Test de Kingdom Come: Deliverance II : Legacy of the Forge
Kingdom Come : Deliverance II : Legacy of the Forge débarque quelques mois après la sortie du jeu principal, pour prolonger l’aventure de Henry dans la Bohême du XVe siècle. Développé par Warhorse Studios et édité par Plaion, ce DLC se concentre sur un pan plus intime du rôle de forgeron, en écho aux racines artisanales du personnage. Dans un genre saturé de quêtes épiques et de combats frénétiques, ce retour aux sources artisanales arrive-t-il à offrir une bouffée de réalisme rafraîchissante ? À insuffler une vraie sensation d’accomplissement dans un open-world qui peut parfois manquer de repères personnels ? À combler les attentes des vétérans en quête d’un endgame plus tangible, tout en invitant les nouveaux venus à plonger dans un rôle-play plus domestique ? Éléments d’explications et verdict ci-dessous.
Legacy of the Forge

Il s’agit d’un DLC solo pour le RPG action en monde ouvert Kingdom Come : Deliverance II, ancré dans un Moyen Âge historique sans concessions.
Lancé le 9 septembre 2025, il propose une durée de vie d’environ 12 à 25 heures. C’est une fourchette peu précise, mais cela varie selon que l’on se contente de la quête principale ou qu’on s’attarde sur les tâches secondaires et les boucles de crafting répétables.
Le thème central tourne autour de l’héritage familial et de l’artisanat : Henry, le fils de forgeron du premier jeu, se lance dans la restauration d’une forge légendaire en ruines au cœur de Kuttenberg, la grande ville bohémienne qui sert de hub au second acte du jeu principal.
L’époque reste fidèle à 1403, avec ses tensions politiques, ses villages boueux et ses guildes corporatives, mais le focus ici est sur le labeur quotidien plutôt que sur les grandes batailles.

Henry évolue toujours comme un apprenti polyvalent, mais avec un accent sur les compétences de forgeron pour débloquer des quêtes de guildes et des améliorations. Le monde ouvert de Kuttenberg gagne en profondeur. La carte ne s’étend pas, mais elle s’étoffe : de nouveaux quartiers artisanaux émergent, avec des ateliers interconnectés et des zones périphériques pour la collecte de minerai. Ils prennent forme à travers les améliorations apportées à l’atelier et les interactions avec les artisans locaux.
C’est là que le DLC brille : il transforme l’open-world en un écosystème social, où bâtir sa réputation change littéralement le paysage urbain.
Legacy of the Forge s’affiche à 13,99 € en France en achat séparé. Il est compris dans l’Expansion Pass pour 29,99 € si on n’a pas encore les autres DLC.
Forger son histoire

L’intrigue de Legacy of the Forge s’entrelace habilement avec celle du jeu principal, se déroulant parallèlement au chapitre de Kuttenberg.
Henry, toujours ce jeune forgeron maladroit en quête de rédemption, reçoit une mission qui le ramène aux origines : restaurer la vieille forge où son père Martin a passé sa jeunesse comme apprenti, détruite par un incendie mystérieux des années plus tôt.
Ce qui commence comme une simple tâche en réparant les lieux et en forgeant des armes pour des nobliaux locaux, évolue en une quête personnelle sur l’héritage paternel, mêlant des flashbacks sur Martin à des intrigues de sabotage industriel.
On y croise de nouveaux alliés : un maître forgeron bourru, une apprentie espiègle qui devient une confidente inattendue, et des rivaux corporatifs qui forcent Henry à naviguer entre loyauté familiale et ambition sociale. Ces relations secondaires sont bien dosées, notre apprentie apporte une touche d’humour léger, contrastant avec la gravité des flashbacks, tandis que les nobliaux secondaires révèlent des failles humaines.
La narration, fidèle à l’esprit du jeu principal, mise sur une empathie viscérale pour Henry : on sent son hésitation face à l’ombre de son père, ce qui rend les moments de doute plus poignants que les triomphes.

Les cinématiques sont dynamiques, avec des plans serrés sur les flammes de la forge ou les mains calleuses d’Henry, alternant champs-contre-champs pour souligner les échanges tendus. Les animations faciales capturent bien les nuances, comme un froncement de sourcils dubitatif ou un sourire fugace de fierté.
Le doublage français est à l’image du jeu principal, c’est-à-dire qu’il vaut mieux passer à l’anglais ou au tchèque.
Cette nouvelle trame s’appuie sur les événements du jeu principal, notamment les relations qu’il a nouées, sa réputation en tant que forgeron et les conséquences de ses choix précédents. Le contenu du DLC explore davantage son héritage, ses origines et son rôle dans la société locale.
Kuttenberg est plus agitée par les tensions entre guildes et Henry a gagné en maturité, passant d’apprenti impulsif à artisan responsable.
Les flashbacks sur Martin ajoutent une couche émotive, reliant les opus sans alourdir. J’ai trouvé que cette intimité humanise encore plus notre personnage principal.
Les quêtes secondaires, bien que correctes, manquent parfois de profondeur, se résumant à des livraisons qui diluent le fil principal.
Ce n’est pas un DLC très narratif, mais l’histoire proposée se laisse agréablement suivre par sa simplicité touchante. Même si les mystères familiaux sont plus soulignés que totalement creusé.
Une esthétique forgée dans les braises du passé

Legacy of the Forge hérite des atouts visuels du jeu principal, avec des graphismes qui misent sur un réalisme granuleux plutôt que sur l’exubérance.
Les environnements de Kuttenberg s’enrichissent subtilement : les ruelles pavées gagnent en détails artisanaux, avec des fumées âcres s’échappant des fours neufs, des étals de minerai rouillés et des zones périphériques comme des carrières escarpées ou des clairières boisées pour la chasse aux ressources.
La variété est bienvenue : on va passer de l’agitation citadine aux grottes humides pour extraire du fer, en passant par des forêts brumeuses où les quêtes de livraison virent à l’embuscade.
Les textures sont denses et cohérentes, avec une usure crédible sur les murs de pierre et les outils rouillés, tandis que les skybox capturent les cieux bohémiens voilés de nuages bas, renforçant l’atmosphère oppressante.
La gestion des lumières excelle : les reflets dansants des flammes sur l’acier en fusion, ou les ombres projetées par les lanternes dans les ateliers sombres, ajoutent une profondeur organique.

Les effets dynamiques, comme la fumée âcre des forges ou les étincelles d’un marteau qui frappe, sont fluides, sans popping notable, même lors d’affrontements sporadiques où les explosions de poudre (pour les armes à feu primitives) crépitent avec réalisme.
Les personnages sont modélisés avec soin. Henry arbore des cicatrices accumulées, et les PNJ secondaires comme l’apprentie ont des animations naturelles, avec des ragdolls qui réagissent de manière crédible aux chutes ou aux coups, sans rigidité artificielle.
La direction artistique ancre le tout dans un Moyen Âge palpable : Kuttenberg respire l’authenticité, avec ses odeurs implicites de suie et de métal chauffé, invitant à une immersion dans laquelle l’on se sent artisan parmi les artisans. Cela rend ce monde très crédible et immersif. On y erre avec un sentiment d’appartenance, loin des open-worlds aseptisés.
Côté sonore, le sound-design est immersif : les frappes rythmées des marteaux, le crépitement des braises et les murmures des marchés créent une toile vivante. La musique, orchestrale et minimaliste, accompagne les moments de forge avec de lents thèmes mélancoliques.
L’optimisation reste un point maîtrisé de cette suite. Toutefois, j’ai croisé beaucoup plus de bugs qu’avec le jeu de base ou le premier DLC. Il y a encore du travail à effectuer sur ce point.
Un gameplay qui forge le respect

Dans Legacy of the Forge, l’essentiel se joue autour du cycle artisanat-quest : on commence par réparer la forge de base, en collectant minerais et bois et via des courtes expéditions dans les environs, puis on forge des objets pour remplir des commandes de guildes. Cela permet d’augmenter notre nouvel attribut, le prestige (une sorte de monnaie sociale).
Les règles sont simples : gérer son inventaire de matériaux, équilibrer le temps entre crafting manuel (mini-jeux de timing pour marteler l’acier) et quêtes de livraison qui intègrent du voyage à cheval ou à pied.
C’est amusant si on aime le concept grâce à cette routine méditative et à un ressenti satisfaisant quand une lame sort parfaite, boostant la réputation et débloquant des upgrades comme un atelier d’armurerie adjacent. Si vous aimez plus l’action, ce n’est pas un DLC qui mise sur le combat.
La prise en main est intuitive si on vient du jeu principal. Les mécaniques de crafting s’intègrent sans tutoriel lourd, et la courbe d’apprentissage est douce : on maîtrise les bases en une heure, mais perfectionner les items rares demande de la pratique, avec une progression linéaire via des perks qui améliorent la qualité ou la vitesse.

Ce qui fonctionne bien, c’est l’évolution du gameplay qui suit la progression de notre personnage. On passe d’un apprenti débordé à un maître qui gère un business, avec de nouvelles habilités comme l’embauche d’apprentis ou l’ouverture de sous-shops (armurerie, sellerie).
La progression est tangible : la forge grandit visuellement, de ruine à complexe florissant. L’aventure propose des quêtes uniques qui s’entremêlent à des tâches répétables pour l’endgame.
Notre forge constitue une amélioration nette ! Car cela manquait d’un home base et d’activités post-quête. On a maintenant tout ce qu’il faut à portée de main. Les vétérans y trouveront un prolongement naturel, même si les quêtes deviennent vite répétitives au bout d’un moment.
Tandis que les férus d’action risquent de s’ennuyer si le crafting pur ne les branche pas. C’est plus pensé pour les amateurs de simulation immersive.
En effet, les combats dans Legacy of the Forge restent très sporadiques, servant de ponctuation aux quêtes plutôt que de pilier central. On affrontera seulement des bandits lors de livraisons, des rivaux en duel formel ou des gardes suspicieux en cas de sabotage.
Legacy of the Forge s'impose comme une extension modeste, mais cohérente pour Kingdom Come: Deliverance II. Elle transforme un open-world épique en une simulation artisanale touchante, avec une quinzaine d'heures de quêtes qui creusent l'héritage de Henry sans dévier de la formule réaliste.
Le gameplay crafting apporte un endgame bienvenu, même si la narration et surtout les combats tactiques restent en retrait. Il comble les attentes des fans en quête de rôle-play quotidien, offrant un sentiment d'accomplissement domestique qui manquait au jeu de base. Mais déçoit les impatients d'action pure par sa lenteur contemplative.
- Personnalisation riche de la forge et de la maison, pour un vrai sentiment de propriété
- Histoire intéressante sur l'héritage paternel, avec des relations secondaires attachantes
- Boucle crafting satisfaisante, qui ajoute un endgame tangible au jeu principal
- Crafting répétitif après quelques heures, manquant de variété dans les mini-jeux
- Combats sous-utilisés, trop sporadiques pour impacter vraiment l'expérience
- Quêtes parfois déconnectées, diluant le fil narratif principal
- Pas mal de bugs