Jeu vidéo / Fallout 4

Date de sortie
Moteur
Gamebryo
Mode de jeu
Type de jeu
RPG
Thème du jeu
Aventure
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Test de Fallout 4

En rachetant la licence Fallout en 2004, Bethesda avait soufflé le chaud et le froid sur la communauté gaming. Le résultat n’a pas contredit les appréhensions des fans. Il fallait chercher bien profond dans Fallout 3 pour retrouver les racines de la série, car il ne suffit pas de ressembler à du Fallout pour faire du Fallout. New Vegas, confié à Obsidian, avait su contenter les joueurs grâce à un roleplay plus convaincant. Dès lors que le studio à l’origine des Elder Scrolls reprend à nouveau le bébé, il ne faut pas trop se bercer d’illusions.

C’est l’histoire d’une guerre nucléaire

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Cela commence toujours ainsi…

L’aventure consiste toujours à arpenter un univers post-apocalyptique dans un futur uchronique avec la particularité, certes anecdotique, de nous faire débuter cette fois, à l’aube de la guerre nucléaire. Vous incarnez l’un des habitants de la petite ville de Sanctuary Hills, située dans la banlieue de Boston en l’an 2077. Le monde tel qu’on le connait va s’achever dans quelques instants par une envolée de missiles nucléaires, pour sauver leur vie, hommes, femmes et enfants tentent de rejoindre l’un des abris antiatomiques bâtis par Vault-Tec. Comme de par hasard, vous avez une place ainsi que pour votre famille, même si vous décidez d’insister pour la refuser.
Là-bas, votre petite famille va se retrouver plongée contre son gré dans un sommeil cryogénique afin de se prêter aux expériences de Vault-Tec. Lorsque vous vous réveillez 200 ans plus tard, dans le même lieu désormais déserté par ses occupants, c’est avec la ferme intention de retrouver votre fils, kidnappé entre-temps. C’est donc une fois de plus le lien familial qui va motiver votre quête principale. Nous n’en dirons toutefois pas plus pour ne pas empiéter sur votre plaisir à découvrir cette palpitante intrigue.

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Les terres désolées sont… désolantes

De retour à la surface, sur les Terres désolées, le spectacle inanimé sous nos yeux fait son effet. Les paysages dévastés et le style rétro-futuristes composés avec soin et surtout, comme pour Skyrim, dans l’esprit de faire de chaque lieu un espace unique, sont particulièrement immersifs. Ce n’est certes graphiquement pas de l’acabit de The Witcher 3, le Creation Engine qui a servi à Skyrim, version modifiée du Gamebryo (utilisé sur Fallout 3) accuse le poids des ans. Son manque d’optimisation flagrant et l’adaptation aux configurations consoles obligent le studio à rester dans les clous et attendre que la communauté sorte un lot de textures HD 8K qui met à genoux ta CG. Toutefois, la direction artistique rattrape le coup en apportant plus de couleurs que dans les précédents opus, ce qui peut faire peur de prime abord mais se laisse savourer au fil des heures notamment quand vous traversez les villes et longez les autoroutes.

Jeu de rôle riche mais sans rôle

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Ça en fait des choses à visiter

Fallout 4 fait la part belle à l’exploration, exit le désert des Mojaves, la région de Boston est plus foisonnante et plus industrielle. Vous serez constamment sollicité, une décharge à fouiller par-ci, une usine à piller par-là en passant par la visite de la bourgade du coin. Cela n’a rien d’une partie de plaisir, parfois, les lieux seront totalement isolés, ce n’est que pour mieux vous stresser lorsque vous tombez sur un nid de goules ou une descente de Radscorpions, sans parler des supers-mutants et les pillards qui rôdent un peu partout.

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Fenway Park converti en village fortifié

A vouloir accumuler les points d’intérêts, les développeurs en ont peut-être fait trop, un monde ravagé par les bombes est a priori incompatible. Et en même temps, ce serait peu aimable de leur jeter la pierre. D’autant plus lorsque nous avons le plaisir de parcourir la ville de Boston sans zone de chargement comme c’était le cas avec Washington et Las Vegas. De plus, la présence de bâtiments réels tels que le Massachusetts State House ou le stade Fenway Park qui abrite Diamond City sont un atout indéniable pour l’immersion.

En revanche, Fallout 4, défait d’Obsidian, peine à délivrer une expérience de jeu de rôle convaincante. L’intrigue principale proche du scénario précédent et le style poussif et sans relief rappelle Skyrim et le choix, en pire, de rejoindre les rebelles ou les impériaux, ici avec les miliciens, le réseau du rail ou la confrérie de l’acier. Amputé de la notion de réputation, vous pouvez faire la quasi totalité des quêtes des trois factions lors de votre première partie.

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Hein hein…

L’interface de dialogue est quant à elle une hérésie des plus totales faisant, par sa simplification, de l’ambiguïté un mot d’ordre. A l’instar des productions Bioware, Mass Effect en tête, les choix de dialogues propose invariablement quatre mots-clés destinés à orienter la discussion : oui, non, peut-être, sarcastique et vous conduisent à l’erreur. Un Milicien quémande votre aide en espérant ne pas vous déranger et là vous regardez le “Oui” et le “Non” avec désarroi ne sachant pas si c’est un “Oui, je vais vous aider” ou un “Non, cela ne me dérange pas”. Il suffit de jouer deux heures pour faire face à ce genre de problèmes qui n’a pourtant pas sauté aux yeux du studio. Heureusement, un mod est déjà là pour régler cela mais laisse le sérieux de Bethesda au tapis.

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Canigou, chien fidèle

Pour compléter la déception, votre attitude impacte très rarement la tournure d’un dialogue, vous pouvez enchaîner les sarcasmes, votre interlocuteur désamorcera systématiquement la situation. Cela donne presque envie de retourner sur Wasteland 2. Ni les statistiques S.P.E.C.I.A.L. ni les perks (les compétences ont disparu) ne sauvent les meubles, dans les dialogues, cela se résume à quelques options supplémentaires pour gagner des PE. Au quotidien, c’est simplement des bonus. A tel point que rejouer une partie en passant du combattant à l’individu charismatique semble sans saveur.

Des galons de FPS retrouvés

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Viens goûter mes roquettes

L’impasse faite sur l’aspect RPG, c’est incontestablement une autre histoire pour le côté FPS. Les combats se veulent bien plus dynamiques, le mode survie, l’amélioration de l’IA et la rencontre d’ennemis légendaires enlèvent toute notion de loisir à vos pérégrinations dans le Massachusetts. Le tout accompagné d’événements aléatoires qui viennent enrichir l’expérience de jeu, vous pouvez d’un seul coup vous retrouvez dans une situation inconfortable, le monstre affamé d’un côté et des pillards confondus avec le buffet de l’autre, la fois suivante, c’est tout un groupe de supers-mutants venus faire le ménage qui débarque.

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Le V.A.T.S. ne fait plus que ralentir le temps

Comme pour tirer un trait définitif sur l’héritage Fallout, ce quatrième opus se sépare, d’une part des lancés de dés qui faisait de votre tir un tir réussi et d’autre part d’une refonte légère du VATS qui ralenti seulement le temps plutôt que le stopper. De ces changements découlent une réduction de l’importance des perks devenus exclusivement des bonus et entache une nouvelle fois l’aspect RPG puisque vous viserez juste systématiquement et ceci dès le niveau 1. Nous nous rapprochons de S.T.A.L.K.E.R. sans les éléments de gameplay qui font mouche comme, au hasard, l’usure des armes…

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Les items sont customisables à condition d’avoir les perks qui vont bien

Avec les combats, une autre activité vous sera particulièrement chronophage, c’est la gestion de votre inventaire. Les nombreux objets communs, le bric-à-brac, trouvent enfin leur raison d’être grâce au développement du système d’artisanat. Vous pouvez désormais fabriquer et améliorer armes et armures, grenades et explosifs, drogues et dispositifs de soin sur des établis dédiés, en recyclant automatiquement les matériaux utiles contenus dans les vieilleries inutiles. Les armures assistées profitent aussi du système, elles sont plus qu’un simple item, c’est un moyen de locomotion à part entière qu’il faut alimenter grâce à des réacteurs à fusion aussi rares que coûteux. Si votre puissance et votre résistance sont boostées, il vaut mieux éviter de tomber en panne au milieu de la pampa et faire uniquement appel à elle pour les gros coups. Dommage, le voyage rapide ne consomme pas de ressources, mais je vous ai déjà dit ce qu’il était du roleplay.

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Je poserai bien mon puits ici

Toujours concernant le crafting, la grande nouveauté de Fallout 4, c’est sans conteste le système de housing qui met à la poubelle les misérables quêtes permettant de faire construire une maison en suivant un ou deux modèles préconfigurés. Désormais, vous pouvez construire une ville entière, mur par mur. Y apporter eau et nourriture ainsi qu’un réseau électrique à faire pâlir l’ancien monde. Il faut y attirer des habitants et évidemment les protéger des ennemis par un système de défense conséquent. Le concept est amusant, selon les lieux, vous pouvez bâtir des forteresses titanesques ou vous lancer le défi d’atteindre les cieux. Mais sur PC, le clavier en main, cette partie du jeu est détestable, faute d’une bonne gestion des configurations AZERTY, vous ne pouvez aller ni à gauche, ni devant lorsque vous placez un item. Pas très pratique.

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Je préfère vous montrer ce bel effet que le PipBoy

De toute façon, vous verrez vite que l’ergonomie n’est pas le fort de Fallout 4, le Pip-Boy incommodant, le tri qui n’a pas de fonction valeur/poids alors que ce n’est pas faute de voir un mod de ce type sortir à chaque oeuvre de Bethesda, l’attribution d’une action sur des touches différentes (tab ou escape pour quitter) dans le même menu (housing) ou de plusieurs fonctions à une même touche (coup de crosse, coup puissant et lancer de grenade différenciés seulement par la durée de pression sur la touche !) vous ferons hurler invariablement. Le pire, c’est qu’il n’y a aucune excuse à cela, une manette dispose de suffisamment de boutons pour ne pas avoir à en arriver là.

A qui la vault ?

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Voilà un chef pillard qui ne m’importunera pas très longtemps…

Que penser de Fallout 4, malgré les bugs récurrents qui sont le sceau de Bethesda (et qui ont influencé la note tant ils sont légions et surtout bien plus gênants qu’auparavant), le studio américain réussit toujours à se débourber. Cette fois grâce au dynamisme des combats, les événements aléatoires, le crafting / housing plus convaincant voire innovant et l’ambiance générale qui se dégage de ce nouvel opus portée par un personnage doué de parole et une bande son réussie.

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Il reste amusant ce Fallout 4

Il faut cependant faire abstraction du nom de la licence pour ne pas bouder son plaisir et certainement attendre la sortie de nombreux mods pour rattraper l’absence d’éléments essentiels pour un jeu de rôle de ce genre (usure, gestion des dialogues…) sans attendre de miracles non plus. Contrairement à Skyrim, Fallout 3 ou New Vegas, le potentiel manque, si un fan refond les Perks, que les compétences reviennent, il faudra aussi revoir toute la construction des quêtes pour y trouver un quelconque intérêt, un projet d’une ampleur considérable.