jeu, The Witcher se savoure en plusieurs parties.

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
Vous pourrez simuler votre sauvegarde de The Witcher 2 lors d’un dialogue

Vivre cette aventure est un plaisir à chaque instant. En plus de visages très détaillés et expressifs, chaque personnage croisé dispose de sa propre personnalité. VO ou VF (bien qu’il faille s’habituer à la voix du Loup Blanc), les dialogues sont justes (malgré quelques soucis de synchronisation labiale) et on retrouve avec plaisir un monde dans lequel rien n’est tout blanc ou tout noir. L’ordre dans lequel vous réalisez les quêtes a évidemment une influence, un personnage peut décéder avant qu’il ait eu le temps de vous confier une quête secondaire.

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
Il y a trois régions comme celle-ci

Le revers de la médaille, c’est qu’avec des quêtes secondaires si intéressantes et nombreuses, suivre la quête principale n’est pas toujours évident. Si l’intrigue globale dans le deuxième épisode s’attardait sur les relations politiques des différents royaumes, The Witcher 3 dépeint une trame plus intimiste avec un Geralt à la recherche de sa fille adoptive, Ciri, dans un monde où les dés semblent déjà jetés. Sans rien dévoiler de l’histoire, le scénario principal souffre de quelques longueurs avec des quêtes inutiles. Une errance que les développeurs auraient pu s’épargner, tant le jeu tient largement ses promesses du point de vue durée de vie. Le rythme global en prend un coup alors qu’un épilogue épique viendra vous clouer le bec.

Une ergonomie perfectible

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
L’inventaire, la bête noire du sorceleur

Le premier opus de la série était aussi célèbre pour ses temps de chargement extrêmement long, le troisième quant à lui ne brille pas par ses menus. Quelques nouveautés comme la comparaison d’équipement est bienvenue, en revanche, côté artisanat et alchimie c’est un gros bordel. La gestion se limite à du tri et quelques filtres. Les recettes et les schémas s’amoncellent en même temps que les ingrédients et le matériel. Et c’est pour le moins varié, il y a un nombre incalculable de déclinaisons, sans parler des runes et autres petits objets qui font la joie des collectionneurs. Nous pouvons à peu près tout faire chez un forgeron, démonter une échelle ou une arme, c’est simple comme bonjour pour peu que vous ayez des couronnes à dépenser. Quelques fonctionnalités n’auraient pas été de trop, par exemple chez l’alchimiste, lorsqu’un ingrédient vous manque, l’acheter automatiquement plutôt que repasser dans la fenêtre de commerce pour retourner sur celle de fabrication de potion pour enfin confectionner ladite potion. Dans un tout autre registre, le volet de la carte aurait pu avoir un raccourci vers le journal des quêtes.

Prends-en de la graine Fallout 4

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
Ambiance

The Witcher 3 en met plein la vue par sa narration et son gameplay qui a fait un large bond en avant mais son esthétisme n’est pas en reste. Certes, il y a eu un recul par rapport aux vidéos de présentations, surtout au niveau des effets complexes comme les incendies de village pour ne citer que cet exemple mais inutile de palabrer car Wild Hunt explose la concurrence sans cela. S’il faut une belle machine pour jouer avec tous les paramètres à fond en full HD, le jeu dispose d’une optimisation remarquable si vous faites l’effort de réduire les paramètres les plus gourmands. Il faut quand même noter qu’une région se visite sans aucun chargement et que chacune fourmille de détails en plus d’avoir leur personnalité propre. Chaque lieu a bénéficié d’un soin rare et respire l’authenticité, les corps pendus à l’entrée d’un village ravagé, champ de bataille, vieux donjon, ruelles boueuses des grandes villes, corps de ferme, tout est beau et vous donne l’impression d’une découverte constante. Et le tout est plein de vie, les PNJ qui portent les stigmates des désastres récents vaquent à leurs occupations car le temps ne s’arrête pas, il faut se nourrir, gagner sa vie. Voyager sur votre monture, Ablette, vous permet de parcourir les sentiers rapidement et découvrir ce riche univers à vous laisser bouche bée. Dommage de vivre le pop de deux pêcheurs sur un pont à deux mètres de vous, les effets de l’open world dirons-nous…

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
Superbe couché de soleil

Les développeurs n’ont pas lésiné non plus sur l’ambiance sonore, dans le brouhaha de la cité, les sons entremêlés se distinguent dans un réalisme absolu : le marchand qui hurle ses prix plus attractifs que son voisin, le mendiant qui réclame une petite pièce, les enfants qui jouent, les adultes qui racontent leurs potins. Ce n’est que du plaisir pour nos oreilles. Les musiques remplissent parfaitement leur rôle et chaque région à son thème.

GOTY

Image de The Witcher 3 : Wild Hunt
Une bien belle bête à chasser

The Witcher 3 : Wild Hunt est une réussite totale, non exempt de bugs, les développeurs font progressivement le nettoyage (bug d’expérience, impossibilité de faire plusieurs fois la même potion, bugs de quêtes etc.) pour permettre aux joueurs de vivre l’expérience ultime dans le domaine des RPG. Un monde ouvert fantastique porté par une aventure qui se dévore sans concession ou peut-être une, votre vie sociale. Dans une danse frénétique, Geralt pourfend noyeurs et goules, démembre un par un les déserteurs croisés au fin fond d’une forêt. Quoi dire de plus si ce n’est qu’avec une barre placée si haute, Cyberpunk devrait lui aussi faire carton.