Test de Endless Space 2
Vous me direz que notre test d’Enless Space 2 arrive plus d’un an après la sortie du jeu. Et alors ? C’est le genre de jeu que les stratèges ne planquent jamais au fond d’un tiroir, un an après, la communauté est loin de végéter comme dans bien d’autres types de jeu donc pourquoi pas un test maintenant ? Et puis, cela nous permettra d’introduire le test du DLC « Vaulters »… Et vous allez le voir, Endless Space 2 suit avec brio les traces de l’excellent Endless Legend avec un jeu 4X spatial plein de caractère et d’ambition.
Guerre et paix
Amplitude Studio poursuit son travail de talent en concevant un jeu qui exalte l’esprit sur les quatre pans du 4X. Avec sa bande son spécifique à chaque faction, son game design somptueux et ses quêtes légères de type RPG, il est difficile de ne pas tomber amoureux. Le plus fascinant est la façon dont Endless Space 2 croise les mécaniques et leur permettent de s’influencer les unes les autres.
Prenez les factions, par exemple. Les Lumeris, des hommes d’affaires, colonisent les mondes en payant des entreprises privées pour faire tout le travail et s’économise donc la construction de vaisseaux colonisateur. Les Unfallen, une étrange espère arboricole, relient les systèmes stellaires par des nœuds cosmiques, colonisant instantanément un monde une fois que les racines prises entre deux systèmes. Vous pouvez prendre la même carte, si vous changez votre faction, vous aborderez les 4X de façon totalement différentes.
Cependant, les factions ne sont pas seulement définies par leurs technologies et leurs aptitudes uniques. Certes, cela donne le ton et inspire un style de jeu, mais le système politique a un impact tout aussi important. C’est peut-être le plus gros crochet qui distingue Endless Space 2 de Endless Legend, son influence est omniprésente tout au long de la partie.
Chaque empire contient six partis politiques en lice pour le pouvoir. Leur présence dans l’hémicycle dépend de vos origines, de votre affiliation avec d’autres races (conquêtes, immigrations…) et enfin de vos décisions stratégiques lors d’événements aléatoires, dans la gestion de vos planètes ou dans votre recherche technologique. Tous ont une idéologie avec laquelle ils sont plus étroitement liés, et au fil du temps, ils vont progressivement prendre place dans la vie politique de votre nation. Cela vous apportera des bonus plus ou moins importants et plus ou moins coûteux en points d’influence : amélioration du bonheur, déclenchement de guerre gratuite, boost de recherche, il y a tout ce qu’il faut pour aller dans la direction que vous voulez.
Toutefois, rien n’est gravé dans le marbre, vous pouvez jouer une civilisation pacifiste et finir par adopter une politique militariste suite à de nombreuses agressions extérieures. Et si vous rétablissez la paix, le changement politique ne sera pas instantané. Ces mouvements politiques se font aussi subtilement, le parti écologique s’effacera progressivement si vous mettez en place des systèmes productivistes. Tout cela est influencé par votre placement dans la galaxie et vos relations avec les autres nations, à un moment donné, vous en aurez probablement marre de payer des tribus pour assurer votre survie et vous préparerez alors vos défenses, influençant une nouvelle fois l’Assemblée de votre nation.
C’est très intéressant de voir à quel point chaque élément de gameplay est interconnecté avec les autres. La migration, l’expansion, la guerre, la politique et la construction ne sont pas des rouages autonomes et font ainsi partie d’une seule énorme machine. Seul regret sur le sujet, l’interface reste perfectible, les éléments sont bien rangés mais il n’est pas toujours évident de faire la distinction entre des éléments affichés à des fins d’informations et d’autres qui sont des leviers d’action. Cela dit, il y a aussi un important amas de données à gérer et trouver la meilleure ergonomie pour le joueur ne doit pas être aisée. Le joueur doit aussi en faire l’apprentissage, ne vous étonnez pas de vous prendre une branlée lors des premières parties.
A la conquête de l’espace
Les choses se compliquent quand on traite avec des IA. Il est difficile de comprendre les capacités d’un autre empire et c’est exacerbé par le système politique. Les Sophons par exemple ont le trait scientifique, mais suite à quelques agressions peuvent sombrer dans la guerre et prendre la branche militariste de l’arbre des technologies et devenir par la même une nation conquérante. Saupoudré le tout d’un brin de jalousie suite à quelques colonisations trop proches de leurs frontières et vous avez une bombe à retardement. Pour le coup, je n’ai jamais autant désiré un système d’espionnage que je trouve pourtant habituellement ennuyeux à mourir. Pris en main par les développeurs d’Amplitude, je suis certain qu’ils ne tomberaient pas dans l’espionnage local (qui rend la chose trop complexe à gérer) au profit d’un espionnage global.
Quand une guerre s’annonce, je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de me battre. Les développeurs ont atteint la limite entre la commodité et la personnalisation des vaisseaux, on se lasse assez vite de tout personnaliser et l’on opte rapidement pour l’amélioration automatique de nos différents modèles et à ce niveau, cela manque un peu d’efficacité. Sur le terrain, les combats sont ternes, vous choisissez un plan de bataille avec une simili stratégie et tout le reste est automatisé. Cela donne l’impression d’un énorme gâchis, eu égard à la qualité des cinématiques des batailles dont les efforts consacrés à la restitution de simples débris spatiaux semblent considérables. Les combats tactiques au tour par tour d’Endless Legend (que les joueurs pouvaient aussi s’épargner) présentaient bien plus d’intérêt.
Aliens d’affaires
Même si les conflits se déclenchent facilement, des moyens plus subtiles permettent de prendre place dans la Galaxie. La domination économique, un des moyens de victoire habituellement un peu face se trouve être étonnamment engageante et complexe dans Endless Space 2.
Tout d’abord, vous avez un système de commerce en deux parties. Vous pouvez créer des sociétés de négoce et ensuite des filiales dans un autre système, et les navires traceront un parcours le long de cette route pour y accumuler argent et produits de luxe. Plus la route est longue, plus vous ramassez. Une route peut demander de nombreux investissements pour agrandir la flotte et gagner toujours plus – dommage par contre de ne pouvoir réaffecter des vaisseaux à une autre route. Le danger est que d’autres factions mettent en place un blocus dans n’importe quelle partie de la chaîne et vos revenus partiront en fumée.
La deuxième partie est le marché que les joueurs d’Endless connaissent bien. Vous pouvez y acheter et vendre des marchandises, des vaisseaux et des héros, et c’est là que les choses deviennent intéressantes parce qu’il y a une simulation économique qui fonctionne sous le capot. La valeur des biens change non seulement en raison d’un surplus ou d’une demande accrue, mais en raison de forces extérieures. Cela va même au-delà du marché, affectant le prix des navires. Pendant une période prolongée de paix galactique, les navires sont moins chers, par exemple.
Endless Space 2 se joue des moyens de victoire, à aucun moment vous ne vous sentez enfermé dans un chemin de victoire. Changer de voie s’avère plus ou moins simple et cela se fait au gré des opportunités si vous ne voulez pas passer votre temps à essayer de rattraper les autres. Une progression rapide dans l’arbre technologique ? Pourquoi ne pas poursuivre là-dedans ? Vous construisez une merveille économique avant les autres sur un coup de poker ? Banco ! Réorganiser un empire n’est pas si difficile (nous ne sommes pas sur Terre !). Des spécialisations planétaires, de nouvelles lois et des bâtiments qui engloutissent pognon et influence, le tour est joué.
Il y a une abondance de modes et de filtres de carte pour vous aider, une barre de recherche pour l’arbre technologique, ou encore une notification qui vous indique quelle technologie vous devriez rechercher lorsque vous venez de terminer un projet. Vous pesterez seulement de temps en temps, mais bien volontiers, face à quelques paramétrages globaux absents alors que nous les avions dans Endless Legends, notamment la gestion des colonies que l’on voudrait pouvoir automatiser entre spécialisation, placement des races par planètes pour ajuster les bonus, etc.
Nous pouvions avoir peur du rachat d'Amplitude par Sega, et leur politique de DLC très onéreuse, mais globalement, le studio français semble avoir réussi à temporiser les ardeurs de l'ogre japonais. Toujours est-il que nous sommes face à un 4X particulièrement réussi, malgré le chemin de croix qu'il lui a fallu parcourir (plus d'une trentaine de patches).
- Une icône des jeux 4X
- Pour les fans de science-fiction
- Un game design aux petits oignons
- Une rejouabilité extrême
- Avec les patches, je cherche encore