Test : BioShock 2

BioShock 2
Le premier BioShock nous faisait passer un bref moment dans la combinaison d’un protecteur. La version améliorée (mais sans foreuse) d’un Big Daddy. BioShock 2 réalise vos rêves et vous fait entrer dans la peau de Delta, il fait partie du cercle très fermé des premières séries de Big Daddy, il est lent, étrangement peu résistant mais il a une foreuse. Dix années se sont écoulées depuis le passage fomenté de Jack, Rapture est toujours sous les flots et à l’utopie a succédé l’anarchie. Exit Andrew Ryan, décédé, c’est Sofia Lamb au gouvernail. C’est justement elle qui a votre fille et l’aventure de BioShock 2 consiste donc à la reprendre des griffes de cette Sofia Lamb.

Dans les lamb de Rapture

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Les chrosomes sont toujours aussi violents.

Alors que vous sortez d’un mystérieux coma, vous entreprenez donc de retrouver votre fille Eleanor. Rapture a toujours son petit effet, une atmosphère oppressante avec ces bâtisses à deux doigts de céder sous la pression des eaux. Dans les couloirs, vous entendez encore les voix de ses anciens habitants, certains tentent de survivre, d’autres sont devenus ce qu’on appelle des chrosomes ou comme j’aime à les surnommer, des « Adam Addict ». Armé d’un vieux colt ou d’une clé à molette, ils sont redoutables. Mais nous aussi, n’oublions pas que nous sommes un emblématique Big Daddy (Monsieur P.) alors les crochets dans la tronche avec la foreuse, ça vous connaît. Sans compter l’arsenal mis à votre disposition une fois que vous avez rangé votre foreuse dans… bah dans votre poche. De la sulfateuse au fusil à canon scié en passant par le mythique harpon dont vous pourrez ramasser les munitions utilisées directement sur le corps de votre fraîche victime. Comme dans le précédent épisode, vous pourrez améliorer ces armes avec des munitions spéciales notamment. On ne peut s’empêcher alors de penser au piratage qui permettait de récupérer des munitions gratuitement dans les différents distributeurs. Et par la même occasion aux drones et mitrailleuses robots. La tuyauterie à réorganiser pour laisser passer un fluide laisse place à un vu-mètre où il faudra appuyer lorsque vous êtes sur la plage de couleur verte (plusieurs séquences par piratage). Cette plage sera plus ou moins grande selon l’objet piraté et selon vos compétences. Le résultat en cas d’échec du piratage est diablement le même que dans BioShock 1, une décharge électrique ou une arrivée massive de chrosomes.

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Le vu-mètre remplace avantageusement le jeu de tuyauterie.

Les Big Daddy que l’on connaissait n’usaient pas des plasmides mais vous oui, ils viennent avantageusement se greffer à votre arsenal et peuvent être utilisé sans avoir à switcher entre votre arme et vos plasmides. Les combos sont alors plus rapides et plongent Rapture dans un océan d’action. Plus vif et plus violent, Bioshock 2 mérite bien son PEGI +18, que vous utilisiez votre pouvoir de gel avant d’achever votre cible à la foreuse, que vous les incinériez ou que vous les électrocutiez. Bien entendu, Bioshock 2 conserve l’Adam en guise de système de progression, au départ au niveau zéro du Big Daddy, vous êtes lent et fragile. Il faudra donc récolter cet Adam sur les cadavres qui en possèdent pour améliorer votre scaphandre et vos plasmides. C’est le boulot des Little Sisters que vous pourrez adopter pour deux récoltes après avoir réalisé un combat épique contre son protecteur. A la fin de ces deux récoltes, vous choisirez de la laisser libre au prix d’une quantité moindre d’Adam où vous vous débarrasserez définitivement d’elle. Un choix moral que nous connaissions déjà et qui n’a pour ainsi que peu d’influence hormis la fin du jeu différente. En effet, si votre morale vous pousse à les sauver, vous serez récompensé quelques minutes plus tard par des munitions ou autres cadeaux du genre comme des seringues d’Eve nécessaires à l’utilisation de nos pouvoirs. La survie ou l’exploitation de ces petites sœurs ne seront pas votre unique prise à partie, d’autres occasions se présenteront mais souffriront du même défaut, quel que soit votre choix, le résultat est équivalent bien que différent.
Bioshock 2 ne pouvait se permettre de n’être qu’une copie conforme au premier avec pour seule différence, son scénario, aussi prenant soit-il. Il fallait bien quelques ajouts qui puissent être cohérent avec le premier. D’un côté, nous avons les chrosomes, nous trouvons de nouveaux ennemis plus puissants, le genre gros costaud over-boosté à l’EPO qui se coince régulièrement dans les éléments du décor. De l’autre côté, c’est l’arrivée fracassante et mal vu de la Big Sister, sorte de ninja en scaphandre, très coriace, il faudra faire gaffe à votre jauge de santé. Toutefois, elle débarque avec une certaine prévisibilité, si vous dénichez toutes les petites sœurs du niveau, vous retrouverez cette Big Sister à la sortie. Pas de surprise donc, et c’est ce qu’il manque dans BioShock 2. La linéarité des lieux vous permettent de toujours anticiper ce qu’il va se passer. Des lieux souvent tortueux qui ne respectent pas toujours les standards du level design et obligent les chrosomes à entreprendre des déplacements laborieux faute d’un pathfinding qui ne sait plus où donner de la tête. Si dans l’action, nous n’y voyons que du feu tant il faut faire attention à sa propre survie. Dès que nous sommes seuls, c’est une autre histoire. Cela va jusqu’à pousser les développeurs à nous coller une consternante flèche pour nous guider, heureusement désactivable. Mais cela donne aussi des idées pour votre stratégie, en associant un pouvoir de tornade à celui de l’incinération, le tout, proche d’une flaque de fuel ou une bombonne. Je vous laisse deviner le résultat.

Sous l’eau

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D'autres décors sous-marin sont plus réussis.

Le scénario captivant, qui n’a pas à rougir de son aîné, vous amènera à plusieurs reprises sous les eaux. Des phases durant lesquelles vous n’aurez ni accès à vos armes, ni à vos plasmides. Cette promenade aquatique est un honneur à la contemplation des fonds marins, calme et reposante, vous n’aurez rien d’autre à faire que sauter pour passer les divers obstacles et regarder les différentes scènes qui s’offre à vous, du Big Daddy attaqué par des chrosomes dans un couloir au calmar géant qui passe au-dessus de votre tête. C’est à deux doigts de casser le rythme du jeu mais il faut avouer qu’un peu de repos ne fait pas de mal si l’on veut venir à bout de la petite dizaine d’heures de jeu sans avoir les mains moites. En fait, si le level design souffre autant en termes de jouabilité, c’est pour mieux nous ébouriffer lorsque l’on découvre les différents niveaux de Rapture. Tout simplement somptueux, malgré le fait qu’il s’agisse de déjà-vu, la faute au syndrome BioShock 1. Mon plus gros regret vient de l’invincibilité de ces décors qui sont désespérément collés au sol. L’objectif est encore une fois d’ajouter du cachet aux lieux au détriment d’un certain réalisme. Mais quel plaisir j’aurai eu à exploser une vitre pour inonder la salle et noyer les chrosomes par la même occasion plutôt qu’avoir à subir les scripts qui donnent accès à ces fameuses excursions sous-marines.
Bien sûr, les joueurs seront unanimes à dire que BioShock 2 est égal ou moins bon que son prédécesseur. Mais ce n’est pas la faute à son scénario, ou à ses personnages malgré que ces derniers soient peut-être un cran en dessous du premier. Les graphismes mettront déjà suffisamment en rogne les joueurs avec des textures pas très propres de près, les développeurs auraient pu sans problème les affiner pour nos chers PC. L’aliasing est aussi un problème, habituel pour les portages console. Le plus drôle a été le bug du widescreen déjà rencontré dans BioShock 1, fort heureusement, un patch est sorti pour corriger cela. Mais ce patch ne corrige pas les autres bugs de la version PC comme un blocage pour changer de plasmide (configuration des touches non interprétée). Alors quand nous savons que BioShock 2 n’a pas l’effet de surprise qui avait scotché tout le monde dans BioShock 1, nous comprenons les réticences de certains joueurs. C’est un problème inhérent à toute suite et malgré ce fardeau, les studios ont su faire une bonne suite, pas particulièrement utile par rapport à BioShock 1 dont l’histoire se suffisait à elle-même, mais qui se place dans la logique des choses. Vous étiez un individu étranger à Rapture dans le premier volet (pas vraiment) et vous êtes désormais un Big Daddy, un personnage qui connaît justement les lieux comme sa poche. Disponible pour moins de 40 euros, il serait dommage de passer à côté de ce bon jeu.

Le multi

Tandis que 2K Marin était aux commandes du jeu solo, c’est Digital Extreme qui s’est chargé du multi. Un multijoueurs pour le moins inattendu pour BioShock et qui sait remplir son job. Si ce job est de convenir aux fans inconditionnels de Rapture en tout cas. En effet, après avoir profité des nombreuses options qu’offrent l’Unreal Engine 3 pour la customisation de votre skin. Vous découvrirez des modes de jeu archi connus, notamment pour les adeptes d’Unreal Tournament. Jouable à dix au maximum, il y a l’habituel Death Match pas génial en FFA. Le Team Death Match aux parties moins confuses que le Death Match. Du contrôle de territoire qui ressemble au mode Domination d’Unreal Tournament. Et un Capture The Flag intelligemment intégré à l’univers de BioShock par un Capture The Sister. Le mode de jeu le plus intéressant probablement et le seul qui trouvera réellement sa place dans l’e-sport. Cela grâce à la présence d’une tenue de protecteur sur les maps qui est un atout indéniable pour l’équipe qui la possède. Mais aussi grâce à un système d’évolution de votre personnage au fil des parties à l’instar de Call of Duty : Modern Warfare. Votre progression vous permettra de débloquer armes, plasmides et fortifiants mais pas les munitions, la gestion de munitions différentes ayant été jugée trop complexe pour des parties en ligne ce qui est tout à fait vrai.
Le multi, sans être transcendant et sans réinventer le genre, permet donc aux fans de retrouver de temps en temps Rapture sous ses meilleurs hospices connus puisqu’il nous place avant les faits relatés dans BioShock 1. Toutefois, je regrette l’absence d’un serveur dédié pourtant bien utile lorsque l’on recherche un serveur au ping décent.