Test de SHINOBI: Art of Vengeance

SHINOBI: Art of Vengeance débarque après une quinzaine d’années d’absence pour la série, ramenant Joe Musashi sur nos écrans. Édité par SEGA et développé par LizardCube, ce titre revisite les racines arcade des années 80 avec une touche contemporaine. Les épisodes classiques avaient déjà posé les bases d’un shinobi solitaire face à des hordes démoniaques et ce retour tant attendu suscite une curiosité légitime. Le jeu parvient-il à insuffler une fraîcheur bienvenue à un genre saturé de reboots nostalgiques ? Où l’on attend des combats fluides et des niveaux qui challengent sans frustrer ? Parvient-il à combler les attentes des fans du genre ? Et des plus néophytes ? Éléments d’explication et verdict ci-dessous.

SHINOBI: Art of Vengeance

Image de SHINOBI: Art of Vengeance sortira de l'ombre fin août

Le jeu se pose comme un action-platformer 2.5D pur jus, mâtiné d’éléments metroidvania pour l’exploration et le déblocage de pouvoirs.

On y incarne Joe Musashi, le shinobi emblématique, dans une quête de vengeance qui déroule sur une dizaine d’heures en ligne droite, mais qui peut facilement s’étirer à quinze ou vingt avec les quêtes secondaires et les collectibles pour upgrader son arsenal.

Le thème central tourne autour de la revanche personnelle dans un Japon fantastique mâtiné de touches cyberpunk, où des corporations maléfiques côtoient des démons ancestraux. L’époque narrative oscille entre traditions ninjas et menaces modernes.

C’est du solo pur et dur, sans la moindre once de coopération ou de multi, ce qui colle parfaitement à l’esprit d’un shinobi errant. Pas d’écran partagé ni de modes en ligne : on avance seul, face à des niveaux linéaires, mais parsemés de secrets.

Le monde se déploie en une série de stages thématiques, d’une taille modérée, mais dense. On va déambuler dans des villages en flammes, des ports grouillants de yakuza high-tech ou des temples enfumés, sans jamais verser dans l’immensité ouverte des metroidvanias purs.

La carte n’est pas un hub géant, mais une succession de niveaux interconnectés, encourageant les allers-retours pour déployer de nouvelles zones une fois les upgrades en poche.

Côté éditions, la version standard se négocie à 29,99 € en France. Une Digital Deluxe Édition monte à 39,99 €, ajoutant un pack de démarrage avec devises in-game, un artbook numérique et une bande-son exclusive, plus un stage bonus (prévu pour l’année prochaine) opposant Joe à des boss inspirés de vilains Sega comme Dr. Eggman.

Le level design enchaîne des zones de parcours avec des sauts précis et des pièges qui récompensent l’observation et des zones de combats. C’est assez varié, très fluide et plutôt bien maîtrisé. Ce monde est très cohérent.

Une histoire de vengeance

L’intrigue de SHINOBI: Art of Vengeance s’ouvre sur un bain de sang : le village du clan Oboro est ravagé par les forces de l’ENE Corporation. Seul survivant, notre bon Joe Musashi jure de venger les siens, aidé de son fidèle chien Yamato et d’une mystérieuse alliée aux pouvoirs occultes.

En tant que revival de la franchise, on retrouve le personnage inchangé dans son essence depuis Shinobi III en 1995 ou le dernier opus de 2011. Mais, le monde a gagné en densité cyber-fantastique, avec des corporations remplaçant les démons purs des origines.

La quête nous mène à travers un archipel japonais ravagé dans lequel on va démanteler les opérations de l’ENE tout en affrontant des sbires surnaturels et en levant peu à peu le voile sur la trahison qui a scellé le sort de notre clan.

Cette trame est assez linéaire et plutôt prévisible. Notre personnage évolue d’un mentor paisible à un justicier impitoyable, hanté par des flashbacks qui humanisent sa rage.

Les relations secondaires sont peu détaillées. On ressent bien une empathie pour Musashi, forgée par des cutscenes qui montrent sa vulnérabilité sous le masque stoïque, mais les antagonistes secondaires peinent à marquer les esprits.

La narration s’appuie sur des cinématiques hand-drawn qui rappellent un manga animé en temps réel. Les expressions faciales capturent la tension intérieure de Joe, avec des micro-mouvements qui rendent les dialogues percutants. J’ai choisi le japonais pour plus d’immersion et ce doublage est remarquable.

La toile de fond est donc assez solide pour le genre. Mais c’est quand même assez sommaire et donc vite oubliable pour les amateurs de récits nuancés. En effet, ce n’est pas un jeu narratif, mais bien d’action.

Une direction artistique de toute beauté

SHINOBI: Art of Vengeance brille par sa direction artistique, un monde dessiné à la main qui transforme chaque pixel en coup de pinceau vivant.

Les graphismes captivent dès les premières minutes, avec des environnements qui se renouvellent à un rythme soutenu : on passe de villages en cendres aux docks pluvieux d’une métropole néo-Tokyo, en enchaînant sur des grottes luminescentes et des forêts embrumées, sans jamais retomber dans la répétition. Les lieux varient en texture et en échelle, des ruelles étroites piégées aux panoramas épiques de temples perchés, créant un sentiment de voyage constant qui ancre l’immersion.

Les textures sont d’une grande netteté avec des détails comme les reflets sur les flaques ou les fissures dans les statues maudites.

La gestion des lumières dynamise l’ensemble : des éclats de néons cyberpunk qui percent la brume nocturne aux lueurs spectrales des esprits invoqués, en passant par les explosions de ninjutsu qui illuminent les arènes sombres.

Les effets spéciaux comme le brouillard, les gerbes de sang stylisé en 16-bit, ou encore les ondes de choc lors des combos sont fluides et impactants. Mais ils n’ajoutent pas de surcharge visuelle qui pourrait gêner la lisibilité en plein chaos. C’est net, fluide, rapide et précis.

Les personnages bénéficient d’animations souples pour les esquives acrobatiques, de ragdolls qui volent de manière crédible lors des uppercuts, et d’ennemis variés, des samouraïs ronins aux drones spectraux qui réagissent avec une physique organique.

Le monde respire une crédibilité poétique, un Japon mythique croisé à un futur dystopique qui s’immerge sans effort, grâce à un design qui privilégie les silhouettes iconiques et les couleurs saturées pour un look à la fois rétro et intemporel.

Côté son, le sound design claque : chaque lame qui tranche l’air ou kunai qui siffle ponctue les assauts avec une satisfaction viscérale. J’ai déjà évoqué les doublages en japonais excellents. Tandis que la musique, un mélange de synthés 90’s et de flûtes traditionnelles, pulse au rythme des niveaux sans jamais lasser.

L’optimisation est impeccable. Le titre tourne comme un rêve sur des configs modestes avec un framerate uncappé et stable qui s’envole. Je n’ai rencontré aucun soucis ou bugs : ce qui devient malheureusement très rare de nos jours.

Une danse fatale entre Précision et Exploration

Avec SHINOBI: Art of Vengeance, on passe son temps à trancher, sauter et explorer. La prise en main est instinctive avec le stick pour les déplacements fluides et les boutons pour effectuer des combos basiques et des dashs aériens.

Mais la courbe d’apprentissage grimpe au fil du temps afin de bien internaliser les timings précis des sauts et les différentes actions d’exploration et d’actions que l’on sera mené à effectuer.

La progression suit une boucle satisfaisante. On débute avec un kit basique et on va débloquer de nouveaux outils, armes et compétences transformant les niveaux en puzzles dynamiques. Le tout se renouvelle bien durant toute l’aventure.

Le ressenti général est très bon. C’est additif avec un flow excellent qui enchaîne les pics d’adrénaline sans temps mort. Le petit aspect metroidvania fonctionne bien. On apprécie les backtracks pour revisiter un niveau avec un nouveau pouvoir. Cela ajoute de la rejouabilité sans forcer la main, car on n’est pas obligé de le faire, même si c’est bien rémunérateur. L’exploration est encouragée et bien récompensée pour le style de jeu.

Sur la durée, le gameplay évolue bien : les premiers actes misent sur la survie brute, puis on gagne en mobilité et en variété offensive, évitant la stagnation grâce à des arbres de compétences modulables.

Comparé aux opus antérieurs, c’est un bond en avant : adieu les niveaux scriptés des années 80, bonjour une structure semi-ouverte qui procure plus de liberté, sans renier les racines arcade.

L’équilibre est bon avec des défis old-school, une plateforme nerveuse et des combats satisfaisants.

Le cœur battant d’un Shinobi en furie

Les affrontements tournent justement autour d’un système combo qui transforme chaque escarmouche en duel chorégraphié. On assène des slashes rapides pour briser les gardes, on enchaîne avec des aerial pour juggler les ennemis et on déclenche enfin (lorsque le besoin s’en fait sentir) des ninjutsu comme des boules de feu ou des tornades spectrales afin de faire un maximum de dégâts à de gros groupes.

On devra gérer une barre d’esquive qui se recharge sur les parades réussies. Les armes se varient bien : katana pour le close combat, kusarigama pour les fouets à distance ou bombes fumigènes pour les fuites tactiques. S’ajoutent à cela des pouvoirs upgradables puissants qui varient les plaisirs.

Le ressenti est très plaisant. C’est fluide et bourrin quand on spamme les hordes, mais beaucoup plus stratégique face aux élites ou aux boss. On devra apprendre et anticiper leurs patterns.

Sur la durée, ça évolue intelligemment : les premiers combats sont des tutos déguisés, puis les ennemis gagnent en IA agressive, forçant à mixer les affrontements en close et en ranged. Tandis que les boss finaux proposent des duels sympathiques. Cette variété constitue un ballet fatal qui évite la monotonie avec une difficulté qui punit les erreurs, mais sans que cela devienne du die&retry.

 

SHINOBI: Art of Vengeance réunit un revival visuellement somptueux, un gameplay fluide teinté d'exploration et des combats qui font vibrer, le tout étant très bien optimisé


L'histoire n’est pas très poussée, elle sert surtout de carburant à une aventure qui honore les aînés sans les singer et qui trouve son équilibre entre nostalgie et modernité.

Joe Musashi est affûté comme jamais. C’est pourquoi on le conseille sans hésiter aux joueurs friands d'action-platformers nerveux

 

Points positifs
  • Visuels hand-drawn époustouflants
  • Très bien optimisé
  • Combats bourrin et profonds
  • Rejouabilité via combos et upgrades
  • Plateforme précise et fluide
  • Doublage japonais excellent
  • Durée équilibrée avec des secrets pour prolonger l'expérience
Points négatifs
  • Histoire convenue, sans twists mémorables ni personnages secondaires fouillés
  • Difficulté qui spike sans toujours prévenir