Test de Platypus Reclayed

Platypus Reclayed refait surface vingt-deux ans après l’original. C’est développé par Claymatic Games qui s’occupe aussi de l’édition numérique pour cette version revisitée. Le premier Platypus avait su charmer par son style shoot ’em up déjanté et son esthétique claymation unique. On attend donc de ce retour qu’il ravive cette folie sans se perdre dans les méandres des remakes trop lisses. Ce titre parvient-il à offrir une expérience nerveuse qui colle aux envies d’un public nostalgique tout en attirant les curieux d’aujourd’hui ? Éléments d’explications et verdict ci-dessous.

Platypus Reclayed

Image de L’icône du shoot’em up en pâte à modeler renaît avec Platypus Reclayed

Il s’agit d’un shoot ’em up à défilement horizontal. Avec une durée de vie compacte qui se boucle en une à deux heures pour une run principale. Mais qui s’étire grâce aux modes de difficulté et à la rejouabilité pour chasser les high scores.

Le thème tourne autour d’une invasion absurde : Colossotropolis, une mégalopole tentaculaire, déborde sur le territoire voisin de Mungola, forçant ses habitants à riposter avec un escadron de chasseurs faits main.

Aux commandes d’un chasseur emblématique, le F-27 Platypus ou ses variantes, on enchaîne les assauts pour repousser les envahisseurs. C’est donc une boucle simple en cinq actes, sans dialogues ni personnages centraux à incarner. Notre pilote anonyme symbolise la résistance.

Il n’y a pas réellement d’histoire et il en va de même de la narration. Qui est « racontée » via les niveaux eux-mêmes. Globalement, cette approche séduit par sa brièveté engageante, évitant les longueurs pour se focaliser sur l’action immédiate. 

L’époque est un futur kitsch des années 80, imprégné d’une vibe rétro-futuriste où les aliens et les explosions prennent des airs de stop-motion artisanale. C’est du solo, mais avec un mode coop uniquement en local simultané pour deux joueurs.

La version standard se trouve à 14,79 €. Il y a également une édition deluxe comprenant la bande-son et un artbook.

Le level design ne brille pas vraiment. C’est assez redondant, avec quelques bâtiments au sol à détruire de temps en temps ou quelques rares tourelles. Je joue en même temps à Earthion, un titre similaire, mais qui propose plus de variété sur ce point. 

Platypus Reclayed est très linéaire avec des niveaux construits exactement sur le même principe. En plus, esthétiquement, cela ne se renouvelle pas trop non plus. Car on enchaîne cinq zones plus ou moins identiques visuellement avant de passer au monde suivant. J’aurais préféré qu’ils se régénèrent plus, puisqu’on peut ressentir un peu de monotonie à la longue.

Ce design priorise l’intensité sur l’étendue avec de courtes sessions sans temps mort. Parce que, heureusement, les ennemis, eux, s’enchaînent vite et bien.

Une direction artistique en pâte à modeler

Platypus Reclayed se démarque par son esthétique claymation entièrement refondue en 4K, où chaque sprite est une photo artisanale de modèles en argile scannés et édités.

Les graphismes vibrent d’une palette colorée. Les environnements ne se renouvellent pas trop pour moi, car les mondes comportent trop de zones (cinq) identiques. On va retrouver des champs ondulants de Mungola avec herbes folles et fruits flottants, des nuages tourbillonnants parsemés d’oiseaux mécaniques, un archipel volcanique rougeoyant de laves et de grottes fumantes ainsi que les rues bondées de Colossotropolis.

Les textures capturent la rugosité organique de l’argile, avec des détails fins et bien détaillés. La gestion des effets de lumières est sympathique au niveau des reflets sur les surfaces mates. Les explosions en gerbes colorées (ou pas) sont rigolotes, toujours animées en claymation.  

Seuls les projectiles ne sont pas en pâte à modeler. Ils laissent des traînées de missiles à tête chercheuse ou des boules de feu crépitantes du plus bel effet. L’action reste claire et bien lisible.

Notre vaisseau glisse avec des animations fluides. Tout cela forme un tour visuel cohérent, immersif dès les premières secondes. Ce n’est pas une claque visuelle, mais cela rend bien plus joli en jeu que via des screenshots.

C’est vraiment sur ce point que le titre se démarque, car ce n’est pas si courant que cela de voir de la pâte à modeler de partout. Cette direction artistique forge un monde crédible où l’argile rend tangible un univers kitsch et destructible, facile à plonger dedans pour son charme handmade qui tranche avec le polish numérique habituel.

Côté ambiance sonore, le sound design pulse avec des impacts claquant comme de la pâte à modeler écrasée, des vrombissements de moteurs qui montent en crescendo. La BO est un OST remixé des années 80 (synthés funky et beats électroniques) qui accompagne les rushes sans faiblir. Même si elle ne m’a pas captivée plus que cela à titre personnel.

Pas de soucis au niveau de l’optimisation. Aucun souci ou bug à signaler.

Un gameplay dynamique

On pilote donc un chasseur agile d’argile à travers des vagues d’ennemis, en ramassant fruits et pièces pour augmenter notre score et gagner des vies extra.

On peut sélectionner un vaisseau au départ : équilibré, défensif ou offensif pour adapter son style de jeu. Cela ne change fondamentalement pas grand-chose, il aura juste plus de résistance ou fera plus de dégâts.    

Les règles sont simples : un tir principal constant et des power-ups temporaires (de 30 secondes). On trouve de tout, comme des bombes, des missiles guidés ou des lancers de poissons explosifs et de hot-dogs ! Ouais, ces bonus loufoques surprennent un peu au début, mais on n’y fait vite plus trop attention.

La prise en main est immédiate, surtout en mode facile qui accorde plus de vies et réduit les one-hit-kills, avec une courbe d’apprentissage courte : on saisit les bases en un niveau, puis des sessions plus longues pour optimiser les armes.

Le ressenti est sympathique, mêlant action frénétique et tactique légère : bourrin pour les nettoyages rapides, mais plus stratégique en anticipant les patterns bullet-hell des hordes, où une mauvaise position coûte une vie. Si on se fait toucher, on perd notre power-up et après la vie. Le titre dispose d’une grosse dose de scoring. Car toutes nos actions permettront (ou pas) d’augmenter notre score final. Par contre, il n’y a pas de leaderboard en ligne, ce qui en diminue nettement l’intérêt.

La progression passe par ces choix de vaisseaux et la collecte, sans arbre de compétences permanent, mais avec des unlocks de niveaux en difficulté supérieure.

L’aventure est dense et courte, amusante du début à la fin, sans réel creux. Je ressens de la monotonie à cause du level-design inexistant et des mondes qui proposent trop de zones visuellement identiques. Mais le rythme, lui, est effréné avec pas mal d’ennemis et de projectiles à esquiver.

Cette simplicité récompense la pratique sans grind excessif. Il y a un manque de variété, car le gameplay est assez basique et ne se renouvelle pas spécialement. Mais on s’y amuse grâce à son punch réactif et son humour visuel.

Cela plaira davantage aux fans de shmups old-school cherchant du challenge pur et vivant pour le scoring. Les autres risquent de trouver cela un peu trop basique après les premières runs.

 

Platypus Reclayed se classe comme un shoot 'em up claymation qui honore son héritage. La direction artistique handmade immersive constitue une particularité sympathique du titre.

Le gameplay est punchy, plutôt taillé pour de courtes sessions addictives. Il répond aux attentes des amateurs de rétro en offrant de la nostalgie accessible, tout en charmant les novices via son gameplay très accessible. Même si sa durée compacte peut laisser les fans de marathons sur leur faim.

On le conseille comme un petit plaisir pour les lovers de shmups même si sur la durée cela peut vite s’essouffler.

 

Points positifs
  • Visuels claymation uniques et vibrants en 4K
  • Gameplay accessible, mais exigeant
  • Fun et dynamique le temps de la session
  • Coop locale
Points négatifs
  • Durée plutôt courte
  • Level-design inexistant
  • Power-ups temporaires frustrants en phases denses
  • Manque de leaderboards en ligne pour la compétition
  • Pas de coop en ligne