Test : Call of Duty – Black Ops
Les joueurs en parlaient sur les forums tandis que les frags allaient bon train sur la bêta pour d’autres. Tous les avis convergeaient vers le même point. Enfin Treyarch a pris contrôle de la licence Call of Duty, enfin le studio compte mettre à mal la suprématie d’Infinity Ward et son Modern Warfare dont le second opus donnait de bonnes raisons aux PCistes de le critiquer ouvertement. Alors qu’Infinity Ward, créateur de la série, bataille toujours contre l’éditeur Activision et que tout reste à faire pour Modern Warfare 3, Treyarch, le studio de Santa Monica vient titiller les cœurs des joueurs PC par un gameplay bien rôdé, que ce soit en solo ou en multi avec ce Black Ops qui pourrait bien rentrer dans le Hall of Fame des Call of Duty.
« Treyarch s’émancipe »

Call of Duty est une série un peu particulière développée par deux studios à la fois, les deux studios répondent à des délais stricts imposés par Activision. Cette année, c’est au tour de Treyarch de proposer ce qui est la septième itération de Call of Duty. Le studio ne compte pas renier ses précédents travaux inspirés de la Seconde Guerre Mondiale en continuant dans les conflits contemporains. Black Ops nous plonge cette fois-ci dans un contexte de Guerre Froide. Et si le jeu continue la coutume en faisant valser le joueur entre différents personnages, il y a quand même un personnage principal, Alex Mason, c’est avec lui que vous commencez. En pleine séance d’interrogatoire, il se trouve que c’est vous qui êtes assis et subissez plusieurs électrochocs lorsque vos réponses ne viennent pas. Au fil des questions, vous vous remémorez ce que vous avez vécu ces dix dernières années. Sorti des six heures de jeu, il n’y a plus aucun doute, ce nouveau Call of possède une intrigue en béton.

Soutenu par une mise en scène qui en met plein la vue, le scénario nous fait commencer dans la baie des cochons avant de nous envoyer au centre du conflit avec le Vietnam, dans la jungle laotienne, sur les toits de Hue dans la région de Hong-Kong mais aussi des lieux moins tropicaux comme sur un navire échoué en Antarctique ou le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. Black Ops nous fait voire du pays et des personnages connus comme le Président Kennedy ou le révolutionnaire Fidel Castro. Toute la difficulté pour le studio était de tirer d’un conflit fermé un scénario qui tienne la route et le pari est réussi. Treyarch arrive avec brio à mélanger les habituelles phases typiques de Call of Duty, la fuite en moto qui rappelle celle en jet-ski dans Modern Warfare 2. Dans le même temps, les développeurs ont fait l’affront de ne pas mettre l’inévitable séquence de sniping, comme pour fustiger Infinity Ward mais aussi EA avec son récent Medal of Honor qui a en grande partie copié la concurrence. Treyarch s’émancipe et ça fait du bien, le studio se permet même d’ajouter ses propres séquences, une phase en hélicoptère où vous êtes le pilote mais où vous ne gérez pas l’altitude. Et réemploie les technologies de l’époque pour des séquences connues de la franchise. C’est notamment le cas durant le vol en un SR-71 « Blackbird », célèbre pour être l’avion le plus rapide au monde et qui détient le record d’altitude, justement utilisé durant la Guerre Froide, ici, il ne s’agit que de guider un groupe armé au sol en leur évitant les ennemis présents en trop grand nombre.
Certes, il n’y a aucun changement radical et l’intrigue se perd parfois dans quelques incohérences mais le tout est porté par une mise en scène diablement efficace. Black Ops pousse le joueur à être le plus instinctif possible dans son comportement et cela amène un défaut, mise en scène oblige, les scripts sont présents à foison et quand notre instinct nous dit de courir alors qu’il faudrait bêtement rester coller aux basques de son coéquipier, rien ne va plus. Ceci étant dit, rien que par le nom du jeu, nous sommes prévenus, Call of Duty privilégie l’ambiance au prix d’une grande linéarité.
« Un gameplay rôdé »

C’est dans son gameplay que Black Ops fait plaisir aux PCistes, contrairement à son concurrent, le studio fait le choix du lean c’est-à-dire la possibilité au joueur de tirer sans sortir entièrement le corps de sa planque, en quelque sorte la marque de fabrique des vrais gamers pour ce type de gameplay. Treyarch a aussi pensé à ajouter la possibilité de plonger en bout de course pour se mettre à couvert comme nous le voyons communément dans les jeux où il faut interagir avec le décor pour se protéger. Pour le reste, rien ne change, notre santé remonte lorsque nous sommes cachés, recharger une arme alors que le chargeur n’est pas vide ne nous fait pas gaspiller de munitions, bref, tous les trucs pour rendre le jeu grand public. Ce n’est pas forcément un mal, d’une part car la série est comme ça et changer ce genre de chose pourrait être proche du sacrilège pour les fans et d’autre part car cela permet d’avoir un multi accessible pour les uns et suffisamment complexe pour les autres.
« Un multijoueur complet »

Il est d’ailleurs temps d’aborder le multijoueur. Mieux que moi, Kennedy et Fidel Castro vous présenteront le mode zombie dont il n’est pas nécessaire d’expliquer le but du jeu, notez seulement que vous ne pourrez contrôler les zombies comme dans un Left 4 Dead et qu’il s’agit seulement de survivre à un maximum de vague avec trois autres joueurs tout au plus, sur trois cartes qui possèdent plusieurs zones à débloquer. Rien d’exceptionnel, c’est simplement marrant et les personnages se permettent même de commenter l’action avec quelques répliques qui prêtent à sourire sans non plus nous tordre de rire. Seul, ce mode zombie n’est pas génial mais à plusieurs, le plaisir est bien là, dommage que la version PC ne se dote pas d’un jeu en écran splitté comme pour ses homologues console. Dans le même temps, un mode « Entraînement » est présent et propose toujours à quatre de jouer contre les bots dans les modes et sur les maps du multi, les habitués passeront rapidement sur cette partie mais les néophytes qui n’osent pas se lancer dans le grand bain du multijoueur pourront se faire les dents sur ce mode avant de faire le grand saut.
Le grand saut réalisé, nous passons au vrai multi, possédant 14 maps au level design relativement travaillé, Black Ops continue la lignée des Call of Duty. Au premier coup d’œil, nous voyons que le HUD ne s’engorge pas de sang lorsque l’on prend des balles et nous conservons dès lors toute visibilité, la carte se compose désormais de carrés comme à la bataille navale, ce qui permet de donner des informations plus rapidement à ses coéquipiers. Le multijoueur ne change pas transcendentalement et il s’agira toujours de choisir une classe et d’engranger un maximum de points d’expériences, de les utiliser dans l’acquisition de nouveaux skins, d’armes et de PERKS qui en plus de ceux connus comme « Fantôme » en voit quelques autres apparaître comme « Gilet par balles » qui permet de se protéger en partie des dégâts explosifs. Notons que le choix des PERKS de catégorie 1 influencent notre équipement esthétiquement parlant, mais bien maîtrisé, cela permet de voir rapidement quel est l’atout de son adversaire et pourquoi pas, prévenir son coéquipier que lancer une grenade ne sera pas rentable où qu’un autre ne sera pas visible au radar.
En ce qui concerne les killstreaks, il y a un mélange entre ceux que nous connaissions déjà qui sont parfois remaniés pour convenir à l’époque, l’UAV est remplacé par le Blackbird par exemple. Et des nouveaux telles que les batteries SAM et l’attaque au Napalm, l’apothéose vient après 11 victimes d’affilées et vous aurez alors le choix entre lâcher une horde de chiens sur vos ennemis, des chiens nettement plus costauds que ceux de World at War mais qui ne détecteront pas les fantômes PRO, ou bien vous pourrez opter pour prendre les commandes d’un hélicoptère de combat, le killstreak le plus dévastateur du jeu puisqu’il n’y a plus d’attaque nuke. Si les killstreaks sont toujours bien là à notre plus grand bonheur, les deathstreaks ont quant à eux été sommairement supprimés, les joueurs sont à nouveau récompensés seulement pour leur mérite.
« Des points COD au Wager Matches »

Enfin, Black Ops lance son propre système monétaire, chaque fois que les joueurs prennent part à une partie en ligne, ils gagneront des points COD, à la différence des XP, les points COD peuvent être dépensés quand le joueur le désire et comme il l’entend. Ce que nous ne pouvions auparavant débloquer que par la progression du joueur peut désormais être acheté, du killstreak à l’arme en passant par un skin. Il faut bien entendu avoir les moyens et vous pourrez donc fructifier cet argent en tentant un contrat. Il en existe trois catégories : Mercenaire, qui vous récompense pour votre capacité à éliminer vos adversaires, Opération, qui vous récompense pour votre bon comportement durant des parties en équipe. Dernière catégorie, Spécialiste, qui vous propose cette fois-ci des défis un peu plus originaux. Notez que quelque soit le contrat, il y a un temps imparti pour remplir les objectifs et Treyarch a décidé, pour ajouter un peu d’intérêt, de changer quotidiennement les défis qui seront proposés.
Le studio ne s’arrête pas là et les joueurs pourront se lancer dans des « Wager Matches » où vous mettrez vos points COD en jeu, la mise faite, six joueurs sont choisis aléatoirement et doivent combattre selon quatre modes de jeux différents et plutôt incongrus. Le premier est « balle chargé » où chaque joueur commence avec trois vies, son fidèle couteau et une arme contenant une seule balle, à chaque kill, le chargeur se remplit d’une nouvelle balle. Le second est « cailloux et bâtons », vos armes sont cette fois-ci une arbalète à carreaux explosifs et un tomahawk, l’idée de cette dernière arme étant de la lancer sur votre prochain et si vous faites mouche, la victime voit son score retomber à zéro et le premier peut donc en un kill retourner en bas du classement. Le troisième mode est « Jeu d’armes », à chaque kill, vous changez d’arme et vous devez tuer avec les 22 armes présentes en prenant garde à ne pas se faire tuer au couteau car celui-ci vous rétrogradera d’un niveau et vous obligera à tuer à nouveau avec l’arme précédente. Enfin, le dernier mode est « Tireur d’élite », votre arme change toute les 45 secondes et les killstreaks sont ici possibles, il faut bien gérer son chronomètre pour éviter les surprises. A la fin de chaque Wager Matches, les trois meilleurs récupèrent leur mise et se partagent celles des trois perdants.
« Treyarch a frappé fort »

Le tour d’horizon terminé, que retenir de ce Call of Duty : Black Ops, et bien Treyarch a enfin pris les rennes de la licence. La campagne solo malgré quelques incohérences nous scotche complètement à notre siège. La mise en scène proche des grands films du cinéma d’action est maîtrisée et le gameplay, malgré l’absence de grandes nouveautés, est solide. Il n’y a que graphiquement que le jeu commence à accuser le coup, le moteur graphique faiblit sous le poids des années sans être laid non plus, mais il y a quelques textures fadasses et certains meshes sont ratés, rien de bien méchant et dans le feu de l’action, nous n’avons pas le temps de s’arrêter sur ces détails. Treyarch gagne ses galons grâce au multi qui peut se vanter d’avoir des serveurs dédiés contrairement à Modern Warfare 2. Reprenant les modes que tout bon multi doit posséder et ceux de la licence Call of Duty, en faisant renaître le mode zombie et en ajoutant les Wager Matches, le studio donne tout ce qu’il faut aux joueurs pour rentabiliser au mieux son achat. Le studio suit de près son bébé et a déjà publié un patch, nécessaire, puisque les performances en multi tombaient souvent au ras des pâquerettes. Seules ombres au tableau, sa courte durée de vie solo pour les joueurs qui n’aiment pas le jeu en ligne, l’ajout d’un écran splitté pour le mode zombie aurait en partie évitée ce défaut. Et des bugs sur le multi vraiment gênants, la hitbox n’est pas terrible et l’on peut tirer à travers tout un tas de meshes. Mais qu’on se le dise, Treyarch a frappé fort cette fois-ci, le studio ne se contente plus d’être suiveur, il veut être leader de la franchise. En ces temps troublés pour Infinity Ward, c’est du pain béni pour le studio de Santa Monica.