Mass Effect 2 : le space opera testé


En 2008, BioWare marquait d’une pierre blanche l’univers SF grâce à Mass Effect. L’imagination des studios, autant pour le background que pour le scénario lui-même, fut la pierre angulaire d’un succès bien mérité. Alors que Greg Zeschuk a ravi les fans tout récemment en annonçant que Mass Effect serait plus qu’une trilogie, le second épisode débarque dans les rayons et compte bien vous en mettre plein la vue.

Anti-spoil activé

Miranda et Jack, du sexy et du violent

Je ne dévoilerai pas les faits importants de Mass Effect 2, même les premiers, histoire de ne pas gêner ceux qui sont restés deux ans dans une caverne en attendant cette suite. Toutefois, sachez que le scénario a gagné en maturité, il s’agit d’un épisode plus sombre où le commandant Shepard va devoir faire face à une puissante menace : les moissonneurs. Ces derniers ont accru leur activité sur les deux dernières années de façon drastique tandis que dans le même temps, votre fine équipe s’est désagrégée. Pour couronner le tout, l’Alliance n’a pas encore conscience du danger et n’est pas disposée à vous aider. C’est pourquoi vos anciens ennemis sont logiquement les premiers à monter au créneau, ces p’tits froussards ne voudraient pas perdre leur pouvoir. Vous devrez donc remonter une équipe digne de ce nom dans un univers géopolitiquement très instable.
La trame principale est plus que jamais, mise en avant. Les scénaristes, très soucieux de leur travail, ont pondu des dialogues plus crus qui colle davantage à l’univers du jeu et BioWare a mis en place la possibilité d’interrompre une conversation en un clic qui correspond finalement à une réaction très rapide de votre part. Un exemple concret pour comprendre ? L’un de vos compagnons croisent quelqu’un qu’il hait particulièrement et a l’occasion de le tuer froidement, vous pourrez si vous le voulez, vous interposer voire désarmer votre coéquipier. C’est un système très intéressant qui vous oblige à faire un choix rapide qui passe outre l’habituel calcul du joueur, c’est d’autant plus cool que vous jouerez la vie d’autres personnages.
Enfin, si vous faîtes le choix d’importer votre sauvegarde de votre première aventure, ces dialogues varieront. Un personnage que vous avez traité comme un chien dans le premier épisode ne deviendra pas votre compagnon préféré du jour au lendemain. Cette sauvegarde influe aussi sur certaines lignes du scénario, toutefois, il s’agit des grandes lignes, celles qui ne sont pas franchement intéressantes pour le déroulement de l’histoire. C’est le problème des RPG actuels, le joueur a l’illusion que son choix aura de véritables conséquences et c’est plus ou moins le cas, cependant, le résultat ne changera pas du tout au tout et vous n’aurez jamais l’immense regret d’avoir laissé mourir l’un de vos compagnons hormis le regret engendré par une certaine compassion que vous aviez pour lui.
Mais cela n’enlève rien aux qualités intrinsèques du soft, l’intrigue est prenante et vos compagnons apportent une touche importante à votre immersion dans celle-ci. L’ombre de Dragon Age : Origins plane sur Mass Effect 2 et si ce dernier ne se dote pas du très bon système d’alignement créé pour Baldur’s Gate, les conflits et les affinités entre les personnages, eux, sont bien présents et Shepard devra jongler entre ces différentes personnalités au risque de ne pas réussir à recruter un compagnon.

Space Conflict

Des décors de SF connus mais qui ont leur petit effet

Si vous n’avez pas de vieille sauvegarde planquée sur votre disque dur, pas de panique. La création de votre personnage est tout à fait semblable à celle du premier opus. Que vous soyez un homme ou une femme, il n’y a que votre nom qui restera Shepard pour les besoins des dialogues. Vous aurez accès à six classes de personnage qui pencheront plus ou moins entre vos capacités biotiques et vos capacités pour les combats armés. Rien de neuf dans la galaxie si ce n’est le système de compétences. Largement simplifié, celui-ci vous permet d’employer sur le terrain sept aptitudes, chacune dotée de quatre niveaux de puissance. Le dernier niveau d’aptitude se divise à chaque fois en deux spécialités dont l’intérêt reste parfois à prouver, par exemple, vous pourrez choisir d’augmenter votre puissance de feu ou de partager cette puissance avec les deux compagnons qui vous accompagnent lors de vos échauffourées.
L’évolution du personnage est un aspect que Mass Effect 2 met presque à la poubelle sans pour autant l’oublier complètement, cela agacera les puristes mais facilitera la vie des joueurs occasionnels. En fait, c’est tout le jeu qui prend une orientation action avec des gunfights plus nombreux mais surtout plus dynamiques. La pause active est toujours présente (et son ergonomie est d’ailleurs améliorée) mais vous pouvez désormais placer vos hommes en temps réel et faire appel à vos aptitudes par de simples raccourcis. Cette idée pourrait faire peur mais avouons-le, la sauce prend. Certainement car cela colle parfaitement bien à l’ambiance plus agressive de Mass Effect 2 et surtout parce que le scénario est encore meilleur. La majeure partie de celui-ci consiste à refonder une équipe, ce qui nécessairement entraîne des combats (niveau vétéran minimum pour trouver un intérêt à ces combats). En outre, ces futurs compagnons vous feront bourlinguer sur des planètes qui ne se ressemblent jamais afin qu’ils deviennent loyaux envers vous. Leurs propres vies, avec leurs lots de conflits personnels et de malheurs mais aussi de joies, ont eu droit à un soin tout particulier et feront des quêtes secondaires, des quêtes d’aussi bonne facture que la trame principale. Je regrette toutefois que l’action soit d’une linéarité déconcertante vis-à-vis de la qualité générale du jeu.

Moins d’exploration libre

Le scan, cette phase chiante ne reflète pas la qualité du jeu

Chacun de vos voyages vous emmène sur différentes planètes dont le travail sur les environnements est tout simplement exceptionnel et avec une optimisation exemplaire. C’est beau, c’est varié, on en redemanderait et c’est justement le cas avec l’exploration « libre ». Elle n’était déjà pas la panacée dans Mass Effect et elle perd encore du terrain dans Mass Effect 2. Lorsque vous entrez en orbite autour d’une planète inconnue, un scan révèlera la présence ou non d’une anomalie, synonyme alors de la possibilité d’explorer cette planète et donc de réaliser une mission annexe. Soyons honnête, ces missions ne sont pas terribles et consistent bien souvent à perdre dix minutes de son temps pour récupérer une caisse d’un minerai précieux ou à relancer un bouclier sur une planète. C’est dommage alors que quelques missions savent tirer leur épingle de cette masse de quêtes annexes notamment en liant plusieurs planètes à une même histoire.
Puisque nous parlons du scan de planète et parce que pour fracasser du Geths ou pour écraser des Krogan, il faut bien entendu faire appel à un arsenal conséquent qu’il est nécessaire d’améliorer. Vous devrez récolter des minerais grâce aux mêmes sondes qui détectent les anomalies, c’est phase de récolte est inintéressante à souhait en plus d’être fastidieuse, je vous encourage vivement à améliorer la qualité de votre scanner (possible quasiment dès le début de la partie) si vous ne voulez pas passer des heures à faire du farming pourtant nécessaire à votre développement. En effet, les quelques caisses de minerais que vous vous octroyez au cours de vos escapades ne suffisent pas à remplir tout le tableau des améliorations, loin de là.

La recette fonctionne

L'ambiance est excellente

BioWare a clairement fait des choix avec Mass Effect 2, le combat prend désormais une place prépondérante sans pour autant négliger la narration, le scénario et encore moins le background exceptionnel de Mass Effect. La bande son n’est pas en reste et sert très bien le jeu dans sa globalité malgré quelques doublages qui ne collent pas au personnage. Finalement, ce qui n’était pas très intéressant dans le premier épisode est moins présent désormais et tendra probablement à disparaître. La majorité des planètes ne servant plus qu’à remplir les galaxies et à récolter à la sonde des tonnes de minerais, ce qui n’est forcément mieux.
Les studios ont su créer une véritable osmose entre le joueur et l’histoire. Complètement immergé et impatient d’en découdre avec les moissonneurs, vous ne lâcherez votre clavier et votre souris qu’au bout de la vingtaine d’heures qui composent l’intrigue principale et plus tard encore si vous êtes bien déterminé à finir le jeu dans sa totalité. En fait, on en voudrait plus, que les planètes et que les PNJ ne soient pas là seulement pour faire de la figuration. En d’autres termes, que le côté RPG de Mass Effect ne passe plus seulement par le scénario mais aussi par des quêtes annexes riches et indépendantes de l’intrigue principale, je ne parle donc pas des quêtes qui concernent nos compagnons. Malgré ses quelques défauts, Mass Effect 2 est un bijou de SF à mettre entre toutes les mains.