Jeu vidéo / Risen 2 : Dark Waters

Date de sortie
Développeur
Piranha Bytes
Éditeur
Deep Silver
Moteur
-
Mode de jeu
Type de jeu
RPG
-
Jaquette PC de Risen 2 Dark Waters

Test de Risen 2 Dark Waters

Piranha Bytes vogue vers de nouveaux horizons, en sa compagnie, une flanquée de pirates et de forbans. Kraken et poupées vaudou sont de la partie pour cette suite qui nous plonge en eaux sombres. Les titans se sont réveillés et le héros sans nom va justement devoir s’en faire un. Faut-il laisser Risen 2 : Dark Waters piller votre fortune ? J’ai peut-être la réponse !

Fausse suite de Risen

Risen 2 Dark Waters - Screenshot 23
Patty est pas loin d'être encore plus moche que dans Risen

Risen 2 prolonge l’histoire en nous plaçant dix ans après les évènements de Risen sur l’île de Faranga. Souvenez-vous de ce combat acharné qui ne faisait appel à aucune de vos compétences pour vaincre le Titan de Feu, cela vous a permis de devenir un officier de l’Inquisition. Malheureusement, la Déesse Mara, celle qui chapote un peu tous les titans, n’a pas vu cela d’un très bon œil et a décidé de réveiller d’autres titans. Comme un pirate sommeille en vous, vous cédez à la meilleure des solutions, vous sombrez dans l’alcool. Pas n’importe lequel, le rhum. Ce délicieux breuvage va vous éloigner de l’Inquisition dont le Haut Conseil ne vous a clairement plu à la bonne (déjà que vos relations étaient houleuses avec ces aristocrates) et c’est un bateau, pulvérisé par le Kraken, que va venir l’espoir. Sur la plage, vous allez sauver Patty que vous aviez déjà aidée sur Faranga. Deux nouvelles : elle est toujours moche et elle sait comment tuer les titans. Enfin, son père, le Capitaine Steelbeard (plus sympa en anglais qu’en français), sait comment. Ni une ni deux, vous débarquez sur le comptoir de Tacarigua avec l’étiquette de pirate à la recherche du père de Patty.

Risen 2 Dark Waters - Screenshot 24
Les coups de grâce ne sont pas terribles

Avec Risen 2, l’intrigue prend de l’ampleur grâce à des personnages plus fournis. Mais ce que l’on gagne d’un côté, on le perd au niveau de la qualité des quêtes. Dans Risen 2, vous voguez d’île en île plus petites que Faranga (mais plus grandes mises bout à bout) avec une certaine linéarité. D’abord une première phase longuette où il s’agira de faire du bashing en compagnie de Patty (si vous jouez en difficile), c’est l’occasion d’introduire le jeu. Puis une seconde phase qui permet, avec toute l’expérience accumulée, de découvrir les subtilités du jeu. Et enfin, la troisième phase qui vous donne l’illusion du choix, en fait, vous déciderez par quelle île continuer l’aventure mais dans tous les cas, vous les visiterez toutes (à une exception près). Chaque île à sa quête principale en quelque sorte mais il n’y a plus ces quêtes secondaires capables de surpasser votre objectif de départ comme cela pouvait être le cas en visitant le Port de Faranga dans Risen par exemple. Vous n’avez pas non plus de choix cornéliens à faire, même le choix d’une faction à des conséquences très faibles, en général, c’est simplement sur les techniques que vous pouvez apprendre. Bien sûr, histoire de n’avoir aucun regret, il s’agit des techniques les plus puissantes, si bien qu’avec un peu de skill, ne pas les avoir ne posera aucun problème. En définitive, nous ne sommes pas vraiment libres et les phases d’explorations sont ternies par un gameplay mal pensé.

Oldschool ou consoleschool ?

Risen 2 Dark Waters - Screenshot 25
Ce Titan fait en réalité moins peur qu'un crocodile

Quand nous pensons à un RPG signé Piranha Bytes, le premier mot qui vient à l’esprit, c’est gameplay. Or, dans Risen 2, il manque ce petit côté oldschool habituellement cher au studio. Il y a toujours ces Kévin qui viennent se plaindre de la difficulté trop élevée « WTF ! Pourquoi j’me fais défoncer par un loup ? », je vous épargne le style SMS. Avec Risen 2, il n’y a plus lieu qu’ils se plaignent. Une fois passée la première île, vous êtes rôdés, d’autant plus que le bestiaire est plutôt léger (démons des sables, crabes, phacochères…), leurs failles sont faciles à appréhender et c’est seulement par la force que les développeurs ont trouvé un moyen de mettre notre petit gabarit à mal (léviathan, crocodile…). Rien de palpitant, Dark Waters a troqué les esquives de Risen contre un simple système de clic assez proche de The Witcher. Une fois que vous maîtrisez le timing, plus rien ne vous résiste, hormis peut-être les combats contre plusieurs mobs qui s’avèrent plus complexes qu’un combat contre un Titan seul.
Il y a bien quelques nouveautés, la première, c’est la présence des coups pendables. Derrière ce terme se cache notamment les pistolets, mais vous pourrez aussi jeter du sable au visage comme un traitre pirate ou si vous êtes un petit rigolo, lancer une noix de coco pour assommer votre cible. D’autres peuvent faire appel à vos animaux : singe ou perroquet, ils viendront perturber vos adversaires. L’idée est bonne mais concrètement, très peu exploitée par le joueur, à l’exception du flingue, on se fout un peu du reste qui s’installe alors comme des gadgets amusants une ou deux fois mais pas pratique pour un sou. A la limite, ces tours pendables demandant un temps de recharge, peut-être que vous vous forcerez à varier les plaisirs…

Risen 2 Dark Waters - Screenshot 26
Pirates des Caraïbes inside

Bon, heureusement, ces nouveautés ne viennent pas au détriment des bases d’un gameplay solide hérité des précédentes productions du studio. Dark Waters perdure le système de compétences qui s’apprennent moyennant tout votre argent, seconde solution (et bonne cette fois-ci) pour injecter un peu de difficulté au jeu, vous devrez régulièrement faire un choix entre une compétence ou une autre, le budget étant la contrainte principale. Toutefois, les meilleures compétences ne sont pas beaucoup plus chères que celles qui servent de porte d’entrée à un domaine, au fil de la partie, vous maîtriserez à peu près tout. Surtout qu’il y a des astuces de fou pour avoir plein d’argent (et passer 3h à s’emmerder). Dommage que le studio n’ait pas poussé la logique plus loin, cela aurait peut-être permis de ne pas faire commencer notre personnage à zéro alors qu’il y a dix ans, il était capable de calmer un titan. Passons ce genre d’incohérences scénaristiques que l’on pourra excuser par l’abus de rhum du héros sans nom et précisons le système d’expérience. Si nous résumons, l’expérience s’appelle la gloire et les niveaux n’existent plus, en fait, vous obtenez la gloire en tuant, volant (mais plus en crochetant !) ou en réalisant les quêtes, ces points servent à augmenter vos caractéristiques de base (ruse, résistance, combat qui distingue armes à feu et armes blanches, vaudou…), ces caractéristiques qui augmentent vos statistiques générales automatiquement (capacité à crocheter une serrure, à intimider, à vous servir d’une lame etc.). Puis, comme je l’ai dit, vous payez pour avoir des compétences spéciales comme forger une épée ou donner un coup de pied durant un combat car effectivement, tant que l’on ne vous apprend pas à donner un coup de pied, vous ne pouvez pas le faire.

De petites erreurs en petites erreurs

Risen 2 Dark Waters - Screenshot 27
Le mini jeu de crochetage n'est pas très utile

C’est là l’illogisme du gameplay, vous êtes forcément nul, ou forcément très bon, il n’y a pas de juste milieu, une fois que vous savez esquiver, vous pouvez quasiment tout esquiver. Vous ne raterez aucun coup de pied, le mob aura seulement la capacité de s’en protéger. Le summum du ridicule vient avec les compétences touchant à la ruse : le crochetage est composé d’un mini-jeu similaire à tout ce que l’on trouve dans les autres RPG d’aujourd’hui à ceci près qu’il est impossible de se planter. Si bien que ce mini-jeu ne sert à rien, contrairement à un Skyrim, il ne permet pas de mettre en avant vos capacités de joueurs, ici, soit le personnage peut ouvrir le coffre, soit il ne peut pas, point. Le vol à tir, heureusement, ne nous fait pas l’affront d’un mini jeu inutile, pour le coup, tout se passe lors des dialogues. Ce syndrome se retrouve partout et même dans le domaine qui faisait plus ou moins espérer un gameplay enrichi, le vaudou. Problème, le vaudou est très limité, son seul point amusant est la possibilité de prendre le contrôle d’un être, cependant, cela est très souvent lié à une quête, la notion de choix (pour le joueur) en souffre forcément.

Risen 2 Dark Waters - Screenshot 28
Bon Samir ! Tu descends tout de suite !

Ces défauts mis bout à bout rendent le tout très linéaire avec une très forte tentation de toujours suivre la même démarche esquive/contre-attaque/tour pendable. D’autres y ajouteront la technique tour pendable/fuite et d’autres la technique Patty ou un autre membre de l’équipage que vous serez susceptible de rencontrer. Car oui, un jeu de pirate sans équipage, c’est comme une souris sans son clavier. Vous allez avoir votre beau bateau et un équipage dont vous pourrez solliciter les membres individuellement, ils vous apporteront une aide précieuse ou des bonus de caractéristiques lorsqu’ils vous accompagneront. A part ça, ils ne servent pas à grand-chose, ils ne sont pas dignes des compagnons que nous pouvons avoir dans un Dragon Age. C’est pire pour votre bateau qui ne vivra aucune bataille en mer. En fait, parler de Dark Waters, c’est en quelque sorte mentir sur la marchandise. Ce qu’il y a de pirate dans le jeu, c’est l’équipement et l’univers Pirates des Caraïbes avec ses perroquets, ses singes et son vaudou. Même le style est assez proche de la licence cinématographique.

Risen ou Gothic, faudra-t-il choisir ?

Risen 2 Dark Waters - Screenshot 29
Les environnements sont plutôt jolis après le dernier patch

Ce Dark Waters ne révolutionne pas vraiment, la licence Risen continue son bonhomme de chemin en tentant quelques nouveautés comme le vaudou, la gestion d’un équipage ou les tours pendables. Si cela vaut le détour, cela ne permet pas en revanche de rendre le jeu vraiment attractif. C’est le scénario et le gameplay dans sa globalité qui devraient jouer ce rôle mais sans succès. Risen 2 s’avère moyen et il y a des choses qui ne pardonnent pas comme le boss de fin que vous vaincrez avec une facilité déconcertante, comme les dialogues dont le doublage anglais n’est pas toujours au top, ce n’est pas forcément la faute aux doubleurs sinon aux dialogues eux-mêmes qui sont régulièrement plats avec quand même, de belles envolées, merci à Steelbeard. Vous ne vous ennuierez pas durant la trentaine d’heures de jeu que compte cette suite (pour tout faire) mais votre vie vidéoludique n’en sera pas non plus bouleversée. Vos rétines résisteront aussi à la qualité graphique du jeu ni bon ni mauvais, capable du meilleur comme du pire, le dernier patch à la date du test a réglé la végétation qui grossissait et rétrécissait selon la distance par rapport à notre personnage. Hormis cela, on se traine encore les bugs de clipping et les textures qui clignotent. Une application réalisée par la communauté atténue ces défauts, permettant à l’environnement du jeu de s’en tirer sans pâlir. Au regard de la qualité globale du jeu, des nouveautés bien spécifiques et compte tenu de la forte probabilité que le studio retrouve la licence Gothic. Risen va probablement s’arrêter là (Dark Waters se termine en bonne et due forme, sans cliffhanger) et Gothic reprendra éventuellement des mécanismes testés par Pirhana Bytes dans leur « labo » Dark Waters. L’avenir nous le dira ! Pour patienter, vous n’avez qu’à découvrir Risen 2.