Jeu vidéo / Total War : Warhammer

Date de sortie
Développeur
Creative Assembly
Éditeur
SEGA
Moteur
-
Modes de jeu
Types de jeu
Stratégie Temps Réel, Stratégie tour par tour
-
Image de Total War : Warhammer

Test de Total War : Warhammer

Quand le studio The Creative Assembly a l’opportunité de quitter le cadre historique pour un univers fantasy, le Warhammer de Games Workshop, les joueurs s’attroupent naturellement car c’est sûr, ça ne peut qu’envoyer du pâté. Nous aurions pu faire le test plus tôt et en même temps, un Total War nécessite d’y passer du temps pour en découvrir toutes les facettes. Voyons où se situe ce nouveau Total War

Guerre Totale : Marteau de Guerre

Image de Total War : Warhammer
Une bien jolie direction artistique

Avec un titre comme celui-là, les québécois doivent vraiment se dire que tout traduire n’est pas une bonne idée. C’est néanmoins un titre sans équivoque et annonce à lui seul la couleur de ce dixième opus de la licence Total War. Tout le monde a pu le voir dans les trailers, le studio britannique s’est éclaté avec une direction artistique de premier ordre. Vous ne bouderez pas votre plaisir à admirer la mort venue du ciel, Karl Franz sur Griffe Mortelle ou lorsqu’Azagh le Massacreur chargera avec sa fidèle vouivre, Machkran’. Dans l’ensemble, le lore est bien respecté, la carte est particulièrement fidèle à ce que l’on connaît. Pour le moment, elle s’étend des Badlands au Norsca et si SEGA ne se lance pas dans une vile campagne de DLC, nous pouvons d’ores et déjà imaginer deux extensions majeures sinon trois : les Terres Sombres d’un côté, l’Arabie et la Terre des morts de l’autre. Côté factions, seulement cinq jouables dont déjà une en DLC à savoir le Chaos (8€, prends ça dans les dents), les quatre autres sont les Nains, l’Empire, les Peaux Vertes et enfin les Comtes Vampires. Les Bretonniens passent leur tour pour le moment sauf en escarmouche, dommage, leur contexte géographique serait intéressant à jouer. Enfin, les fans des Skavens, vous pouvez aller retourner jouer au jeu de plateaux, et honnêtement, je ne suis pas certain que TCA réussisse à bien équilibrer leur arrivée.

Image de Total War : Warhammer
Archaon lors d’une randonnée équestre

L’état des lieux effectués, faisons le tour du scénario bien connu des adeptes du jeu de plateau. En effet, la vidéo d’introduction vous montrera la « naissance » d’Archaon et c’est durant la campagne que vous devrez le castagner (ou le mener à la victoire). Quelque soit la faction choisie (hormis le Chaos), la partie se déroule en trois phases. La première met en exergue les conflits au sein des races, l’Empire doit calmer les ardeurs des séparatistes et rallier les régions voisines rapidement sous la forme d’une confédération, les Peaux Vertes doivent se montrer suffisamment impressionnantes pour convaincre les autres tribus orques et gobelines de les suivre dans la bataille, les Nains doivent aussi former une confédération à travers les montagnes et les Comtes Vampires, bah pas grand chose, ils sont la faction non écologiste de la bande, ils salopent les terres alors inéluctablement ils sont rejetés et vites éliminés. La deuxième phase met en scène le Chaos apportant la désolation partout où ils passent, épaulés par les tribus du Norsca, les autres factions se disent qu’il est temps d’arrêter de se mettre sur la gueule et qu’il faudrait s’allier (plus ou moins) pour stopper Archaon, bien décidé à se venger de Sigmar suite à la lecture d’un bouquin dont il n’a pas apprécié la fin. La troisième phase débute lorsque vous aurez réussi à envoyer ce frustré d’Archaon au coin, ce qui n’est pas une mince affaire. À partir de là, les IA étrangères à votre race ne veulent plus s’allier avec vous, si par miracle vous y arrivez, elles vous trahissent sans vergogne le tour suivant pour la simple et bonne raison que pour fêter notre belle victoire ensemble, il faut se remettre sur la gueule !

Image de Total War : Warhammer
Non colorée, la fameuse diagonale du Chaos

La carte actuelle couplée à ce scénario oblige quelques digressions pour simplifier la partie et l’équilibrer plus ou moins. D’abord, la Norsca n’est habitée que par les Vargs et les Skaelings, il y a bien les Nains du chaos (ici, de simples nains) mais, au mieux j’ai juste eu le temps de les voir se faire défoncer, en général, ce n’était déjà plus que des ruines. Ce qui est dommage, c’est que les Vargs et Skaelings sont copains comme cochons, aucune animosité ne règne entre eux alors qu’ils veulent être chacun le favori d’Archaon, cela aurait rajouté un peu de piment à la partie (comme c’est le cas entre les généraux du Chaos). Enfin, les Bjornlings viennent jouer les troubles-fêtes sur les terres orques car s’ils ne le faisaient pas, il suffirait aux Peaux Vertes d’attendre sagement le Chaos lorsque ces derniers doivent traverser les montagnes. A chaque campagne, l’IA montre clairement ses faiblesses, cela est peut-être dû au niveau de difficulté (Très difficile ou légendaire), mais en gros, si vous ne faites pas le boulot, le Chaos balaye tout le monde, s’en est pathétique. Il n’y a pas de logique stratégique, par exemple, l’Empire préfère se castagner avec la faction Kislev alors qu’elle est le premier rempart contre le chaos, pourtant, on le sait très tôt qu’ils vont débarquer. Je pleure devant les comtes vampires, des incompris, s’ils pouvaient, ils n’iraient pas pourrir les terres voisines et prêteraient mains fortes contre Archaon, surtout qu’ils ont certainement les troupes les mieux adaptées à cela. Mais les pauvres n’ont jamais vu l’ombre du Seigneur de la Fin des Temps, toujours éteints avant. Et bien sûr, ces idiots d’Empire ne trouvent pas judicieux de s’installer sur les cendres des factions vampires.

Total War : No Management

Image de Total War : Warhammer
L’idée, c’est de faire un monticule de cadavres

Cette IA est clairement une faiblesse durant les campagnes solos, d’autant plus que le volet gestion du jeu a été simplifié. Les joueurs de Total War en me lisant pourraient notamment me signaler que si l’Empire ne s’étend pas trop, c’est que cela aurait des conséquences néfastes pour eux en apportant une instabilité de l’ordre public. Très peu ! Dans ce Total War, il est conseillé de s’étendre rapidement pour engranger un max de pognon et investir dans une armée suffisamment conséquente pour mettre un terme aux folies d’Archaon. Au pire faut-il simplement faire attention à ne pas enchaîner trop rapidement les conquêtes dans une même région, ce qui pourrait dégrader considérablement l’ordre public, source de rébellions. À chaque partie, l’IA est d’une passivité affligeante et cela ne se limite pas à la macro-gestion, en combat, c’est du même acabit, les séquences où elle a fait preuve d’une relative intelligence tactique (attaque par surprise, attaque sur le flanc, bon positionnement des troupes) peut se compter sur les doigts d’une main. En fait, cela arrive essentiellement sur les batailles scénarisées, pas de quoi sauter au plafond, d’autant que si vous rejouez la campagne, vous vivrez exactement la même scène dans ces cas. C’est d’ailleurs un gros défaut à la campagne, dès la deuxième partie avec la même faction, vous savez avec précision ce qui va vous tomber dessus, les troupes de chacun, l’emplacement des quêtes de votre héros, quand va débouler le Chaos, avec quelles troupes. Cela permet d’équilibrer ses fronts avec trop de facilité.

Image de Total War : Warhammer
Ces monstres sont monstrueux, mais attendez que la cavalerie charge sur leur flanc

Je n’ai pas ressenti l’aspect épique des combats dans bien des situations si ce n’est contre le Chaos mais c’est essentiellement grâce au fait qu’ils débarquent en surnombre. Alors oui, c’est jouissif de planer avec son dragon zombie au-dessus d’une infanterie en panique, de voir un troll géant dévaster à lui tout seul une troupe d’arbalétriers nains mais j’aurai adoré le subir aussi. Concrètement, les niveaux de difficultés élevés se résument à faire face à des troupes ennemies boostées, comprendre que vos chevaucheurs de sangliers se feront battre par les chevaucheurs de sangliers adverses même dans une situation d’équilibre, il s’agit alors de se montrer malin, ce que l’IA ne sait faire que trop rarement. Je me remémore néanmoins deux séquences, la première, une attaque sur le flanc par une cavalerie visant mon nécromancien, grâce à un timing parfait et un sortilège bien placé, j’ai pu faire sortir des squelettes du sol, bloquant l’incroyable chevauchée adverse et permettant dans la foulée une tactique d’encerclement avec mes autres troupes. J’aurai apprécié vivre davantage de situations stressantes comme celle-ci. La deuxième est plus drôle, c’est l’ultime combat du roi nain durant ma campagne avec les Peaux Vertes, celui-ci a vécu sa dernière bataille totalement seul, il a foncé sur mes troupes dans un dernier geste de bravoure mais il n’aura même pas atteint le bout d’une pique, mes archers l’ayant abattu sous une pluie de flèches (que j’aurai bien enflammé pour le fun mais c’est une option qui n’existe plus). Certes, ce n’est pas pire qu’avant et en même temps, ce n’est pas mieux non plus.

Image de Total War : Warhammer
Les arbres technologiques sont totalement différents d’une race à une autre

Le problème est que ce Total War : Warhammer souffre de nombreux rabotages sur tous les détails qui rajoutent un peu de subtilité. Par exemple les taxes qui se limitent à deux options : imposition ou exemption. Pour ce qui est de l’ordre public, on se contente de construire ce qu’il faut pour maintenir une situation acceptable. Enfin, il y a toujours le système de région formée de plusieurs villes qui donne accès à une politique spéciale lorsque vous la contrôlez entièrement. Pas de gouverneur pour les villes, seulement vos personnages spéciaux qui pourront apporter des bonus locaux. C’est vraiment basique, ce qui a néanmoins le mérite d’écourter la partie pour ceux qui n’aiment vraiment pas ça. En combat, c’est un peu la même histoire, les attaques de ville se font désormais en dehors s’il n’y a pas de rempart, les sièges quant à eux aboutissent sur une attaque frontale sans possibilité de prendre à revers avec une deuxième armée, l’essentiel de la ville étant en réalité une simple peinture en fond. Les unités n’ont pas de stratégie offensive particulière, pas de flèches enflammées (sauf pour les troupes dédiées à cela), pas de catapultage de têtes décapitées pour démoraliser l’ennemi, la grande majorité des capacités de nos héros sont des capacités passives, exit le cri de guerre du chef lancé au bon moment pour galvaniser ses troupes. Il n’y a bien que les sorts qui viennent faire la différence, malheureusement des sorts bien souvent aussi spectaculaires qu’un discours de Grimgor Boît’en Fer. En résumé, une bataille ne dure guère plus d’une dizaine de minutes, tactiquement, on se contente de mettre la bonne troupe au bon endroit et si vous êtes les comtes vampires, c’est encore plus facile avec votre armada d’unités volantes (mais vous l’avez bien mérité, vous êtes des parias).

Total War : Endless Legends

Image de Total War : Warhammer
Les vampires peuvent lever une armée très rapidement

TCA a fait le choix de proposer cinq factions complètement différentes dans leur fonctionnement, les Peaux-Vertes ne gagnent pas un kopeck avec leurs villes mais font fortunes grâce aux pillages, cela tombe bien, multiplier les victoires fait apparaître une wargh qui vient épauler votre armée. Ne cessez jamais de vous battre où orcs et gobelins s’entre-tueront ! L’Empire, sous couvert diplomatique, doit confédérer les différentes factions, sur le papier, cela promet de nombreuses nuances mais comme il n’y a pas de mariage ou autre, que la notion de hiérarchie (trésorier etc.) n’a pas de conséquence non plus et que les rivalités sont particulièrement binaires, on se contente surtout de faire copain copain et de donner quelques dessous de table quand les relations évoluent trop lentement. Quand ça ne veut vraiment pas, une petite guerre et ça roule, tant mieux, cela permet de réguler le nombre d’armées (qui explose vite à force de confédérations). Les Nains ont le plus gros PIB du jeu, entre exploitations (minières) et commerce. Ces geeks inconditionnels avec leurs gyrocoptères retranscrivent tout dans leur livre des rancunes, ils sont mauvais perdants et s’en souviennent indéfiniment. Les Comtes Vampires doivent se montrer plus patients que les autres, d’une part pour pouvoir composer leurs armées avec leurs meilleures troupes d’une efficacité redoutable par rapport à leurs équivalents dans les autres factions et d’autre part pour laisser la corruption vampirique faire le travail. C’est ce qui les rend détestables aux yeux des autres, vous dégradez les terres voisines, tuant une partie des vivants à chaque tour, générant non pas des rébellions mais des levées de morts-vivants dans la région. Avantage pour eux, le Chaos les ignore durant un certain temps. Difficile de s’entendre avec les autres dans cette situation… Enfin le Chaos se comporte en Horde à la manière d’un Attila.

Image de Total War : Warhammer
Une ville naine façon peaux vertes

C’est très intéressant et ça offre une variété que les précédents Total War n’avaient pas franchement. Mais cela ne justifie pas l’absence de nombreuses factions jouables, les Bretonniens pourraient parfaitement l’être. D’autres factions naines aussi et même chose dans le camp des orcs. Un Total War a toujours fonctionné comme cela d’ailleurs, les nations se ressemblant toutes, la difficulté est surtout le reflet d’un contexte : situation géographique, richesse à proximité, relations diplomatiques de départ, etc. La communauté s’attèle à régler cela mais le dernier patch (1er Juillet) a cassé leur travail. L’autre point noir, que j’ai déjà évoqué, est l’IA, elle rend les parties solos tristounettes par rapport à ce qu’il est possible de faire en multijoueurs d’un point de vue relations diplomatiques. Pourtant, ce n’est pas les occasions qui manquent, notamment grâce à la dualité des races, les nains ne peuvent coloniser que les villes naines ou orques et l’inverse pour les orcs, même chose entre vampires et humains. Dès lors, ce serait facile d’imaginer une alliance entre l’Empire et les Nains pour renvoyer Von Carstein dans son cercueil (je vous l’ai dit, tout le monde déteste les vampires). Ou imaginer les vampires copiner avec les orcs (en fait non, tout le monde les hait !) pour empêcher les nains de copiner avec les humains. Malheureusement, c’est plus compliqué que cela, les relations diplomatiques relevant davantage de l’incantation vaudou d’algorithmes au comportement étrange du genre, vous proposez un traité de paix, l’autre refuse, vous passez le tour et il vous propose un traité de paix, édifiant.

En multijoueurs, l’équilibrage n’est pas encore tout à fait là plus d’un mois après la sortie du jeu. En ce moment, les joueurs non Empire pestent contre l’unité Heliobolis de Hysh qui au début était une unité trop faible et est désormais trop forte. C’est un sujet sur lequel les développeurs ne sont pas experts, habitués à l’homogénéité des factions, l’équilibrage d’une race à une autre n’est pas leur fort et présage de longs moments de frustration avec le flot de DLC/add-on qui nous attendent.

Total War : Hammer and Sickle

Image de Total War : Warhammer
Ce dragon zombie n’est pas chevauché par Daenerys

Cette dixième itération n’est pas mauvaise dans le sens où il est facile de s’y amuser, c’est davantage grâce à Warhammer qu’à Total War. En effet, la licence de Games Workshop profite d’un background relativement abouti et l’univers fantasy apporte une variété que notre propre Histoire n’a pas : monstres, magie, vampires, etc. Cela ouvre une porte vers un 40K qui serait certainement tout aussi cool.
Le principal souci de ce Total War : Warhammer est inhérent à la licence, il n’a pas le profil d’un bon jeu day one voire month one. L’équilibrage est encore perfectible, l’ergonomie aussi (une problématique récurrente pour un TW), l’IA est aux abonnées absentes, tous les joueurs savent qu’une flanquée de DLC va venir compléter un jeu déjà vendu 60€ (70€ avec ses deux DLC dont ce foutu DLC « Blood for the Blood God ») et il a été amputé de nombreuses mécaniques, certes, pas les plus indispensables mais qui dans leur ensemble donnaient du relief à la licence. Bref, si vous savez apprécier un Total War dès sa sortie ou peu après, ce Warhammer devrait vous satisfaire (avec peut-être quelques frustrations au détour d’une partie), sinon, vous faites comme d’habitude, vous attendez un pack complet.