Test : F1 2010
Après s’être essayé aux voitures sportives sur des circuits en pleine ville avec GRID, après la boue et le sable à l’intérieur de votre voiture rallye dans DiRT, Codemasters ouvre une brèche dans un sport automobile qui n’était plus qu’un lointain souvenir sur PC, la Formule 1. En effet, le dernier jeu du genre digne de ce nom date de 2002, Grand Prix 4 et depuis il y a bien eu quelques tentatives mais sans succès. Il faut dire que c’est un sport bien particulier où les joueurs ont toujours tendance à vouloir beaucoup de réalisme, plus que dans un DiRT où nous lui pardonnons facilement tous ses aspects arcades. En reprenant les principes de GRID, Codemasters tente de contenter tout le monde avec son F1 2010.
« Codemasters devient la référence du genre »

Après une longue période de disette, F1 2010 arrive avec ses moteurs vrombissants, lorgnant volontiers sur la simulation, le jeu compte bien satisfaire tout le monde en prenant par la main les néophytes et en laissant libre les experts du genre. Un concept bien rôdé puisque Codemasters l’a travaillé en long et en large avec GRID. F1 2010 vous propose de vivre la carrière d’un pilote sur un maximum de 7 saisons sur les 19 circuits officiels du Championnat 2010, il va donc falloir se donner à fond pour égaler Schumacher. Surtout que F1 2010 veut se rapprocher le plus possible de la simulation sans pour autant noyer le joueur dans une mine d’informations, cela dit, le jeu se retrouve rapidement le cul entre deux chaises, accusant les mêmes défauts que son voisin GRID. L’expert apprécierait certainement d’avoir accès à plus de paramètres dans sa conduite et plus de réalisme dans certains comportements des Formule 1. Le néophyte qui ne toucherait pas les paramètres du mode facile et laisserait donc la gestion du freinage à l’ordinateur se retrouve rapidement en seconde partie du tableau au classement. Ce défaut était déjà présent dans GRID et l’on se demande bien pourquoi Codemasters s’obstine avec une telle option qui n’encourage absolument pas le joueur à s’améliorer. Après avoir pris vos marques, vous serez rapidement convaincu qu’il faut au moins jouer en mode moyen.

Ainsi chose faite, votre carrière prend un nouvel envol, la partie devient nettement plus intéressante. D’abord car le studio a fait de gros efforts pour nous confectionner une IA réaliste. Les pilotes sont bons et sont fidèles au niveau des vrais pilotes qu’ils représentent car il faut bien noter que F1 2010 est le jeu officiel du championnat de F1, les écuries, les sponsors et les pilotes sont donc les bons. Ils ont un comportement humain sur un circuit très réglementé, un dépassement ne se fait pas roue contre roue, il ne tentera pas de queue de poisson qui pourrait vous mettre en danger mais s’ils ont l’occasion de vous fermer la porte, ils le feront, bien que l’on aura souvent l’impression qu’ils suivent leur pathfinding sans trop tenter d’écart. Le réalisme n’est donc pas toujours au sommet de sa forme et le jeu souffre de bugs vraiment gênant, le joueur qui veut vivre le vrai nombre de tours, et les qualifications avant cela, devient vite fou, l’IA va vraiment vite lors des qualifications et il est difficile d’être en pôle position même après des heures et des heures de pratique. Heureusement, la situation n’est plus la même lors de la course mais cette fois, on découvre des départs tonitruants où il suffit juste d’appuyer comme un bourrin sur l’accélérateur pour faire un bon départ. Quelques tours plus tard, c’est le moment de l’arrêt au stand et l’on attend avec désespoir une vingtaine de secondes que l’homme à la sucette décide de nous laisser y aller. Quelques tours supplémentaires au compteur et par mégarde vous partez en tête à queue et aller dans le sable, le jeu vous avertira voire vous donnera une pénalité sous prétexte que vous avez coupé le virage alors que ce n’est pas le cas, on a vu mieux comme script. Le studio a aussi semble-t-il oublié d’ajuster le réalisme à la durée de la course, si vous ne faîtes que 10 ou 20% du nombre de tours réels, alors vous ne verrez quasiment jamais d’abandons ni d’accidents. Ceci s’explique probablement par la capacité de notre monoplace à encaisser les coups afin de convenir aux néophytes mais sans offrir de conditions réalistes pour les autres hormis l’usure même du véhicule qu’il s’agisse des pneus ou du moteur. Codemasters travaille actuellement sur un patch que nous accepterons bien volontiers afin d’offrir une expérience plus probante. Outre ces défauts majeurs et nuisibles, il y a quelques oublis gênants comme les temps intermédiaires qui ne sont pas affichés, voire mieux, communiqués par notre écurie. Celle-ci nous donne bien quelques informations comme lorsque le drapeau jaune se lève mais pas grand-chose hormis se moquer de nos résultats en qualification et féliciter nos prouesses en course. Pourtant, savoir ce qu’il se passe sur le circuit est fort utile si l’on veut gérer avec précision ses arrêts.
« Une ambiance excellente »

Si F1 2010 s’en sort globalement convenablement mais n’arrive pas à briller par son réalisme, son ambiance est au contraire excellente. La foule est active, les drapeaux flottent au milieu d’un public prêt à vous huer si vous avez un mauvais comportement sur la route où si vous fustigez allégrement les autres écuries. Les publicités sont crédibles puisqu’elles sortent tout droit de véritables campagnes publicitaires, un détail qui aide à l’immersion, mais c’est surtout les arrêts au stand qui sont criant de vérité ainsi que le dynamisme de la course elle-même. Les roues sur un vibreur et vous vous y croirez, les conditions météorologiques en mettent plein la vue et s’offrent le luxe d’être changeantes durant un parcours même s’il faudra là encore jouer le maximum de tours pour s’en rendre compte. La vue à l’intérieur de la monoplace saura aussi vous mettre dans l’ambiance et permettra qui plus est de se débarrasser d’un HUD encombrant en récupérant toutes les informations directement sur le tableau de bord hormis le tracé mais à quoi bon, celui-ci est un très mauvais indicateur puisque son échelle ne permet pas d’anticiper plusieurs virages, il faut alors privilégier ses propres connaissances du circuit.
En dehors des circuits, cette ambiance est perpétuée par les interviews, les rencontres avec votre agent et vos résultats. Car en mode carrière, il faut faire attention à tous ces éléments, ce que vous direz pourrait vous bloquer dans l’évolution de votre carrière, un coéquipier meilleur que vous limitera vos opportunités d’intégrer une meilleure écurie. De ce côté, c’est votre agent qui se charge de vous tenir informé des dernières nouvelles. Enfin et c’est le plus intéressant, au sein de votre garage, vous pourrez, avec votre ingénieur préparer votre Formule 1 à la prochaine course grâce à un bilan météorologique des derniers jours et les prévisions. Le réglage est complet et les plus fainéants pourront se tourner vers les sept profils présents par défaut pour se lancer plus rapidement sur la piste. Enfin, c’est aussi là-bas que vous aurez connaissance des nouvelles technologies produites par votre écurie et vous pourrez alors en profiter avant tout le monde, bien entendu, pour que cela soit possible, il faudra rapidement amener votre écurie à la victoire. Seul regret, c’est que ceci ne soit pas poussé davantage mais il faut bien à Codemasters quelques nouveautés à sortir de derrière les fagots pour son F1 2011.
« Une référence sans concurrence »
Codemasters nous offre avec son F1 2010 la nouvelle référence des jeux de course en monoplace mais l’absence de concurrence depuis plusieurs années favorise ce constat qui aurait pu être tout autre. Seul en lice, forcément, nous sommes moins exigeants et l’on accepte facilement les défauts du soft. La plus grosse interrogation avant l’achat est de savoir s’il s’adresse à nous, le studio a voulu satisfaire tout le monde mais en définitive, les puristes seront plus ou moins déçus entre les bugs gênants, le manque de paramètres et d’informations pertinentes, les amateurs du genre seront quant à eux troublés par cette assistance au freinage s’ils ne pensent pas à la désactiver, jeu de Formule 1 oblige, il faut déjà faire preuve d’un certain niveau dans les jeux de course pour réussir si l’on ne veut pas enchaîner les défaites, surtout, il faut être capable d’oublier son style arcade car même en mode facile, contrairement à NFS Shift, le jeu se veut relativement crédible et l’utilisation des flashbacks connus depuis GRID et DiRT ne compenseront pas toujours vos erreurs. En fait, seul le cœur de cible sera ravi de F1 2010, il s’agit de joueurs expérimentés qui apprécient les jeux de course arcade mais qui ne rechigne pas à une bonne dose de simulation, simulation génératrice d’une IA plus intéressante qu’à l’accoutumée, celle-ci ne se contentant pas de pouvoir rouler à 20km/h de plus que vous pour compenser son exécrable niveau de conduite. Malgré les défauts, le studio remplit sa mission, le jeu est plaisant et la majorité des joueurs seront convaincus à partir du moment où ils ont bien compris à quoi s’attendre. Un jeu réaliste mais pas trop, accessible mais pas trop, complet mais pas trop.