Dark Void en test
Dark Void est l’exemple même d’une campagne marketing rondement menée, tout avait été mis en œuvre par Capcom pour mettre l’eau à la bouche. Ce jeu reprenant le mythe du triangle des Bermudes nous plonge à l’aube de la seconde guerre mondiale et vante ses airs de Rocketeer. Harnaché à votre fusée expérimentale, Will, le héros, nous en mettait plein la vue dans les vidéos. La verticalité enfin maîtrisée dans un jeu vidéo là où d’autres se sont écrasés comme de vulgaires moustiques sur la visière de notre héros. Mais les joueurs ont vite déchanté quand la démo fut venue.
Série Z ? Il n’y aurait pas une lettre après le Z ?

On connaît bien Capcom pour ses jeux phares, Devil May Cry, Street Fighter ou encore Resident Evil. Après un très bon Lost Planet, le studio récidive dans l’action pure et propose un nouveau third person shooter : Dark Void. Le scénario est d’époque, 1938, les fascistes montent en puissance à la veille de la seconde guerre mondiale. Au début du jeu, c’est tout ce que l’on sait et en fait, on ne comprend pas vraiment le lien avec le triangle des Bermudes, lieu dans lequel vous vous perdez avant d’atteindre un monde parallèle où les veilleurs, sorte de raies manta qui prennent le contrôle de machines sophistiquées, martyrisent les survivants. Pour une telle aventure, il y a deux méthodes de narration, soit on se prend au sérieux et on imagine un scénario qui en a dans le slip, soit on se lance dans une aventure où l’humour s’impose. Dark Void vient se placer entre les deux, bourré de tous les clichés possibles qui devraient naturellement nous prêter à sourire voire nous faire rire et d’une histoire qui voudrait nous faire croire qu’elle est de bonne facture alors que de bout en bout, on s’ennuie. Mis à part l’intégration de l’USS Cyclops qui a nourri la légende du triangle des Bermudes, les faits historiques sont mal intégrés, Nikola Tesla débarque comme un cheveu sur la soupe et Airtight Games s’amuse même à réécrire sa biographie. Les faits historiques sont jetés à la poubelle, l’intrigue déjà peu intéressante n’a plus aucune crédibilité. Pire, il n’est même pas possible de se raccrocher à notre héros tant il manque de charisme. Alors que Brad Pitt a acheté les droits pour faire de Dark Void un film, espérons que l’acteur saura donner un peu plus d’ampleur à notre personnage.
De l’idée dans le gameplay

L’idée de Dark Void, c’est d’obliger le joueur à se préoccuper de l’axe vertical de notre espace. Que nous soyons dans les airs mais aussi au sol. Au sol, il s’agit concrètement de vous agripper au-dessous d’une plateforme pour finalement vous en servir comme une barricade contre les veilleurs qui feront la même chose de leur côté. La caméra vire à 90° pour replacer votre vue dans le bon axe, au final, ces phases de shoot n’ont aucun intérêt et peuvent même devenir agaçante. Le reste du temps, Dark Void est un TPS désastreux, alors que l’action devrait être le maître-mot, le jeu souffre de lourdeurs. L’IA est inexistante, les veilleurs se contentent de rester planqués derrière leurs blocs de pierres et c’est après trois chargeurs que l’un d’eux daignera s’écrouler sous vos balles.
Dans les airs, c’est tout aussi mollasson, seulement une petite dizaine d’ennemis par salve pour des terrains à ciel ouvert beaucoup trop grand pour un si faible nombre d’unités. Certaines séquences sont longues à vous donner envie d’arrêter tout de suite tout comme les QTE qui vous permettent de prendre le contrôle d’un vaisseau. Pourtant, une fois les touches reconfigurées (une touche était assignée à trois actions en même temps !), on trouve un certain plaisir grâce à des animations d’une fluidité extrême. Les lieux où peuvent se mélanger combat au sol et aérien deviennent d’excellents terrains de jeu. Mitrailler les veilleurs depuis les airs avant de se poser au sol à toute vitesse et mettre plusieurs coups de cross dans le visage d’un veilleur. Puis bondir sur une caisse et mettre un coup de pied dans la tronche d’un autre. Cette scène pourrait faire l’objet d’une cinématique mais c’est grâce au combat rapproché, en une touche, vous pouvez tuer un ennemi qui a habituellement besoin de 60 balles pour mourir. Malheureusement, le temps d’arriver à une telle maîtrise vous êtes déjà arrivé à la moitié des six heures nécessaires pour venir à bout de Dark Void.
De l’UE3 dans Dark Void

Le moteur graphique de Dark Void est l’Unreal Engine 3, la bonne optimisation est donc de mise et le jeu tournera sur bon nombre de configurations. Dans la réalisation, quelques rares lieux sont plutôt jolis mais le reste manque cruellement de contenu hormis les quelques rochers derrière lesquels se cacher. De plus, les textures auraient méritées d’être plus détaillées.
Dark Void aurait pu être un bon jeu mais les studios Airtight Games ont clairement manqué d’ambition en se contentant d’imiter la jouabilité d’un Gears of War et en y ajoutant cette verticalité qui aurait besoin d’être peaufinée. Même avec, cela n’aurait pas été suffisant, faute d’un scénario qui tienne la route et d’une durée de vie qui ne soit pas artificiellement rallongée par des phases atrocement lentes. En ces temps où nos portefeuilles vont être mis à rude épreuve par des gros hits, Dark Void ne pourra se faire une place dans nos ludothèques. Toutefois, si vous souhaitez le prendre, privilégiez la version PC.