Test de Dragon Age: The Veilguard

Dragon Age: The Veilguard constitue le quatrième opus de la franchise. Il s’agit toujours d’un jeu de rôle dans un univers de high fantasy. C’est développé par Bioware et édité par Electronic Arts. Dragon Age : Inquisition avait relevé le niveau après un deuxième opus clairement raté. Alors est-ce que Dragon Age: The Veilguard persévère dans cette bonne voie ? Arrive-t-il à maintenir la flamme et à plaire aux nouveaux arrivants ? Éléments d’explication et verdict ci-dessous.

Création et évolution des personnages

Image de 20 minutes de gameplay pour Dragon Age : The Veilguard

Difficile de ne pas noter qu’avant de lancer le jeu, cela m’a pris plus de deux heures pour charger les shaders. J’ai débloqué deux cartes steam sur trois sans même voir le logo de lancement…
Troll de l’année, le jeu a crashé dès la première image de cinématique ! Bon, j’ai cru péter un câble, mais là, ce nouveau pré-chargement a pris seulement deux-trois minutes, comme pour chaque lancement du jeu. Ouf !

Bref, avant de commencer la partie, on vous demandera de créer un personnage. C’est assez simple, vous avez le choix entre un guerrier, un voleur et un mage. Ensuite, vous pouvez choisir sa race et son sexe. Et il reste enfin quelques spécialisations sommaires. Il n’y a pas de répartition d’attributs ou de compétences. D’ailleurs, on ne pourra jamais répartir des points pour améliorer nos attributs (force, volonté, constitution, etc.). Pour un jeu de rôle, on aurait préféré avoir la faculté de les distribuer nous-mêmes tout au long de notre aventure.

C’est exactement comme dans Dragon Age : Inquisition.

La personnalisation du visage de notre héros est elle très poussée. On possède un très large choix pour pimper notre personnage. C’est particulièrement impressionnant et on a la possibilité de faire et d’influencer à peu près ce que l’on veut. C’est important de bien choisir, car il y a de nombreuses cinématiques avec notre héros de face durant toute la partie.

L’évolution des personnages n’est pas très rapide. À chaque niveau, on gagne un précieux point à utiliser dans quatre petits arbres de compétences par classe. Un mage pourra ainsi privilégier le feu, la glace ou l’électricité pour améliorer et accroître son nombre de pouvoirs. Tandis que le voleur choisira de se perfectionner en archer ou duelliste. À titre d’exemple, il m’aura fallu environ cinquante heures pour atteindre le niveau quarante. C’est tout de même plus rapide que dans Dragon Age : Inquisition.

De plus, le système est assez souple et on peut facilement réinitialiser nos points pour emprunter une autre voie d’apprentissage. Cela permet de ne pas rester avec une classe ultra-cloisonnée. Même si on ne peut pas changer de classe en cours de route.

Notre personnage peut utiliser quatre sorts différents (dont l’ultime) et une rune. Ce n’est pas énorme.

La montée en niveau via notre équipement n’est pas très intéressante. Car, il y a assez peu d’articles différents. Comptez deux items au grand max, par catégorie (anneaux, armures, etc.) par rapport à notre classe et à notre spécification.

Il n’y a plus de système d’artisanat, on ne peut rien crafter contrairement à Inquisition. On va trouver d’innombrables objets à revendre. On n’est pas limité en poids. On ne peut pas vendre notre équipement ainsi que nos armes. On les conserve indéfiniment. Ils ont différents niveaux de qualité (blanc, vert, bleu, rose, unique). Ils augmentent automatiquement lorsque l’on trouve un autre item semblable. Ils sont répartis chez les commerçants, et on peut aussi les dénicher dans le monde.

Le développement est croissant et maintenu par des barrières invisibles. Car on devra avoir augmenté notre réputation chez le vendeur (via des missions de faction) avant de pouvoir l’acheter. On peut encore vaincre ou avoir débloqué certaines parties du monde avant de les trouver. On ne peut donc pas bénéficier de matos de malades dès le départ, ce qui est tout à fait normal.

On peut dire que l’exploration est récompensée. Mais, on évolue dans des couloirs, les objets sont visibles à 10 mètres avec un système de surbrillance. Il y a une multitude de coffres et ils sont marqués sur la mini-carte. Donc, décemment, je ne peux pas qualifier cela d’exploration au sens commun du terme. J’ai plutôt eu l’impression de devoir cliquer constamment comme un débile afin de récolter ceci et cela. Sans ressentir le moindre plaisir à dropper de beaux items.

On moissonne et on récolte pléthore d’objets, l’immense majorité d’entre eux ne servent qu’à faire de l’argent à la revente. Le reste constitue un gloubi-boulga de composants nécessaires à nos améliorations. Les items sont rares et on ne s’en servira jamais. Il y a bien un tout petit pourcentage qui éveillera notre intérêt, mais c’est bien trop espacé dans le temps.

On pourra améliorer et même enchanter nos objets ainsi que ceux de nos compagnons. Cela nécessite de nombreuses ressources et il faudra, là encore, avoir développé la possibilité de le faire.

On est vraiment submergé par d’innombrables choses à ramasser du début à la fin de l’aventure. Au moins, dans un hack and slash, c’est plaisant de trouver sans cesse de quoi peaufiner notre build. Là, cela ne nous sert quasiment jamais. Des mécaniques RPG bien pauvres et très décevantes sur ce point.

Dragon Age: The Veilguard

L’histoire se situe après les événements de Dragon Age Inquisition, plus précisément après la dernière extension, Intrus. On incarne Rook, un protagoniste recruté par Varric pour traquer Le Loup Implacable, un ancien dieu elfique qui ourdit un rituel visant à détruire le voile séparant le monde physique de l’immatériel. S’il parvient à ses fins, le monde sera envahi par des démons et diverses créatures malveillantes.

Au cours de notre périple, on va découvrir que deux autres divinités d’une puissance redoutable se sont échappées de l’immatériel et qu’il vous incombe de les arrêter pour préserver l’équilibre du monde. Pour y parvenir, on va recruter des compagnons et interagir avec diverses factions.

Cette aventure se laisse suivre avec intérêt si on apprécie le genre. Toutefois, l’écriture est très fade. Cela se ressent d’autant plus avec les dialogues qui sont d’une grande pauvreté. Ce n’est pas comme si le jeu durait 60 à 80 heures et que quasiment toute l’histoire est racontée via ces séquences de blabla…

De plus, nos choix n’influent en rien, à quelques exceptions près.

Une fois, on devra choisir entre sauver en premier la ville d’un de nos compagnons ou celle d’un autre. Là, c’est intéressant, car le laissé pour compte quittera un temps le groupe. Et à son retour, il aura perdu confiance en nous, mais il se serra renforcé personnellement. En gros, il ne nous soignera plus, mais ces sorts feront plus de dégâts.

Mais pourquoi, il n’y a pas cela tout le jeu ? On nous propose un truc vraiment sympathique et après, plus rien. Tout est mièvre et cela n’influence rien du tout !

On a le choix, via les dialogues, entre rendre notre héros très gentil, de type mielleux, gentil qui essaye (et rate) de faire de l’humour ou bien un gentil pragmatique. Si vous voulez vous comporter comme un bon méchant, ce n’est pas possible. Un peu frustrant quand même.

C’est la même chose avec tous nos compagnons. Que des gentils tout plein. Quasiment pas de conflits entre eux. Si c’est le cas, une tape dans le dos et c’est réglé. Sur sept, à part Emmrich qui est cool, Lucanis et éventuellement Neve : ils sont tous fadasses. Leur histoire est développée via de nombreuses quêtes dédiées, mais ils manquent cruellement de profondeur et de personnalité. Une bande de Bisounours qui s’attaquent à d’anciens dieux et des dragons !

Je ne spoile pas, mais on va croiser Morrigan, elle, franchement, je m’en souviens des anciens épisodes. Là, elle est juste naze. C’est triste d’en arriver là et de faire volontairement du Bic Mac. C’est-à-dire un truc lisse, surtout sans saveur, afin de plaire ou de ne pas déplaire au plus grand monde.

Donc l’histoire, pourquoi pas, mais la façon dont elle est écrite, mise en scène et racontée avec tous ces Bisounours fadasses gâche pas mal le plaisir. C’est dommage, car les quêtes de nos compagnons sont longues et on en apprend plus sur eux. À la fin de celles-ci, il y aura un choix à faire (pour une fois) qui influencera définitivement la voie que suivra notre acolyte.

Cela ne m’a pas rebuté au point de ne pas vouloir terminer l’aventure. Je voulais voir et savoir comment allaient évoluer toutes ces histoires. Mais on est très loin de ce que le studio a pu proposer avec la trilogie Mass Effect et même les Dragon Age précédents.

Une direction artistique réussie

Graphiquement, le titre s’en sort avec les honneurs. Je n’ai pas ressenti de claque visuelle, mais le tout est cohérent et bien retranscrit.

Tout est très propre avec des textures fines et détaillées. Les décors se renouvellent bien et s’inscrivent totalement dans cet univers de high (ou dark) fantasy que constitue la franchise des Dragon Age. On se baladera dans des forêts, des donjons, de petites villes, des châteaux, des cryptes, le bord de mer, etc. L’architecture des bâtiments est intéressante et le ton des couleurs bien choisi.

Les animations de nos personnages sont crédibles et fluides. C’est également le cas de nos adversaires.

Les effets visuels rendent les combats bien dynamiques. C’est d’autant plus vrai si vous utilisez un mage qui va balancer de nombreux sorts. On verra, alors, pas mal de particules à l’écran et c’est très agréable à l’œil.

On n’évolue pas dans un monde ouvert. Il y a plusieurs endroits fractionnés que l’on pourra rejoindre via des portails. Où avec le voyage rapide, une fois le lieu découvert. On reste cloisonné, car on ne peut pas déambuler dans de grands espaces. Ce sont plutôt des couloirs étriqués. Cela ne m’a pas gêné et c’est mieux que les grands espaces vides de l’opus précédent.

Le level-design est agréable et intéressant. Parce que c’est varié et on retrouve de la verticalité par endroits. Les différents lieux s’agrandiront avec le temps, durant la plus grande partie de notre quête. Il y a des allers-retours, mais on ne verra pas toujours la même chose.

Un hameau pourra se construire, les gens reviendront lorsque l’on aura nettoyé le secteur, par exemple. On devra résoudre divers petits puzzles (rien de fou) afin de débloquer un nouveau passage. Ou bien encore, déployer une échelle dans le but de se créer des raccourcis.

Au niveau sonore, les bruitages crédibilisent bien l’action. Le rendu est cohérent et efficace. Les doublages sont, eux aussi, convaincants. Il y en a vraiment beaucoup, donc c’était important que cela soit maîtrisé et c’est bien le cas. En français, c’est bon, mais en anglais, c’est, je pense, probablement encore meilleur.

Les musiques, je suis moins emballé. Le thème original composé par le duo Hans Zimmer et Lorne Balfe est sympa. Mais le reste est assez terne pour moi. Cela manque de morceaux épiques durant les combats et de musiques contemplatives durant nos pérégrinations. Cette bande originale, pourtant chapeautée par des pontes, ne m’a pas immergée totalement dans cet univers.

Je n’ai pas rencontré de bugs durant mes parties. Il y a bien eu quelques crashs windows, à chaque fois au lancement d’une cinématique. Mais ce n’était pas fréquent (heureusement). Un titre bien finalisé.

Des combats dynamiques, mais qui manquent de stratégie

On ne peut que contrôler Rook, notre personnage, et être accompagné de deux compagnons à la fois. Ce qui n’est pas tout à fait le même fonctionnement que les anciens Dragon Age.

Lors des affrontements, nous sommes la cible de tous les tirs à distance. Il y a bien quelques interactions entre les autres pnj, mais nos acolytes ne font presque pas de dégâts et ne semblent pas pouvoir mourir. À nous tout le boulot donc !

Les mages constituent logiquement des classes de soutiens ou d’attaques à distance. Comme les voleurs, si vous utilisez un arc (ou une arbalète). Mais, ces derniers peuvent aussi évoluer au corps à corps avec leurs dagues. Tout comme les guerriers avec leurs armes plus puissantes.

Le choix de notre classe est important, car on ne peut pas en changer. Ni même switcher et contrôler un de nos partenaires.

On devient vite cloisonné dans nos actions. Nos partenaires peuvent utiliser trois sorts différents que nous déclencherons en mettant le jeu en pause. Ce n’est pas énorme, mais de toute façon, on utilisera toujours le même. En effet, il n’y a qu’une stratégie possible et pas de synergie complexe à trouver.

Un personnage crée un point de faiblesse et l’autre fait plus de dégâts sur ce même point. Il y a un cooldown avant de pouvoir relancer un sort. Donc, on utilisera en boucle le seul combo que propose le jeu. L’autre sort utile est de se soigner via un partenaire.

On tourne vite en rond. Les affrontements se ressemblent, car on fait pendant 60 heures la même chose. Il n’y a pas beaucoup de variété. Toutefois, c’est très dynamique vu qu’on est la cible constante à abattre. On devra utiliser sans cesse la roulade pour esquiver les tirs ennemis ou leur charge. Durant le temps de répit, on effectue le combo et on tire (de loin) à tout-va ou bien on tranche à tout-va au corps à corps selon la classe choisie.

Je regrette de ne plus pouvoir switcher et incarner un de mes partenaires. Cela réduit considérablement la variété des affrontements qui ne sont donc pas très stratégiques. Cela reste plaisant si vous aimez l’action frénétique. J’ai pris du plaisir à fracasser de l’engeance, car c’est bien dynamique. Mais cela peut devenir répétitif et c’est très loin de ce que propose Baldur’s Gate III avec son système qui gère parfaitement la magie élémentale. Et qui permet de combiner et d’accroître les dégâts en parfaite harmonie avec les éléments du décor.

L’IA de nos ennemis n’est pas des plus poussés. Ils font de gros dégâts, mais ils ont surtout tendance à foncer dans le tas sans réelle stratégie de contournement et autres. L’idée est de vite se débarrasser des ennemis qui attaquent à distance pour ensuite se coltiner les grosses bestiasses. On peut moduler un peu la difficulté, mais ce sont en plus de belles barriques de point de vie (selon le niveau de difficulté sélectionné).

On regrette également le manque de diversité du bestiaire. Il y a 3-4 factions adverses différentes. Elles ont 2-3 membres chacune. Ce qui fait que l’on tourne pendant des dizaines d’heures contre 10-12 ennemis différents. Je ne compte pas les boss de types dragons qui sont amusants (bien qu’assez similaires aussi au final).

On notera, par ailleurs, que plusieurs ennemis apparaissent abruptement sur la map. Ok, on va dire qu’ils maîtrisent tous la téléportation, mais ce n’est pas top en 2024.

La durée de vie est imposante : 60 à 80 heures pour tout finir. On retrouve la mission principale, celles de nos compagnons ainsi que celles des factions. La boucle est toujours la même : des combats et du blabla, on retourne à notre hub (une tour), des phases de blabla et on retourne au combat.

Pour autant, j’ai pris plaisir à faire cela tout au long. Je ne recommencerai pas avec une autre classe. Ou pour voir les autres fins. Et j’aurais probablement tout oublié d’ici à quelques mois.

Dragon Age : The Veilguard  fait suite à Inquisition dans le scénario et plus globalement dans son gameplay. L’aire de jeu est plus réduite, mais c’est un bon point, car les zones sont bien mieux gérées maintenant au niveau de leur variété et de leur crédibilité. Il y a bien plus de vie.

Les combats ont été encore plus simplifiés. On peut réaliser moins de choses en ne dirigeant que notre personnage. Tout est axé sur l’action pure et dure. Il n’y a rien de stratégique là-dedans. C’était déjà le cas dans Inquisition et on se consolera par le fait que c’est très bien géré et extrêmement dynamique. Même si certains pourront trouver cela répétitif à la longue. Le fait que le bestiaire soit si restreint n’aide pas.

L’histoire se laisse suivre agréablement, même si l’écriture laisse à désirer. Je regrette que tout soit autant aseptisé. Notre personnage ainsi que nos compagnons sont tous des bisounours sans aspérités qui débordent de gentillesse dans un univers de dark/high fantasy…

On est loin des grandes heures de Bioware en la matière.

Je n’ai pas spécialement apprécié ma montée en niveau en ce qui concerne le développement de mon build. Les sorts, ok, mais les mécaniques du matos, ce n’est pas terrible du tout. Encore un truc très simplifié et aseptisé.

Au niveau graphique, le titre tient la route. Cela ne constituera pas une claque graphique. Mais les décors sont variés, vivants, et artistiquement bien retranscrits. La direction artistique est convaincante et le level-design de qualité.

Je suis donc mitigé, Dragon Age : The Veilguard  ne constitue pas un grand jeu de rôle, mais plutôt un bon petit jeu d’action. J’aurais préféré plus de profondeur dans les diverses mécaniques de jeu. Mais cela se laisse jouer agréablement le temps de l’aventure.

Points positifs
  • Durée de vie
  • Graphismes soignés
  • Direction artistique
  • Double français et anglais de qualité
  • Level-design
  • Un jeu d'action maitrisé
  • Emmrich
Points négatifs
  • Champion incontesté du premier temps de chargement des shaders
  • Pas de stratégie
  • Des combats pouvant être répétitifs
  • On ne peut contrôler que notre personnage
  • Des dialogues mièvres
  • Nos choix n'influent que trop rarement
  • Un monde de Bisounours
  • Le développement de notre matos est naze
  • Bestiaire restreint